En voulant interdire la célébration de Noël aux Comores, le Directeur général des Affaires islamiques s’est mis le gouvernement à dos et celui-ci a décidé de le suspendre de ses fonctions pour « faute professionnelle ». Cette décision qui intervient 24 heures après la publication de l’interdiction est, pour certains observateurs, un « rétropédalage » face au tollé provoqué par cette mesure incongrue. Dans sa conférence de presse du 25 décembre, le ministre de l’Intérieur affirma que le rôle du gouvernement n’était pas d’empêcher les gens de pratiquer leur religion. Une déclaration aux antipodes des pratiques que le gouvernement nous a habitué ces deux dernières années. Les déclarations et mesures à l’emporte-pièce sur des sujets relatifs à la religion, les menaces à peine voilées et autres mesures de coercition dirigées contre des Comoriens ayant embrassé d’autres branches de l’islam (chiite, Ahamaddiya..) sont là pour en témoigner.
Il ne serait donc pas exagéré de souligner que le texte publié ce 24 décembre par le directeur des affaires islamiques est conforme à la ligne directrice du gouvernement. Un gouvernement qui donne l’impression de vouloir prendre entièrement le contrôle de la pratique religieuse dans l’archipel et en même temps mettre au pas toutes les autres croyances à commencer par le Chiisme. Il suffit d’écouter les déclarations officielles du Chef de l’État et ses premiers collaborateurs pour se convaincre de l’animosité ouvertement affichée contre le chiisme. « Al Imam Azali dit très souvent que le chiisme ce n’est pas une religion, c’est une idéologie politique », disait récemment un conseiller du président dans un entretien avec des journalistes à Anjouan. On est en droit de se s’interroger sur les raisons réelles de ce courroux gouvernemental à l’encontre du Directeur général qui semble être une victime expiatoire des errements du gouvernement au sujet de la violation de la liberté de religion dans l’archipel. Les Comores sont classées parmi les pays « sous surveillance » sur la liste noire des États-Unis au sujet de la liberté religieuse. C’est dire…
Faïssoili Abdou