Ça y est ! c’est fait. Le chef de l’État Azali Assoumani a les coudées franches, pour mener à bien ses réformes comme bon lui semble. Le double scrutin du 23 février (législatives et municipales) vient de donner corps à la nouvelle architecture institutionnelle. [ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
Débutée en juillet 2018 par un référendum constitutionnel approuvé à 92,74%, suivi d’une présidentielle où le sortant a été réélu à 60,77%, malgré les contestations. Aucune ombre ne plane dans le ciel de Beit-Salam où le président savoure sa victoire tranquillement face à la mer. Ses opposants peuvent continuer à le maudire, qu’à cela ne tienne. Il était plus déterminé à conserver le pouvoir qu’eux à le conquérir. Tel un joueur d’échecs, il a su placer les pions là où il fallait tout en maniant la position du fou dans l’échiquier, afin de préserver la sécurité du Roi. Jamais de mémoire, une constitution n’a donné autant de pouvoir. Face à lui, l’opposition semble en décalage et désarçonné. Incapable de mobiliser, elle se réfugie derrière des charlatans messianiques, qui pensent que la conquête du pouvoir, consiste en une autoflagellation sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps-là, le locataire du palais du bord de mer met à jour son plan pour garder le pouvoir ad vitam aeternam.
Aucune faille n’est mise de côté. Pour ceux qui sont habitués à la transhumance politique l’article 69 est là, pour les dissuader de toute tentative impétueuse. Autre nouveauté, 1/3 des membres de l’assemblée suffisent pour demander, une révision constitutionnelle. En gros 9 bonshommes, 8 députés et le chef de l’État ont en main le destin de tout un pays. Pendant que la révision propre demande un référendum ou une approbation du 3/4 des membres de l’assemblée. A toute chose malheur est bon. La dernière option sera probablement privilégiée, afin d’épargner à l’État toute dépense inutile. Dans un pays de surcroît, où jamais un référendum n’a été rejeté.
Ce n’est pas une équation mathématique où, 1 et 1 font forcément 2. Mais, il est plus que probable, que dans les prochaines quatre années, un changement constitutionnel soit envisageable pour, permettre à l’équipe en place de se maintenir au pouvoir. C’est le format qui nous échappe, tellement les scénarios sont nombreux :
– Une dévolution monarchique à la Obiang Nguema, ou le chef de l’État transmet le pouvoir à un membre de la famille. Un fils ou un neveu.
– Un jeu de chaises musicales à la Poutine où, il choisit son collaborateur le moins ambitieux, pour occuper la présidence pendant que lui, verrouille le système. Ce scénario est improbable. Ceux qui l’ont tenté dans l’histoire récente de l’Afrique l’ont appris à leurs dépens. La Mauritanie et l’Angola sont là pour le rappeler à tous ceux qui seraient tentés.
– Une verticalisation du pouvoir à la Kagame, où tout se concentre dans les mains du chef de l’État.
Ni l’une, ni l’autre de ces options n’est salutaire pour notre pays. Une très grande concentration de pouvoir dans les mains d’une personne finit toujours en catastrophe. Le dogmatisme étant la matrice de tout extrémisme, en politique il engendre le totalitarisme. L’expérience démocratique de feu président Djohar n’a pas apporté les résultats escomptés. Au contraire, elle a produit toute une génération de politiciens, qui a conduit ce pays à la banqueroute. Ce n’est pas une raison tout de même pour installer, un régime ou suspicion et médisance sont la règle. Le pays a besoin d’un régime fort, accompagné d’une justice sociale gage de stabilité et de développement.
Le déficit démocratique n’est pas inhérent aux Comores. Tous ceux qui ont suscité de l’espoir en Afrique (francophone) ont déçu. Patrice Talon a énormément déçu ceux qui voyaient en lui l’homme du renouveau démocratique. Trente ans après la conférence nationale qui a conduit à la chute de Mathieu Kerekou. Macky Sall, qui a bénéficié du rejet de Abdoulaye Wade, en 2012 n’a jamais su transformer l’essai. Il a sacrifié la démocratie sénégalaise, pourtant un modèle, à son Plan Sénégal Émergent. Zut, une histoire d’émergence. Toute proportion gardée, on dirait que c’est l’air du temps en Afrique. L’air où, les bouffons amuseurs supplantent l’intelligence collective, et deviennent les maîtres.
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