Le rideau s’est abaissé sur les 11e Jeux des Iles de l’Océan Indien (JIOI) ce dimanche 3 septembre 2023 à Madagascar. L’île organisatrice a raflé un nombre très important de médailles (270 dont 121 en or).
Par MiB
Au final, le classement présente le schéma habituel avec les trois entités qui dominent ces Jeux depuis toujours (Madagascar, Maurice et la France, à travers l’île de la Réunion). Trois entités ferment toujours le classement (Maldives, Comores et Mayotte) et les Seychelles entre les deux groupes.
On pourrait se réjouir que les Comores comptent plus de médailles que lors des JIOI de 2019 à Maurice. Le pays a obtenu à Madagascar 31 médailles (dont 5 en or), alors qu’il n’en avait décrochées que 14 dont une seule en or à Maurice, où il avait fini dernier. En 2023, les Comores sont 5e devant les Maldives et Mayotte. Il faut sans doute se réjouir pour ce classement, au vu du peu de moyens mis dans le sport aux Comores.
Pour le nombre de médailles, on peut remarquer qu’il y avait beaucoup plus de possibilités d’obtention de médailles à Madagascar qu’à Maurice. À titre d’exemple, on peut remarquer que le nombre de médailles obtenues par l’île de Mayotte est passé de 15 (dont 2 en or) à 38 (dont 4 en or). Le vainqueur et pays d’accueil, Madagascar, a obtenu 268 médailles (dont 121 en or), alors qu’il n’en avait que 125 (49) en 2019. La tendance était donc à une forte hausse pour tous les pays.
Il ne faudrait donc pas que ce nombre de médailles élevé cache la forêt des difficultés que rencontre le sport comorien : le manque d’infrastructures, de techniciens, de financement et même de vocation dans plusieurs domaines, alors que le pays regorge d’une jeunesse, encore trop oisive. Comme l’Éducation nationale ou la Culture, les politiciens qui ont exercé le pouvoir jusqu’à maintenant ont méprisé le sport et ne mesurent toujours pas ce qu’il peut apporter à la nation entière en termes de cohésion ou même en matière d’économie.
Le résultat, c’est que tous les quatre ans, le sport comorien, se rend sur les terrains sans moyens, sans une préparation convenable, même un an avant et doit affronter de grandes nations du sport comme Madagascar et Maurice ou des entités comme la Réunion et Mayotte qui peuvent bénéficier des moyens financiers et de techniciens d’un pays comme la France. Les Comores ne sont même pas en mesure de présenter des sportifs valables dans certaines épreuves clefs et parfois pourvoyeuses de nombreuses médailles comme en natation (sauf en handisport, avec deux médailles cette année), en athlétisme (notamment dans des épreuves techniques comme les courses de haies ou les lancers), en rugby…
C’est à cause de ces difficultés qu’on peut dire que les Comores sortent la tête haute de ces 11e JIOI. D’abord parce que pour une fois, nous n’avons pas vu de sportifs sélectionnés par complaisance. Ensuite, parce que le classement reflète sans doute ce que le sport comorien pouvait faire de mieux avec ses moyens. Enfin, parce que les sportifs comoriens repartent de Madagascar avec le drapeau de l’organisation des Jeux. Le Comité International des Jeux (CIJ) a préféré, à l’unanimité, la candidature des Comores à celles de Mayotte et Maldives. Mayotte se retrouve à devoir attendre 2035, puisqu’il est prévu qu’en 2031, ce sera au tour des Maldives.
En dehors des enjeux politiques, il serait formidable si les quatre îles de l’archipel se retrouvaient pour organiser ces Jeux de 2027. En deux semaines, faire triompher l’esprit sportif entre Mayotte et le reste de l’archipel. C’est un choix que le CIJ aurait pu tenter de faire valoir. Espérons que les dirigeants sportifs des deux bords, aidés par leurs dirigeants politiques respectifs, y réfléchiront.
Pour l’État comorien, il s’agit encore une fois d’un défi. Mais, cette fois, il dispose de moyens avec la construction du stade Maluzini et d’autres stades de moindre importance à la Grande-Comore et à Anjouan. Il est envisagé de construire, avec l’aide de la Chine, une piscine olympique et un gymnase. Il serait temps d’équilibrer également au niveau des infrastructures sportives en envisageant ces constructions à Anjouan et à Mwali.