Les parents d’aujourd’hui sont soumis à une double pression lorsqu’il s’agit d’élever leurs enfants dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas, un monde qui n’est pas le leur et qui ne leur est souvent pas favorable. Cette pression se manifeste par une inquiétude constante pour leurs enfants.
Par HOUDAIDJY SAID ALI Titulaire d’un master en droit public Option relations internationales Dakar – Sénégal
Autrefois, il était plus simple de connaître le sexe de son enfant à naître, grâce aux échographies. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus complexe : un garçon peut se considérer comme une fille et vice versa, et certains peuvent même changer de sexe. Bien que cela reste rare aux Comores, un récent cas de changement de sexe a suscité une polémique, démontrant la complexité et la sensibilité de cette question dans la société comorienne.
En Afrique, la question du changement de sexe est particulièrement délicate. Peu de pays acceptent cette pratique, et ceux qui le font offrent un soutien limité. L’Afrique du Sud est un exemple notable, avec une loi de 2003 sur la modification de la description du sexe et du statut sexuel, permettant de changer de sexe. Toutefois, sur les nombreux États africains, la majorité rejette cette pratique, et les Comores ne font pas exception. Le cas d’une personne ayant changé de sexe a choqué le pays, provoquant un débat public et des discussions intenses dans les milieux religieux.
Face à la nouvelle génération, les parents ont souvent l’impression qu’elle est perdue d’avance, alimentant leur peur. Combinée aux autres facteurs et aux conditions de vie difficiles, une question se pose : qui voudrait encore être parent de nos jours ? Certains Comoriens disent : « Ndopvi yandzawo yazaye ye anduyi yahahe ? », ce qui signifie « Qui voudrait mettre au monde son ennemi ». Les mères meurent d’angoisse, car aux Comores, les parents peuvent accepter beaucoup de choses, mais pas les pratiques LGBTQ+.
Les parents semblent aussi très en retard dans le suivi de leurs enfants. Autrefois, il suffisait de les enfermer à la maison pour les protéger. Aujourd’hui, le pire peut provenir de leur propre chambre. La technologie a ouvert une porte à cette génération : une jeune fille peut facilement envoyer des photos dénudées à des garçons, risquant de les voir publiées en ligne si elles tombent entre de mauvaises mains.
Récemment, une jeune influenceuse comorienne a fait l’objet d’une haine massive après la diffusion d’une vidéo intime. En quelques heures, la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux, révélant une grande méchanceté. Bien que les actes de la jeune fille puissent sembler imprudents, les moqueries oublient les sentiments humains. Les actes peuvent paraître stupides, mais il est compréhensible qu’ils soient poussés par des émotions intenses. Comme je le dis souvent, l’amour ne connaît ni limite ni frontière.
Il est crucial de comprendre que les parents d’aujourd’hui sont soumis à une double pression lorsqu’il s’agit d’élever leurs enfants dans un monde qu’ils ne maîtrisent pas, un monde qui n’est pas le leur et qui ne leur est souvent pas favorable. Cette pression se manifeste par une inquiétude constante pour leurs enfants. Les parents se demandent sans cesse s’ils réussiront à les éduquer correctement et à les guider sur le droit chemin. La tâche est ardue, car ils doivent naviguer dans un environnement sociétal qui évolue rapidement et où les valeurs et les normes peuvent être radicalement différentes de celles qu’ils ont connues.
En parallèle, il y a la pression sociétale qui pèse lourdement sur les épaules des parents. Que se passe-t-il lorsque leur enfant décide de ne pas se conformer aux préceptes de l’islam ou aux mœurs comoriennes ? Il est important de reconnaître que certains jeunes possèdent une forte personnalité et n’hésitent pas à s’affirmer publiquement, sans se soucier de l’opinion de leurs parents ou des épreuves que ces derniers traversent. Les parents, quant à eux, sont hantés par la honte et le jugement de la société, une situation particulièrement aiguë aux Comores.
Considérons les parents dont les enfants s’opposent ouvertement aux normes et s’identifient comme membres de la communauté LGBTQ+. Quelle sorte de sentiment habite une mère dans un tel moment ? Qu’est-ce qui lui passe par la tête ? Peut-on vraiment imaginer la facilité avec laquelle une mère pourrait renier son fils ou sa fille ? Ce n’est guère simple. En réalité, de nombreuses mères et pères sont déchirés entre l’amour inconditionnel pour leur enfant et la pression sociale écrasante.
Il y a toujours eu deux attitudes face à ces situations. D’un côté, il y a ceux qui rejettent catégoriquement ces pratiques, quelles que soient les circonstances, et qui n’hésitent pas à bannir leur propre enfant après de telles révélations. De l’autre côté, il y a ceux qui, malgré leur désapprobation des pratiques LGBTQ+, éprouvent un attachement profond pour leur enfant et sont prêts à tout pour le soutenir. Ces parents n’avoueront peut-être jamais publiquement leur soutien aux pratiques LGBTQ+, mais ils ne peuvent abandonner leur progéniture, leur chair et leur sang.
Les Comores sont-elles prêtes à s’ouvrir à ces réalités ? La société comorienne est-elle prête à accepter ces changements ? La réponse, de manière directe et sans ambages, est que non, la société comorienne n’est pas prête. Les valeurs traditionnelles et religieuses y sont profondément ancrées, et l’acceptation des identités et orientations LGBTQ+ reste un sujet de grande controverse et de rejet.
En somme, les parents d’aujourd’hui sont confrontés à un ensemble de défis complexes et inédits, exacerbés par des conditions de vie difficiles et des évolutions sociétales rapides. Leur inquiétude constante quant à l’avenir de leurs enfants et leur capacité à les guider correctement reflète une profonde tension entre l’amour parental inconditionnel et la pression sociale omniprésente. Les Comores, comme beaucoup d’autres sociétés, doivent naviguer entre tradition et modernité, un équilibre délicat qui façonne les expériences parentales et les perspectives d’avenir des jeunes générations.