La coopération française a financé à travers le projet FSPI (Fonds de solidarité pour les projets innovants) une formation au profit des enseignants du secondaire aux Comores.
Par Mounawar Ibrahim
Il y a environ deux à trois ans, l’ambassade de France auprès de l’Union des Comores a lancé un programme de formation pour les enseignants comoriens. Le renforcement du niveau de français de ceux-ci était au menu dans cette initiative pilotée par les alliances françaises des trois îles de l’archipel. Afin de pouvoir identifier les capacités des uns et des autres, un préalable pour un programme adapté, un test de niveau a d’abord été réalisé. La formation se déroulait dans les CIPR pour alléger le coût des déplacements et permettre aussi aux enseignants-élèves de rester dans leur milieu professionnel. Une idée qui n’a pas fait que des heureux. Une personne qui vit à Moroni par exemple, mais qui travaille à Badjini avait du mal à aller travailler et apprendre surtout que ce n’était pas le même emploi du temps. Il y avait des jours pour enseigner et d’autres pour apprendre. Ayant remarqué plus tard cette situation, la coordination du projet a organisé une session de rattrapage à Moroni, dans les locaux de l’alliance française. C’est une idée qui a été saluée par les participants qui ont particulièrement apprécié le fait qu’on a pensé à eux.
Le contenu de la formation
Les enseignants ont eu une formation basée sur les programmes du CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues). Soit le DELF (Diplôme d’études de langue française) et le DALF (Diplôme approfondi de langue française). Il y avait, pour cette phase, le DELF seulement. Soit A1, A2, B1, B2.
Plusieurs enseignants ont été satisfaits du programme. « Non seulement nous avons nettement amélioré notre niveau en français, mais nous avons aussi appris de nouvelles approches pédagogiques. Les activités ludiques prennent une grande place dans l’enseignement du FLE (français langue étrangère) et nous comptons transposer cela dans nos écoles. L’approche traditionnelle en vigueur aux Comores est un peu dépassée », a avancé un enseignant interrogé. Des élèves de l’IFERE qui ne sont pas encore enseignants, mais qui vont le devenir ont eux aussi participé à la formation. De même que des agents de l’administration publique, comme l’inspection générale de l’éducation nationale ou les CIPR.
À la fin de la formation, des primes d’assiduité ont été accordées aux participants qui ont assisté à 75% des cours ou plus. Ceux et celles qui ont coché cette case ont reçu la somme de 100 euros. Et même pour des personnes qui n’ont pas atteint ce chiffre, mais qui ont justifié leur indisponibilité raisonnable ont été primées.
Une autre session en préparation
Ayant constaté une grande demande de la part des intéressés, la direction du projet a décidé de lancer une dernière session. Celle-ci devrait normalement débuter à la prochaine rentrée afin de satisfaire toutes les parties. « Nous sommes présentement dans les vacances et les enseignants vont être appelés à l’organisation des examens nationaux, de la surveillance à la correction. Donc on ne peut pas les retenir en cette période », a avancé un responsable. Pour l’instant seuls les candidats du B2 ont eu leurs résultats qui ont été satisfaisants au regard du taux de réussite. Ceux des niveaux inférieurs, qui ont eu environ un mois de retard, attendent les leurs avec grande impatience.
Une cérémonie qui n’a pas convaincu tout le monde
Pour les lauréats du B2 seul examen dont les résultats sont à ce jour connus, une cérémonie de remise des diplômes a été organisée à l’alliance française. Un événement qui a été un peu décrié par des internautes qui n’ont pas particulièrement apprécié sa médiatisation. Ils auraient préféré de la sobriété dans un programme qui n’a pas vraiment, selon eux, honoré les enseignants. Parmi ces internautes, des élèves qui se targuaient d’avoir un meilleur niveau que ceux qui recevaient leurs diplômes ce jour-là. « Vous voyez pourquoi nous avons un niveau déplorable ? Ceux qui sont censés nous former ont des lacunes que même beaucoup d’entre nous n’en ont pas. Le B2, je l’ai eu à Campus France y a pas longtemps », a déclaré un élève dans les réseaux sociaux avec énormément de fautes. Mais il s’est trompé sur une chose. À Campus France, il n’a pas eu un diplôme, mais un test rapide de niveau appelé Evalang qui n’est pas fiable à 100%. Contrairement aux enseignants qui ont obtenu des diplômes à part entière octroyés par France Éducation internationale.