Le SHANDA, c’était un grand chapiteau fait des rouleaux de tissu beige appelé hami dont l’usage basique consistait à des kandu pour les hommes et des pagnes pour les femmes.
Longtemps considéré comme une marque de protection, le SHANDA faisait l’objet d’une grande émulation entre les quartiers du Mdji, Muji ou Dago au point d’avoir été considéré comme signe extérieur de distinction sociale. Pour le réaliser, il fallait réunir d’importants moyens financiers pour acheter les rouleaux de hami vendus, dans le temps, par les commerçants comoriens d’origine indienne ou pakistanaise. C’était toute une mobilisation pour collecter l’argent soit par mtsango ou shikowa, soit par la caisse du village ou du quartier.
Dans certaines régions, on ne cotise pas pour acheter les tissus d’un shanda . C’est au moment propice où une classe d’âge (HIRIMU) accède à un échelon supérieur qu’on renouvelle le SHANDA. Il est placé dans la cour où il y a une cérémonie coutumière pour permettre d’identifier la maison abritant la cérémonie. Dans d’autres situations à la place du village, s’il s’agit d’un twarabu
Il s’agit surtout dans des cas où le shanda est érigé en acte social, voire une étape d’ascension sociale d’un hirimu ya unamdji.
Dans d’autres régions, c’est un shama, un mdraya ou tout le village ( de petite taille) qui cotise pour se le payer.
Une fois les rouleaux de tissu ou djora zahami acquis et livrés, on mobilisait les meilleurs couturiers à mêmes de coudre le chapiteau sur mesure de la place à couvrir. En même temps, des ficelles appelées shibuni étaient ajustées aux abords pour l’attache avec les poteaux servant de piliers sécurisés, des bois raffinés et solides recherchés en pleine forêt.
Toute la communauté villageoise se réunissait pour la pose à une heure de bénédiction choisie par les walimu locaux. Les bras forts soulevaient le SHANDA pour le tendre vers les poteaux et avec les « zigele gele » ( you you) des femmes heureuses d’apprécier l’œuvre.
Le sage du village invite à s’y assoir par classes d’âge et la discipline est rigoureusement recommandée.
Toutes celles et tous ceux qui sont dans le SHANDA sont appelés à respecter la quiétude du lieu et l’ordre de la manifestation du jour.
Toute danse pratiquée doit être guidée par un chef d’orchestre muni d’un sifflet pour harmoniser les mouvements. S’il s’agit d’un rassemblement, un animateur distribue la parole à qui il veut. Si c’est une manifestation religieuse, le fundi se fait écouter par tout le monde.
Être admis dans un SHANDA exige des capacités de suivre un programme, une discipline et une tendance de faire ensemble, une éducation à se fondre dans une enveloppe sociale bien fermée.
Par Dini Nassur