L’édition 2021 établissant le classement des pays selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) par Transparency International a été rendue publique le 25 janvier dernier. Par Faïza Soulé Youssouf (texte paru sur son mur Facebook le 29 janvier 2022, le titre est de la rédaction)
Le rapport qui vient d’être publié lie faible score de l’IPC et violation des libertés civiles. Le moins que l’on puisse dire est que le constat n’est guère reluisant aux Comores. L’IPC classe 180 pays selon le niveau de corruption dans le secteur public sur une échelle allant de zéro (très corrompu) à 100 (faiblement corrompu).
Ainsi le Danemark et la Finlande font figure de bons élèves avec un score de 88. La Syrie et le Sud Soudan ferment la liste avec respectivement une note de 13 et 11. L’Union des Comores obtient le score peu honorable de 20 (l’Union des Comores avait obtenu un score de 21 dans le précédent classement, ndlr) et se positionne entre le Tchad et Haïti. Si en 2017, notre pays occupait le 148e rang, cette année il se positionne à la 164e place.
A noter que notre pays est le moins bien classé de l’océan indien. Les Seychelles, elles, obtiennent le meilleur score en Afrique avec un score de 70. Quant à Maurice, elle en comptabilise 54. Pour Madagascar, les résultats ne font pas pâlir d’envie avec un score de 26, mais il est de 6 points meilleur que celui des Comores.
Le rapport de Transparency International montre « que les niveaux de corruption restent au point mort, 86% des pays n’ayant que peu progressé, voire aucunement au cours des 10 dernières années ». En outre, Transparency International constate que « les pays qui violent les libertés civiles enregistrent constamment un score plus bas dans l’IPC. La complaisance dans la lutte contre la corruption exacerbe les atteintes aux droits de l’homme et sape la démocratie, ce qui débouche sur une spirale infernale. Au fur et à mesure que les droits et les libertés s’amenuisent et que la démocratie s’affaiblit, l’autoritarisme s’installe, entrainant des niveaux de corruption encore plus élevés », lit-on dans le rapport. Ainsi les pays les mieux notés (Danemark, Finlande et Nouvelle-Zélande) sont ceux qui sont en tête de liste dans l’indice de démocratie, en ce qui concerne les libertés civiles.
Les Comores comme 26 autres États « sont à leur score le plus bas depuis la première année de comparabilité des données disponibles (2012) ».
Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, avait promis, de faire de l’année 2020, l’année de lutte contre la corruption. Il avait d’ailleurs déclaré que « ce serait un combat sans merci ». Deux ans plus tard, les réformes se font toujours attendre. L’impunité a atteint un tel niveau qu’un directeur général, se croyant sans doute dans son champ de patates, s’est permis de se rendre complice d’un trafic innommable aux conséquences dévastatrices pour l’image de notre pays, mais pas que, entrainant avec lui, des jeunes en début de carrière, se croyant protégés par sa toute-puissance.