Julius Kambarage Nyerere a marqué l’histoire et façonné le destin de son pays, la République Unie de Tanzanie et le devenir du continent africain. A tel point que, le 14 octobre, date de la disparition du Père de l’indépendance et de la révolution ((1999), est devenue fériée et commémorative. C’est pourquoi, l’ambassadeur de Tanzanie aux Comores, Sylvester M. Mabumba a convié la presse, samedi 13 octobre, pour rendre hommage à la vie et aux combats de «Mwalimu Nyerere». Invité, Houmed Msaidié a souligné le Nyerere visionnaire, qui lui confère une place de choix au Panthéon des leaders africains, voire mondiaux.
Pour commémorer la mort du père de l’indépendance de la République Unie de Tanzanie, Julius Kambarage Nyerere, l’ambassadeur de Tanzanie à Moroni a organisé une conférence de presse à Moroni-Oasis. Déjà 19 ans, depuis la disparition de «Mwalimu» Nyerere. Selon l’ambassadeur Mabumba, la Tanzanie a perdu un grand leader, et l’Afrique un bâtisseur et grand défenseur.
Un homme qui a su gravir les échelons, montré la voie à son peuple et inspiré tant de générations de panafricanistes. L’ambassadeur a présenté sa biographie : «Julius Kambarage Nyerere, surnommé Mwalimu Nyerere est né le 13 avril 1922 et mort le 14 octobre 1999. Il est le père de l’indépendance de la Tanzanie. Il fut premier ministre de 1960 à 1961, puis président de 1961 jusqu’à 1985.» Décision assez exceptionnelle en Afrique, au temps des présidents à vie, «il a préféré se retirer du pouvoir en organisant des élections libres et transparentes.» Il a rappelé qu’au début, Nyerere était juste président de Tanganyika. C’est après la révolution qui a renversé le sultan de Zanzibar en 1964 qu’il a fusionné Tanganyika avec Zanzibar pour former un nouvel Etat dénommé la République unie de Tanzanie. « C’est un révolutionnaire, mais aussi et surtout un unificateur qui a réuni Tanganyika et Zanzibar. A partir de 1964, Mwalimu Nyerere est devenu président de la République unie de Tanzanie et Abeid Karume qui était président de Zanzibar occupe la vice-présidence. »
Sur la question du genre par exemple, il a été en avance sur son temps. « Mwalimu Nyerere a été en faveur de l’égalité du genre. Car pour lui, la réussite et l’évolution d’un pays dépendent de la participation de l’homme et de la femme. Dans le budget de Zanzibar, il y a des fonds spéciaux pour soutenir les femmes et les jeunes qui veulent créer des entreprises».
Très sensible aux mouvements des indépendances, il a encouragé, soutenu et accompagné l’éclosion de partis indépendantistes en Afrique. C’est le cas du «Molinaco, un mouvement de nationalistes comoriens, refugiés en Tanzanie et qui se battaient pour l’indépendance des Comores» a indiqué le diplomate.
Invité, Houmedi Msaidié a insisté sur le caractère visionnaire du personnage. Il faut garder à l’esprit la période en question : les années 60 et le contexte sociopolitique pour apprécier le génie politique de l’homme. « Nyerere est non seulement le père de l’indépendance de la République unie de Tanzanie. Mais surtout, celui qui a su instaurer une langue appelée kisawahili parlée par les 180 tribus de la Tanzanie. » Il faut savoir qu’en Tanzanie, chaque tribu a sa propre dialecte.
La cohésion sociale, de son pays, il en a fait un modèle, basé sur le pragmatisme. «Nyerere a pu fonder une politique sociale, reposant sur un principe simple ; chaque citoyen peut vivre avec sa religion sans empiéter sur l’autre. En Tanzanie, il n’y a pas de discrimination. Il a conçu une démocratie multipartite. Son parti reste toujours l’un des grands partis de Tanzanie.»
L’Afrique lui doit beaucoup. «Nyerere ne se limitait pas à son pays. Nous savons que si l’Afrique Australe est maintenant indépendante, c’est grâce au leadership de Nyerere. Par ailleurs, Il a contribué inlassablement à la création de l’OUA, l’actuelle Union Africaine (UA) ». Ce qui conduit H. Masadie à affirmer que « Nyerere restera toujours dans les anales comme l’un des grands leaders de l’Afrique et du Monde.»
Par Chamsoudine SAID MHADJI