Sans l’opposition qui a choisi de s’abstenir, les élections législatives et municipales de janvier prochain vont se dérouler dans l’entre soi de la mouvance présidentielle. Trente ans après le règne du parti unique, ce scénario réédite le fameux « Nara voti owana ! ».
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Confidences d’un fidèle militant de la CRC, le parti au pouvoir : « Nous avons échoué. C’est nous les fidèles de la CRC qui avons porté Azali au pouvoir en 2016.» Excédé par le faible bilan des deux années et demie de règne d’Azali « alors qu’il voudrait bien faire des choses », ce militant accuse les « infiltrés de la dernière heure » d’être responsables des contre-performances du régime. « Nous les fidèles du parti avons été progressivement écartés du cercle des décisions. C’est par fidélité que je soutiens encore le CRC, mais je pense vraiment que nous avons échoué ! » Un aveu de fin de règne donc. Le coup fatal ne viendrait plus de l’opposition au régime qui ne lâche rien pour rendre la vie dure à un pouvoir qu’elle ne reconnaît pas, mais de l’intérieur même du camp présidentiel. « Ceux qui sont entrés par la petite porte ne pensent qu’à se servir dans la caisse et se constituer un pactole de secours en prévision du naufrage. » Dans cette atmosphère de débandade, seul le moteur de la communication lancé en plein régime tente de sauver les apparences en multipliant les annonces et les promesses pour faire croire à la réalité d’un lointain horizon.
Ce malaise qui s’est installé depuis la formation du gouvernement issu de la présidentielle de mars 2019, s’est amplifié avec l’arrivée autour du président de nouvelles figures censées incarner une décrispation destinée à corriger l’image d’un régime jugé trop coercitif. Les partisans de ce discours d’apaisement se heurtent néanmoins au clan des anciens décidés à ne pas se laisser ravir un pouvoir dont ils revendiquent la légitimité. La perspective des prochaines élections législatives et municipales risque donc d’aviver ces batailles fratricides au sein de la Mouvance présidentielle. L’unité affichée durant la campagne présidentielle de 2019 se fissure, laissant place au réveil des égos. En dépit de l’absence de l’opposition aux prochaines compétitions électorales, le régime n’a pas été en mesure d’aligner des candidats communs à la Mouvance présidentielle. C’est en rangs dispersés que chaque parti présente ses propres candidats. « Le problème, c’est que ces candidats doivent préalablement recevoir la bénédiction d’Azali », susurre un proche pour qui analyse dans cette multiplication des candidats estampillés « indépendants », un stratagème de la CRC pour trancher les cas litigieux tout en s’assurant le contrôle des troupes et pour maquiller un entre soi qui ne fait pas bonne figure aux yeux d’une opinion qui accuse le régime de torpiller la démocratie.
A un peu plus d’un mois de ce rendez-vous électoral, ce climat délétère préfigure l’échec politique d’un régime qui n’est pas parvenu à sortir le pays de la crise post-électorale. Alors que l’opposition reste toujours mobilisée dix mois après la présidentielle contestée de mars 2019, la mouvance présidentielle est au bord de l’implosion, minée par une bataille interne pour le leadership du pouvoir, entre les nouveaux venus qui cherchent à imposer leurs marques, les légitimistes qui tiennent à préserver leur position et le clan familial du président qui prend de plus en plus de surface et tire les ficelles. Si la base du parti Azaliste ne crie pas encore à la trahison, elle craint que le régime ne se saborde de l’intérieur. Un scénario qui sanctionnerait la vision manichéenne d’un chef orgueilleux et calculateur qui n’hésite pas à user de stratagèmes pour affirmer à tout prix son pouvoir quitte à faire le vide autour de lui. Aucun des soutiens de premier mandat en 2002 n’a trouvé grâce à ses yeux à sa réélection en 2016. Son second mandat a débuté par le sabordage du pacte national conclu en 2001 dont il n’a eu de cesser de clamer qu’il en est le principal artisan et par la mise à l’écart des alliés qui l’ont assuré son retour à Beit-Salam.
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Juz’r
4 décembre 2019