Les chiffres sont alarmants pour un pays qui veut émerger. Ils ne proviennent pas de n’importe quelle structure. C’est la banque centrale des Comores qui les annonce par la voix de son gouverneur, Younoussa Ben Imani, qui a dévoilé l’actualité économique et monétaire des îles Comores lors d’une conférence de presse en début de semaine. Par Ali Mbaé
Selon lui, les activités économiques ont connu une véritable chute. Le taux de croissance passe de 3,8 en 2018 à environ 2,1% en 2019. Les Comores perdent 1,7 points de taux de croissance du PIB. Une baisse qui s’expliquerait par le passage du cyclone Kenneth au mois d’avril dernier. Malgré ce chiffre alarmant, le gouverneur de la Banque centrale souligne quelques « évolutions » positives notamment la hausse généralisée et persistante du niveau général des prix due au grossissement anormal et excessif des moyens de paiement. Le taux d’inflation est passé à 3,6 en 2019 contre 1,7 en 2018. Du côté des finances publiques, la contraction des recettes intérieurs est de 16,7% et le repli des dépenses intérieurs de 2%.
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La consolidation du secteur bancaire
Sur le secteur bancaire, la BCC observe qu’une consolidation de l’activité d’une année en une autre. Elle affiche un bilan total de 143 milliards de fcs en 2019 contre 134 milliards fc en 2018. Soit une hausse de 7%. Pour ce qui est des encours de crédit, il souligne qu’en termes de rentabilité, le secteur affiche un milliard Kmf de résultat contre 200 millions un an auparavant. Résultat qui est le fruit de l’augmentaion de l’encours de crédit de 5 milliards par rapport à 2018 tandis que l’encours des dépôts a vu une augmentation de 6,7%. Un effort dont le chef de la banque ne tardera pas à s’en approprier les mérites : « Aujourd’hui, le secteur bancaire reprend du souffle après des années de doutes ». Interrogé par les journalistes, Ben Imani en a profité pour démonter également le rôle que peut jouer la Banque centrale des Comores sur la question des repreneurs. La délégation du groupe Sipromad &Thomson à la tête de laquelle se trouvait le PDG Ylias Abkaraly et qui voudrait acheter les parts de la BNP dans le capital de la BIC en était le parfait exemple. « Les repreneurs des banques se présentent avec des plans d’affaires. De notre côté, nous regardons d’abord s’ils sont crédibles. Nous nous basons aussi sur les critères d’établissement pour donner l’agrément. S’il répond aux critères demandées et qu’il a en même temps négocié avec BNP Paribas, il aura son engagement. Et si un repreneur d’une banque ne tient pas à ces engagements, nous mettons la pression pour qu’il les respecte », a-t-il indiqué.
Les objectifs fixés ?
La BCC s’est fixé certaines priorités. Elle a identifié certains éléments qui pourraient épauler le secteur : la relance des crédits à l’économie, en rassurant les établissement de crédit et en facilitant l’accès du secteur privé au système bancaire, l’adoption d’une réglementation de la finance islamique aux Comores, la modernisation du système national du paiement, la réflexion sur la mise en place de mécanismes de garantie pour faciliter l’accès au crédit, l’amélioration du climat des affaires et la réflexion sur la mise en place de mesure de bonification des taux sur des secteurs prioritaires (agriculture, tourisme, pêche, jeunes promoteurs, …)
« 65 % des avoirs extérieurs sont envoyés au trésor français »
Le gouverneur de la banque centrale n’a pas manqué aussi d’évoquer le débat sur le franc CFA qui agite les milieux intellectuels africains. Il a rappelé les quatre principes de la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone CFA. Sur ces quatre principes figure le dépôt d’au moins 65% des avoirs extérieurs au trésor français.
Les autres mesures annoncées concernent l’achat d’une machine pour la modernisation de la caisse, le fonctionnement du musée monétaire et la mise en place du centre de formation, avec l’accompagnement de l’agence française de développement (AFD).
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