La journée Maore a été célébrée sans faste à Moroni par le Comité Maore et par l’association Ngo Shawo. La journée a été peu suivie cette année, le chef de l’État était à l’extérieur et aucun ministre ne s’y est intéressé. Par Abdoulraouf Ibrahim et Mahmoud Ibrahime
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Le 12 novembre est considéré par l’État comorien comme l’une des dates les plus importantes de l’histoire des Comores. Elle est même considérée comme plus importante que le 6 juillet 1975, car c’est le jour où les quatre îles qui forment l’Union des Comores ont été admises dans l’Organisation des Nations Unies (ONU). Raison pour laquelle ce jour est considéré comme une fête nationale.
En effet, sans cette déclaration et cette adhésion à l’ONU, la déclaration unilatérale de l’indépendance du 6 juillet serait restée lettre morte.
Des discours commémoratifs et politiques
Cette année, le Comité Maore a organisé, comme à l’accoutumée, une conférence autour de ce sujet au Palais du Peuple à Moroni, en présence du chef de cabinet de la présidence et Secrétaire général du parti Convention pour le Renouveau des Comores (CRC), Youssouf Mohamed dit Belou et quelques figures politiques notamment le candidat malheureux aux élections présidentielles du 24 mars, El Maceli. Dans cette enceinte à moitié vide, les membres de ce comité ont tenu pendant une heure une conférence qui avait comme toile de fond une succession de discours à la fois commémoratifs et politiques. Devant des Comoriens épris de patriotisme et d’indépendance venus pour commémorer leurs morts tués par le visa Balladur, l’ancien député Djaé, conseiller du chef de l’État a à peine esquissé le sujet du 12 novembre et a axé son discours sur l’acte d’humiliation dont a été victime le conseiller en communication de Beit Salam, Said Ali Said Ahmed, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Par contre, devant les journalistes, le chef de cabinet du chef de l’état a rappelé que la conférence est organisée conjointement par le Comité Maore et le gouvernement.
« Il y a des choses qui nous opposent, mais il y a aussi des choses qui doivent nous réunir. Aucun Comorien ne peut dire que Mayotte n’est pas comorienne. Donc si nous nous réunissions tous pour encourager et organiser cette journée, les gens verraient qu’on est sérieux. C’est un grand jour, car c’est le jour où nous avons eu l’indépendance et donc nous devons honorer ce jour et nous devons aussi montrer un attachement à Mayotte et que nous croyons à son retour » a-t-il déclaré devant la presse.
La marche blanche de NgoShawo
Le même jour, l’association NgoShawo organisait une marche blanche pacifique. La quasi-totalité des manifestations a été interdite ces derniers temps dans la capitale. Cette fois, le préfet a autorisé cette marche pacifique et les gendarmes ont encadré la trentaine de jeunes de l’association qui ont pris part à la manifestation. La marche a démarré depuis la place de l’indépendance jusqu’au rond-point près du café du port. La manifestation dirigée par la présidente de cette association, Djabhana Said Ibrahim, en présence de certains militants de cette même cause notamment l’artiste Souef Elbadawi, a laissé comprendre aux Comoriens ainsi qu’au reste du monde que l’hypocrisie politique des dirigeants du pays a atteint le seuil de la honte. La tenue de rigueur était le blanc, pour rendre hommage aux milliers de Comoriens morts noyés en mer voulant rallier par kwasa-Kwasa l’île soeur de Mayotte, présentée comme une île comorienne sous gouvernance française. À la fin de la marche, la présidente de l’association a pris la parole pour appeler les jeunes à plus d’engagements pour cette question de l’unité des Comores.
L’absence des politiques
Malheureusement, chacun aura constaté que le nombre de participants à cette marche était très faible. Il n’y avait aucun représentant ni du gouvernement ni de l’opposition. Pendant que ces braves compatriotes étaient dans les rues de la capitale pour réclamer leur île colonisée par la France, le locataire de Beit-Salam se trouvait à Paris pour répondre à l’invitation du président français à prendre part au forum sur la paix. Certains manifestants ont considéré que cet acte de leur chef de l’État comme un abandon total de leurs revendications légitimes. Pour eux, la conscience patriotique a été remplacée par l’instinct de survie d’un régime à l’affût d’un soutien et d’une légitimité de ceux qui humilient l’État comorien.
Résolution de 2005 et décret de 2006
La Journée Maore est née d’une résolution de l’Assemblée de l’Union des Comores votée le 12 novembre 2005, sous l’impulsion de son président Dhoiffir Bounou et le député Youssouf Saïd, qui se sont appuyés sur les recommandations des activistes de la diaspora comorienne et du Comité Maoré à Moroni, dirigé alors par Idriss Mohamed. La résolution, votée avant le début des festivités de la célébration des 30 ans de la résolution du 12 novembre 1975, recommandait au gouvernement du président Azali d’instituer cette date comme fériée. La cérémonie avait réuni les parlementaires, les patriotes de l’intérieur (arrivée notamment de Mayotte de Youssouf Moussa) et de l’extérieur (avec la venue d’une délégation des Comoriens de France). Mais, le gouvernement du président Azali avait boycotté la manifestation et n’avait pas donné suite la demande des parlementaires de faire du 12 novembre une journée de fériée.
L’année suivante, la veille du 12 novembre, le président Mohamed Abdallah Ahmed Sambi, suivant la recommandation des parlementaires et des patriotes comoriens avait institué par décret cette journée comme « fériée, chômée et payée sur l’ensemble du territoire national ». Depuis lors, la journée a été souvent organisée avec le gouvernement, sur le budget de l’État et en présence du président et de ministres.
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