Le 31 mars 2019, plus de 2000 Comoriens, hommes et femmes, manifestent place d’Aix à Marseille avec des affichettes sur lesquelles on pouvait lire « Azali dégage », « Halte aux massacres » « Non à la dictature » ou encore « Soutenons le CNT ».C’est l’Acte 1, première manifestation de la diaspora contre Azali. Elle a lieu dans la première ville comorienne de France. Mahmoud Ibrahime
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Trois jours auparavant, le 28 mars, une poignée de jeunes de la diaspora avaient occupé l’Ambassade des Comores, rue Marbeau, à Paris, avant d’être délogés quelques heures après par la police française. Sans aucune violence.
L’origine de la colère : les fraudes du 24 mars 2019
Les deux événements n’étaient pas coordonnés, mais ils avaient été provoqués par les fraudes électorales du 24 mars qui ont permis à Azali Assoumani de déclarer sa victoire aux élections présidentielles, dès le premier tour. Et un sentiment d’injustice qui trainait dans la diaspora comorienne en France depuis plusieurs mois.
Les organisateurs de l’occupation de l’Ambassade à Paris ou de la grande manifestation à Marseille n’avaient pas pensé qu’il y aurait une suite. Pourtant, la semaine suivante, une manifestation a été organisée par le collectif Ufahari wa Komori à Paris, et d’autres associations firent de même dans d’autres villes françaises, à la Réunion et même à Dakar au Sénégal. Les manifestants sont prêts à continuer jusqu’à ce que le chef de l’état comorien reconnaisse qu’il n’a pas été élu comme le suggère Ali Mmadi, ancien journaliste qui est dans le mouvement à Marseille depuis l’Acte 1.
Contre les injustices
Partout, les Comoriens crient les mêmes revendications, de semaine en semaine, y compris pendant le mois de ramadan. Ils ne veulent pas de l’installation d’une dictature dans leur pays. « Je peux pas supporter les injustices et les violations des libertés fondamentales dans notre pays » clame celui qui se fait appeler HueyPerçy newton, un activiste facebooker.
Le week-end prochain, la diaspora va manifester à Marseille, Paris et Lyon et dans d’autres villes moyennes comme Nice, et à la Réunion pour la douzième fois.Acte 12. Certes l’enthousiasme des premiers jours a faibli, mais le mouvement s’est affermi, organisé avec le bureau du Conseil national de Transition (CNT) dirigé par son délégué aux affaires extérieures, Soilih Mohamed Soilih, ancien Ambassadeur des Comores aux États-Unis ; et plus récemment avec le Conseil comorien de l’Extérieur pour la Démocratie (CCED), dirigé par l’Ingénieur Zilé Soilihi, coordinateur général.
Le Gouvernement comorien est conscient que ce mouvement nuit à son image et cherche les moyens de l’arrêter. Une délégation avait été dépêchée de Moroni pour venir engager des discussions en vue de faire en sorte que les notables convainquent les gens d’interrompre le mouvement. Ils ont rapidement compris que c’était une mission impossible. Les proches du gouvernement ont ensuite tenté de décrédibiliser les dirigeants du mouvement, notamment avec l’affaire des cercueils symboliques soulevés pendant les manifestations. Enfin, la dernière entreprise du gouvernement pour tenter d’enrayer ce mouvement est la création d’une organisation appelée Diaspora positive, dirigée par Jack Lavane (lire interview page 7), un militant de longue date de la diaspora, qui d’ailleurs a toujours combattu les travers des divers gouvernements. Il semble avoir changé son fusil d’épaule. Il reprend toutes les revendications de la diaspora et demande à ses compatriotes de le rejoindre pour les défendre auprès du gouvernement Azali. Pour le moment, l’impact dans la diaspora reste mitigé.
Malgré toutes les tentatives du gouvernement, le mouvement de la diaspora maintient ses manifestations et attire des gens qui autrefois ne s’intéressaient pas à la politique, ou même à ce qui se passait aux Comores.
Mahmoud Ibrahime
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