Mardi 30 juillet, pour la première fois depuis son emprisonnement, la mère d’Idi Boina, Mme MkaribouIvessi a pu voir son fils, enfermé à la prison de Moroni depuis le 11 février 2019. La maman reste philosophe et s’en remet à Dieu « qui décide de tout ». MIB
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Idi Boina est un homme politique, ancien cadre du parti Convention pour le Renouveau des Comores (CRC) qui s’est éloigné du colonel Azali Assoumani quand son régime a commencé à prendre des airs d’autoritarisme exacerbé. Il est de la tendance du député Ali Mhadji, ancien Secrétaire général du parti azalistequi a décidé de faire une scission et de partir avec ses partisans. Ils ont fondé la CRC-M (M pour en « Mouvement »). Et depuis, malgré son immunité parlementaire, Ali Mhadji a été harcelé, une fois gazé en garde à vue, en compagnie d’un autre député du parti Juwa, Mohamed Msaidié ; une autre fois sa voiture est arrêtée sur la route et devant Idi Boina et d’autres, Ali Mhadji est amené en prison, mais a été libéré peu à après.
En fuite
Pendant le référendum sur la nouvelle constitution que veut instaurer Azali Assoumani, le 30 juillet 2018, l’opposition appelle au boycott. Dans un des bureaux de Moroni, des hommes débarquent et un gendarment de la fanfare (non armé) est en faction. Aucun de ses collègues n’intervient et un individu lui porte plusieurs coups sur la tête et lui sectionne la main.
C’est le prétexte pris pour arrêter tous les cadres de l’opposition, à commencer par le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed Barwane. Certains d’entre eux entrent dans la clandestinité. C’est le cas des députés Ali Mhadji, Tocha Djohar et Idi Boina, compagnon de lutte de Ali Mhadji se cache aussi. L’intervention de la communauté internationale permet aux deux députés de sortir de leur cachette sans être inquiétés.
Le procès de la main sectionnée
A la mi-décembre, le procès de la main sectionnée a eu lieu et de longues condamnations ont été prononcées contre une dizaine de cadres de l’opposition,dont Ahmed Barwane (7 ans de prison) et Tocha Djohar (20 ans) sans que l’on comprenne quel a été exactement leur rôle dans ce crime. Pendant le procès, ni le nom d’Ali Mhadji ni celui de son compère Idi Boina ne sont évoqués. Les deux pensent donc qu’ils ne peuvent pas être arrêtés pour une affaire déjà jugée. Grave erreur.Tocha Djohar lui a préféré fuir. Il est actuellement en France.
Pourtant, Idi Boina est arrêté et emprisonné le 11 février 2019 sans qu’on sache pourquoi. Un juge l’a reçu et lui a signifié que son arrestation est liée à l’affaire de la main coupée. Il n’y a pas de nouvelle enquête, l’affaire ayant déjà été jugée. De nombreux rapports de médecins indiquent qu’il est malade et que son état de santé n’est pas compatible avec une détention dans une prison où les conditions d’hygiène sont assimilables à de la torture. Mais, les juges n’en tiennent pas compte. Le chef de l’État, Azali Assoumani, interpellé sur la cause de l’arrestation d’Idi Boina et son maintien en prison a répondu qu’il n’était même pas au courant qu’il était encore détenu.
Un emprisonnement injustifié
Son avocat a introduit plusieurs recours pour faire libérer son client, en vain. Le 11 juin 2019, la détention provisoire d’Idi Boina arrivait à terme, après les quatre mois prévus par la loi. Il est toutefois possible au juge de prolonger cette détention provisoire. Mais,il ne le fait pas et ne justifie toujours pas le maintien de cette détention devenue illégale.L’avocat a demandé à ce qu’il soit relâché, mais a essuyé un refus catégorique. Il a introduit tous les recours possibles et attend de pouvoir saisir en dernier ressort la Cour Suprême.
Pendant ce temps, Idi Boina la santé d’Idi Boina se dégrade. La visite de sa mère, accompagné d’un membre de la famille a donc été un réconfort pour lui. A la sortie de la prison, madame MkaribouIvessi a déclaré à la presse : “Mon fils n’est pas en prison pour avoir volé, ni violé, ni enfreint la loi », « mon fils est détenu pour des raisons politiques ». La frêle vieille femme garde une certaine dignité déconcertante quand on sait l’injustice qui pèse sur son fils. Pour elle, son fils sortira de prison quand Dieu le décidera.
À présent, chacun se demande, pourquoi Idi Boina est encore en prison. Son avocat n’arrête pas de rappeler que les procédures et la loi ne sont pas appliquées s’agissant de son client. Récemment, il a rappelé dans une vidéo parue sur Facebook que son client peut mourir à tout moment dans cette prison et alors certains en porteront la responsabilité.
Ces derniers mois de nombreux opposants ont été arrêtés et emprisonnés aux Comores après des procès expéditifs ou même sans être jugés, à l’exemple de l’ancien président Abdallah Mohamed Sambi, détenu dans une chambre de sa maison, transformée par arrêté ministériel en annexe de la prison de Moroni. Le gouverneur d’Anjouan est lui gardé en résidence surveillée depuis plusieurs mois, sans jugement.
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