Les Comoriens sortent d’un mois de ramadan éprouvant, non à cause du jeûne lui-même, mais surtout à cause des conditions dans lesquelles celui-ci s’est déroulé.
Par MiB
Cette année, à l’occasion du mois de ramadan, les produits locaux étaient en quantité suffisante, mais en revanche l’inflation, toujours à un niveau très élevé, a interdit aux plus pauvres d’avoir des repas normaux pendant ce mois béni.
Le ministre des Finances, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, qui aime se vanter sur des performances imaginaires ou le ministre de l’Économie, Ahmed Ali Bazi, inexistant sur le terrain, n’ont proposé aucune solution avant ou pendant le ramadan pour freiner ou baisser les hausses des prix des produits alimentaires, que ce soit ceux qui sont cultivés sur place ou ceux qui sont régulièrement importés. Comme chaque année, depuis le début de cette forte inflation, ils se sont contentés de mesures coercitives énoncées par le Chargé de la Défense contre les commerçants. Comme si des politiques financières ou commerciales pouvaient être menées avec des menaces de contraintes militaires contre les commerçants ! Mais, c’est bien connu, dans une dictature, même la politique économique ou la politique la plus sociale ne peuvent être menées sans avoir recours à l’armée. Pour la dictature en cours aux Comores depuis 2019, il faut menacer, donner des coups et mettre en prison pour espérer juguler l’inflation ! Les commerçants ont donc été menacés et contraints de baisser leurs prix à certains endroits. Souvenir d’un temps révolu où l’idéologie en cours en Union soviétique décrétait le contrôle des prix sur le marché par la kalachnikov.
Le régime de dictature donnant des ailes à certains, sur le principal marché de Moroni, le maire a ordonné de son propre chef, sans décision de justice, la saisie du poisson des vendeuses, faute de négociations sérieuses pour les convaincre d’aller s’installer ailleurs. Puis, par décision unilatérale également, le maire a exclu du marché celles qui l’avaient insulté après la confiscation de leurs poissons. Une manière de suivre les pas de l’État Azali qui nous a habitués aux décisions extrajudiciaires.
De plus, alors que tout le gouvernement, par la bouche du porte-parole, promettait un ramadan sans coupure d’électricité, pendant les trente jours qui viennent de s’écouler, quasiment aucune région n’a été épargnée par le manque de courant et la rupture du jeune dans le noir. Certaines régions ont connu jusqu’à trois jours sans électricité, même la capitale a été touchée parfois. Pendant un mois, aucun membre du gouvernement n’a parlé de ce problème et des solutions envisagées alors que l’on se rappelle que dès son élection en 2016, le Chef de l’État et son ministre des Finances de l’époque avaient contrevenu à plusieurs articles de la loi sur la passation des marchés publics, sous prétexte que la question de l’énergie était « urgente » et vitale, pour confier plus de 7 milliards de francs comoriens à un soutien politique pour aller à l’extérieur chercher une solution à ce problème récurrent. Depuis, d’autres milliards ont servi à acheter d’autres moteurs, inaugurés en grande pompe, sans jamais résoudre le problème.
Les Comores semblent être devenues un cimetière des moteurs à produire de l’électricité dans le monde. La situation donne l’impression que tous ceux qui ont des moteurs en fin de vie les envoient aux Comores, un gouvernement sans solution, s’engage à trouver des terrains pour les enterrer.
Et parfois, le problème du manque de l’électricité est juste un manque de gasoil et le besoin de le rationner conduit à couper à toute une région l’électricité pendant plusieurs jours.
Où est passé le Directeur de la seule société d’électricité aux Comores depuis un mois ? Soilihi Djounaid a d’autres chats à fouetter. Une source interne au parti présidentiel nous apprend que le chef de l’État qui le maintient en place depuis de nombreuses années alors que visiblement il n’est pas en mesure de régler le problème de l’électricité aux Comores lui aurait confié 1 milliard de francs comoriens, non pas pour trouver des solutions pour fournir l’électricité à 800.000 musulmans qui jeûnaient pendant le ramadan, mais pour préparer l’investiture des gouverneurs et du chef de l’État le 26 mai prochain, après des élections massivement fraudées.
Il est définitivement établi qu’entre les priorités du gouvernement Azali et celles du peuple, il y a un fossé qui s’agrandit de jour en jour et que l’argent distribué dans les quartiers et les villages n’arrive toujours pas à combler.