Très remontée contre le régime «dictatorial» en place, la diaspora comorienne de France envisage de renoncer au traditionnel grand mariage qui rythme la vie des Comoriens à chaque été. Une perte économique colossale pour le pays, si les Comoriens de France décident d’aller jusqu’au bout.
Par Toufé Maecha
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C’était lors d’une manifestation place de la République à Paris dimanche 7 avril que l’idée a germé d’un intervenant. Ce notable propose aux Comoriens de France de mettre une pause aux festivités estivales pour montrer leur indignation quant au mode de gouvernance du régime d’Azali Assoumani. «Nous ne pouvons pas organiser des mariages pendant que tous nos proches sont en prison», tonne ce notable qui fait allusion aux prisonniers politiques dont le nombre croît comme des champignons à chaque soleil levant.
Une autre proposition qui semble saisir la diaspora pour cause de terreur, c’est de renoncer aux voyages au bercail. Une idée qui n’a pas besoin d’une grande campagne de sensibilisation car plusieurs membres de la diaspora viennent de renoncer de se rendre au pays pendant cet été. Tellement la peur de se faire arrêter est grande. Leur tort, être activistes opposant du régime via les réseaux sociaux.
Parmi ceux qui craignent d’être chopés par la police dès leur arrivée à Hahaya, ce jeune originaire du Nord de Ngazidja qui devrait se marier solennellement au mois de juillet prochain. «L’inquiétude est grandissante. À chaque jour qui se lève, c’est des nouvelles arrestations des voix discordantes », nous confie-t-il sous l’émotion. Mais il n’est pas le seul. Cet autre activiste du centre de la grande-Comores a dû annuler les billets d’avion alors qu’il avait prévu de se rendre aux Comores avec sa famille (sa femme et ses deux enfants) cet été. Hélas, lui aussi craint pour sa vie et préfère rester à Paris.
Mais jusqu’à quand ? «J’espère qu’Azali se ressaisira dans le temps. Sinon ça serait tellement dommage car même si le peuple a peur de manifester dans la rue, cette situation ne peut perdurer éternellement. Toujours est-il que chaque chose a une fin».
Chaque chose a une fin. C’est également le sentiment de Said Larifou qui a pris part à cette manifestation qui s’organise tous les week-ends dans toute la France. «Azali et sa cohorte bombent la torse parce qu’ils ont des armes mais qu’ils sachent que chaque chose a une fin», devait rappeler celui qui avait mouillé son maillot pour soutenir le programme d’Azali Assoumani des assises nationales au référendum constitutionnel avant de claquer la porte peu avant la présidentielle de mars.
Cette manifestation est marquée par les interventions très hostiles à l’encontre du pouvoir. Hostiles, c’est un euphémisme pour ne pas dire violentes. Le notable qui demande à suspendre les grands mariages aura dit qu’il faut dégager Azali «par tous les moyens». Il n’a pas écarté les moyens les plus violents et peu communs qu’il n’a pas hésité à annoncer publiquement. Mais il y a aussi cette dame chargée de lire une prose en comorien et en français «Gros poisson, les pêcheurs te ramasseront au filet».
A la peur de l’arbitraire s’oppose une violence verbale et des menaces plus ou moins voilées qui ne rassurent pas.
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