L’agriculture est un secteur essentiel aux Comores. Les gouvernants cherchent à rassembler le plus de personnes possible pour investir et impulser la production agricole afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Il s’agit également, par l’agriculture de lutter contre la pauvreté en permettant aux agriculteurs d’avoir des revenus décents. Par Mohamed Nomane Mkavavo
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Le directeur du ministère de la production à Moheli, Chamsidine Abdallah, explique qu’il travaille en collaboration avec les agriculteurs qui sont ses principaux partenaires. Son rôle est d’encadrer les agriculteurs en leur fournissant des conseils agricoles et une assistance technique et financière.
« Pour atteindre l’émergence en 2030, on doit accompagner nos agriculteurs parce que la base de l’émergence dans les autres pays c’est l’alimentation. Le premier indicateur qu’on regarde dans un pays émergent, c’est la maitrise de l’alimentation. Si la sécurité alimentaire est menacée, on ne peut pas parler d’émergence. Or on importe beaucoup les produits alimentaires des pays voisins à savoir les oignons, le riz, le poulet… » explique le Directeur de la Production. Tout cela revient cher auprès des consommateurs, plus cher que si les produits étaient cultivés sur place.
La production d’oignons pour impulser l’économie locale
C’est pourquoi la direction de la production agricole « met l’accent sur les produits vivriers et les produits maraichers ». En 2019, la direction s’était fixé l’objectif de s’autosuffire en oignon. Le directeur Chamsidine Abdallah s’était engagé à acheter des semences d’oignon. Pour y arriver, les agriculteurs doivent être sensibilisés sur l’importance de cultiver eux-mêmes les produits vivriers et maraichers à Moheli. Ils pourront ainsi éviter le risque de transports des produits des pays voisins, la durée du voyage pouvant entrainer la destruction des produits, une perte de temps et de marchandises sans oublier le prix de vente élevé des produits sur le marché mohélien.
« Mêmes si les agriculteurs acceptent de produire, l’accès à la semence est tout un problème ». C’est pour cela que le directeur Chamsidine Abdallah s’est engagé à acheter des semences, 40 kg de semences d’oignons rouges de Tana commandé pour enfin les distribuer gratuitement à tous les agriculteurs mohéliens. « Cette initiative a été faite dans l’objectif de s’attendre à une production de 40 à 50 tonnes d’oignons à Moheli pour l’année 2019. Une fois la plantation faite, les agriculteurs ont rencontré des problèmes d’insuffisance d’eau dans les sites parce qu’il y avait une surproduction et vu que l’oignon est une plante très sensible les récoltes ont chuté. Ils n’ont pu avoir que 20 tonnes ».
L’échec a été une leçon pour les agriculteurs vu que c’était une première tentative. Ils ont pu apprendre les meilleures conditions de travail pour une réussite la prochaine fois.
« On s’est vraiment préparé en 2020 pour remédier à ces problèmes. Actuellement dans tous les sites de Moheli, on est en train de construire des bassins de 40 m2, pour que ces bassins nous permettent d’avoir de l’eau pour irriguer les plantations pour que le développement de nos cultures soit bon et les rendements meilleurs pour atteindre les 100 tonnes d’oignons en cette nouvelle année ». C’est un chiffre raisonnable et qui peut être atteint, car les agriculteurs se sont bien préparés en étudiant les échecs du passé et en revenant avec des solutions adéquates.
« Avec ce tonnage de 100 à Moheli, le kilogramme d’oignon sera vendu à 500 frc et c’est beaucoup de millions qui entreront à Moheli ». La vente peut ainsi booster l’économie de l’ile de Mohéli.
Les semences d’oignons sont aussi distribuées à Anjouan grâce à l’entremise d’une ONG (ARAF), ainsi qu’à Ngazidja. En effet, Chamsidine Abdallah aide les autres îles en leur fournissant des semences et des conseils, parce qu’il faut savoir que c’est un ingénieur agronome, donc il connait bien le domaine.
Depuis 2007 il travaille à la production, et ce n’est qu’en 2015 qu’il a été nommé directeur à la production. « Notre combat est de lutter contre la pauvreté et la faim aux Comores. On atteint un niveau aujourd’hui où l’achat du riz est moins cher que l’achat des bananes. Ceci est dû à l’insuffisance de la production des bananes pour une population de 50 000 habitants ici à Mohéli ».
La situation est la même dans les autres îles, car les agriculteurs mohéliens produisent et vendent aussi leurs produits à Anjouan et à Ngazidja. Ils doivent augmenter la production pour espérer une autosuffisance alimentaire sur l’ensemble du pays.
L’irrigation pour faire face à la sécheresse
« Les agriculteurs font face à de nombreux problèmes comme les changements climatiques qui sont des phénomènes mondiaux, mais aux Comores on les ressent beaucoup ces dernières années parce que les saisons sèches sont plus longues que les saisons pluvieuses. Alors que notre agriculture est pluviale depuis des années. On doit chercher comment trouver des solutions pendant les saisons sèches » explique le directeur.
Ce changement de saisons qui durent 9 mois pour les saisons sèches au lieu de 6 mois porte préjudice à la plantation en détruisant toutes les récoltes.
« La solution à ce problème c’est l’utilisation des techniques nouvelles, comme l’irrigation. Aux Comores on n’irrigue pas, mais maintenant c’est impératif d’avoir ce système parce que sans ce système d’irrigation il n’y aura pas de rendement, les recettes des agriculteurs vont chuter et la sécurité alimentaire sera menacée ».
Tout cela conduit à travailler et savoir comment appliquer ce système d’irrigation pour qu’au final les récoltes puissent survivre et être suffisantes pour les habitants tantôt pendant les saisons de pluies comme pendant les saisons sèches.
Ce problème de changements climatiques a aussi touché considérablement les plantations ici à Mohéli depuis le passage du cyclone Kenneth en 2019. « Un changement climatique, accompagné de fortes pluies et de vents violents qui ont fait des dégâts agricoles épouvantables. Après le cyclone, une crise importante des produits vivriers se ressent jusqu’à présent ». Les Moheliens souffrent, même les bananes vertes sont devenues difficiles à avoir.
La crise de la production après Kenneth
Pour renforcer les plantations des bananes, un projet est mis en place à la direction de production. Un projet qui permettra aux bananiers d’être plus sains et résistants pendant les changements climatiques. Vu que la bananière en général est affectée par des maladies. Le projet est de traiter le rhizome. Après les traitements, ils donnent des nouveaux rejets sans aucune maladie après les distribués aux agriculteurs mohéliens. Des rejets qui sont plus résistants que ceux d’aujourd’hui.
Concernant les produits maraichers comme les tomates dès l’arrivée du changement climatique, on plante les produits et après trois mois il n’y a plus rien. Aucune tomate au niveau de Mohéli, et les tomates viennent d’Anjouan. Alors qu’à Anjouan les consommateurs se plaignent de l’utilisation d’une forte dose d’engrais chimique qui n’est pas du tout contrôlée. Pour éviter les problèmes sanitaires, on se concentre ici à Mohéli à une production bio ou à l’utilisation d’une dose assez négligeable d’engrais chimique déclare le directeur Chamsidine Abdallah. « On met en place des serres à la direction pour les produits maraichers, pour qu’on trouve les tomates durant toute l’année et cela permettra à nos agriculteurs de produire bio tout en apportant des soins et des encadrements aux agriculteurs.
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