A Paris, le gouvernement comorien a engrangé plein de promesses pour le financement de son plan Comores Emergent. Avec 4,3 milliards de dollars d’engagements à l’issue de la conférence des partenaires au développement des Comores qui s’est achevée le 3 décembre dernier dans la capitale française, les autorités comoriennes peuvent espérer une facilité d’accès aux financements pour mener à bout ce programme de développement de l’archipel. Une note positive qui ne doit toutefois pas faire oublier qu’« entre les promesses et la réalité, il y a un fossé » comme le souligne certains observateurs. Par Faïssoili Abdou
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Une bonne moisson. C’est un gouvernement comorien aux anges qui a quitté la conférence des partenaires au développement des Comores qui s’est tenu les 2 et 3 décembre derniers au siège de la Banque mondiale à Paris. « Le Plan Comores Émergent (Pce 2030) sera bientôt une réalité au profit du peuple comorien. Plus de 4 milliards de dollars d’engagements. L’Union des Comores est en marche vers une émergence totale », a lancé, très enthousiaste, le Président Azali sur Twitter dès la clôture de la conférence. « Objectif atteint, en terme d’annonces de financement des projets présentés. Un engouement du secteur privé pour les Comores et un engagement renouvelé et accru de la coopération bi et multilatérale. En somme les Comores viennent de s’inscrire dans la dynamique de l’émergence. », renchérira plus tard, Houmed Msaidie, le ministre de l’économie sur le même réseau social.
Totale satisfaction du gouvernement
A en croire les chiffres communiqués à l’issue de cette rencontre économique entre la délégation comorienne conduite par le président Azali Assoumani, lui-même, et les partenaires bilatéraux et multilatéraux ainsi que des représentants du secteur privé international, la conférence aura permis au gouvernement de mettre 4,3 milliards de dollars dans son escarcelle. 1,6 milliard de dollars des partenaires bilatéraux et 2,7 milliards du secteur privé. Des fonds destinés au financement du Plan Comores Emergent pour une période de 10 ans. Interrogé par TV5, Soeuf Mohamed Elamine, le ministre des affaires étrangères a donné quelques détails par rapport au chiffre exact des engagements des partenaires. « Ce sont des annonces, il y a des contributions qui sont là, il y a des projets qui sont en cours. Parce que ça c’est un projet qui nous mène de 2019 à 2030. Et donc, c’est 4,3 milliards de dollars et puis il y a des engagements qui ont été pris, des projets, mais qui n’ont pas été chiffrés nous tablons sur 5,5 milliards de dollars », a-t-il expliqué.
Dans son discours de clôture de la conférence, le président Azali s’est ainsi félicité de ce « grand succès », soulignant que « tous les projets soumis pour porter le plan Comores émergent 2030 ont reçu, un accueil favorable et des engagements concrets », de la part des participants. Selon lui, « le succès de cette étape essentielle pour le développement de l’Union des Comores » traduit le « soutien de la communauté internationale au peuple comorien dans sa quête du mieux être ».
Pour faciliter le développement
Le locataire de Beit-salam s’est étalé ensuite sur la manière dont le gouvernement comorien compte utiliser les fonds mobilisés. « Les ressources dont nous disposons déjà continueront à être utilisées efficacement pour garantir la mise en œuvre harmonieuse des projets qui viennent de vous être présentés. Les ressources complémentaires que nous avons mobilisées à l’occasion de cette conférence et ses suites viennent en complément pour assurer l’atteinte des objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés », a-t-il avancé assurant que « tous les efforts requis sont déployés pour le développement de notre pays ». Selon le communiqué publié à l’issue de la conférence « les investissements prioritaires cherchent à faciliter le développement durable de secteurs générateurs d’emplois et de revenus pour un grand nombre de Comoriennes et de Comoriens – tels que le tourisme, l’économie bleue, l’agriculture et l’agro-industrie, et les services financiers ».
Promesse de bonne gouvernance
Le président Azali Assoumani a donné des gages de « bonne conduite » aux représentants de la communauté internationale en prenant l’engagement que le gouvernement s’attachera à « impulser et à susciter une grande métamorphose dans notre manière de faire, dans notre manière d’agir afin que nos actions puissent être efficaces, plus efficientes, plus transparentes ». Il s’est notamment engagé à introduire une nouvelle manière de gouverner le pays. Azali a promis une société dans laquelle « l’Etat de droit, la paix, la sécurité et la stabilité seront solidement ancrés et où la bonne gouvernance sera le ciment de tous nos efforts ». Il a également garanti qu’il privilégiera « une collaboration étroite entre le secteur public et le secteur privé ainsi que la participation accrue des citoyens dans les actions de développement ».
Cette première étape de la mobilisation des fonds franchie avec l’accompagnement de la Banque mondiale, le Pnud et la France, il restera maintenant au gouvernement comorien de s’atteler à la tâche afin de permettre au pays de concrétiser les engagements pris à Paris. Et de l’avis général, c’est plus précisément la partie la plus délicate de ce processus. « Entre les promesses et la réalité, il y a un fossé. Qui va réellement mener la danse pour la suite ? Nous avons déjà des mauvais précédents et rien n’indique que cela va se passer autrement. L’incompétence est toujours là », lance un observateur faisant allusion aux deux conférences des bailleurs de 2005 à Maurice et Doha en 2010 qui se sont soldées par un échec. « Ce genre de rendez vous est en fait un festival de promesses, il revient à l’Etat bénéficiaire de suivre la concrétisation », poursuit-il. Un aspect dont les autorités semblent prendre en compte dans leur plan si l’on se réfère au discours du chef de l’Etat lorsqu’il a évoqué « un changement en profondeur au sein de nos institutions qui feront précisément l’objet des réformes vigoureuses sur le plan organisationnel, procédural et opérationnel pour plus d’efficacité de la société comorienne en vue de favoriser les transformations indispensables à l’Emergence des Comores ». Notre observateur réplique : « en fait, dans les autres pays, la tâche du suivi d’après conférence est confié à des bureaux spécialisés. Pas aux fonctionnaires qui ne sont pas payés ou incompétents, sinon, les deux ». Un premier signe est sans doute le fait que le Directeur Général de l’Agence national de Promotion des Investissements, Abdou Katibou n’a pas été du voyage à Paris alors que les ministères ont amené des collaborateurs sans importance et même parfois juste des amis.
Quoi qu’il en soit, le président Azali Assoumani, rêve dès à présent « des Comores complètement métamorphosées qui émergeront au sein du concert des nations » dans les 10 années à venir. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement.
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