Le test PCR reste un outil privilégié pour limiter l’entrée sur un territoire de voyageurs porteurs du virus de la covid-19. Depuis la fin du mois de juillet, les Jeviens sur le point de repartir des Comores, désireux de se faire tester, se ruent dans les locaux du programme national de lutte contre le paludisme. Par Hachim Mohamed
Pour faire face à cette hausse des besoins, le gouvernement ne se donne pas vraiment les moyens pour y faire face. Il n’estime pas nécessaire d’ouvrir un deuxième centre à Moroni, malgré le temps d’attente.
Depuis la crise sanitaire de la covid-19, les fins des mois de juillet et d’août, ainsi que le début du mois de septembre c’est la ruée vers les tests PCR, exigés par certains pays comme la France pour prendre l’avion. Les énormes flux d’entrée et de sortie de Jeviens et autres voyageurs désireux de se faire tester génèrent parfois de longues files d’attente, comme Masiwa a pu le constater ce jeudi 12 août au matin dans les locaux du programme national de lutte contre le paludisme de Ngazidja.
Le nombre de candidats au départ qui était de 300 personnes par jour dans la première vague de la pandémie, a doublé, voire triplé en cette période où il y a une forte circulation de variants du virus dans des pays classés rouges.
Le temps d’attente a beaucoup augmenté.
Dans la cour du Programme national de Lutte contre le Paludisme, la voix d’une dame au mégaphone sort d’un local où les professionnels de santé s’affairent pour les échantillonnages, les prélèvements et le conditionnement des échantillons.
Devant les « candidats au PCR », tour à tour elle crie les noms de ceux qui attendent impatiemment. Pour ces compatriotes qui arrivent sur les lieux les uns en famille, les autres individuellement, le climat ambiant est marqué par les enfants des Jeviens qui se distinguent par leur accent.
« Je suis là depuis 10 heures. Je suis fatigué d’attendre et je n’ai pas envie de parler. Il faut essayer de demander aux autres personnes qui sont aussi sur place », fait savoir Hassani Abdou, interrogé par Masiwa. Un autre Jeviens, qui a été abordé sur le même sujet, avait promis de bien vouloir répondre aux questions après son test, mais à la grande surprise comme le premier nommé il s’est engouffré dans sa voiture, une fois le test PCR effectué et a quitté les lieux après de longues heures d’attente.
Avec la reprise des déplacements vers la France, le laboratoire de l’INRAPE, qui est le seul habilité à valider les tests PCR, a-t-il les capacités suffisantes pour faire face à cet afflux de voyageurs, plus précisément à l’augmentation de la demande de tests PCR ? À observer les va-et-vient et le temps d’attente devant le bâtiment du Programme national de Lutte contre le Paludisme, l’INRAPE remplit difficilement sa mission.
Un sésame cher pour voyager.
La plupart des pays du monde exigent de montrer le résultat d’un test PCR coronavirus négatif pour entrer sur leur territoire. Les Jeviens retournant en France doivent présenter un résultat négatif de test PCR effectué 72 heures avant leur départ pour les Comores. Par conséquent les voyageurs non vaccinés qui partent des Comores doivent présenter un résultat négatif de test PCR avant de prendre leur avion. Ce test virologique et nasopharyngé permet de déterminer si vous êtes porteur ou non du coronavirus, même si vous êtes asymptomatique.
Cependant, la facture pour ces tests peut s’avérer salée, notamment lorsque l’on voyage en famille, comme s’en sont rendu compte les pères et mères Jeviens, qui retourneront dans la semaine dans leur pays de résidence avec leurs enfants. Aucune remise n’est faite pour les enfants.
« Imaginez une personne qui doit voyager avec sa famille et qui doit payer plusieurs tests. Au pays, 60€ par personne plus les taxes. Donc si vous êtes cinq, il faut déjà comptabiliser autour de 300€. C’est une somme colossale par rapport aux différents investissements qu’on fait pour pouvoir voyager, passer les vacances », explique une mère sous couvert de l’anonymat.
Besoin de capacités de prélèvement et d’analyse
Heureusement, selon la classification internationale, les Comores sont classées parmi les pays « Verts », les pays où aucune circulation active du virus n’est observée et aucun variant préoccupant n’est recensé. Il y a donc très peu de candidats au voyage qui sont positifs et qui sont obligés de recommencer la semaine suivante, comme ce fut le cas il y a quelques mois.
Dans un contexte de montée de la pandémie au niveau mondial nul ne connaît les besoins futurs du pays en tests PCR. Mais, pour le moment, pour faciliter le départ des membres de la diaspora vers leurs lieux de vie, les autorités se doivent donc d’envisager le développement des capacités de prélèvement et d’analyse mises en place et surtout s’engager à fournir aux voyageurs leurs résultats dans un délai très court.
À en croire le porte-parole du gouvernement, le ministre de l’Économie Houmed Msaidié, le pays va se doter sous peu d’autres moyens logistiques pour faire face au flux des demandes de tests PCR, mais il n’est pas question d’ouvrir un deuxième centre de dépistage à Moroni. Pour lui, c’est inutile puisque c’est un afflux momentané dû à l’arrivée des Jeviens.
Extraits du compte rendu du Conseil des ministres du 11 août 2021
Pour Houmed Msaidié, le Gouvernement n’envisage pas de moyens supplémentaires pour désengorger le seul laboratoire qui effectue les tests PCR, par contre il envisage la vaccination de toute la population d’ici novembre 2021.
« La dernière question concerne la covid-19. Comme vous le savez, des vaccins supplémentaires sont arrivés des Émirats arabes unis qui nous permettent de vacciner rapidement vers octobre ou novembre peut-être tous les Comoriens… Cela pour dire que nous devons tous être patients envers les mesures prises puisque quand tout le monde sera vacciné comme l’a dit le président avant-hier pendant le muharam alors nous pourrons revenir à la vie habituelle que nous avions avant. Alors non seulement nous devons tous aller nous vacciner, mais le gouvernement a déjà décidé de terminer toutes les doses qui restent pour que d’ici novembre tous les Comoriens soient vaccinés (…) »
À une question de la journaliste, Faiza Soulé Youssouf, le Porte-parole du gouvernement ajoute :
« … il y a un flux tendu c’est tout simplement parce que beaucoup de nos compatriotes qui résident en France sont sur place, ce qui fait que le centre est dépassé peut-être d’une certaine façon. Mais, le problème d’avoir plusieurs centres ne se pose pas. Il pourrait éventuellement se poser ce mois-ci à cause de la présence massive de nos compatriotes qui viennent de France. C’est ça la raison, c’est tout. Mais, on a déjà disposé des PCR à Anjouan et à Mohéli (…) Créer un deuxième centre pour le plaisir de le créer, non. On le crée par nécessité, la nécessité veut que ce centre suffise sauf en cette période spéciale. »