L’histoire de notre pays retiendra qu’Azali Assoumani est le président qui a le plus divisé les Comoriens et favorisé la dislocation de notre pays archipel.
Par Abdourahim Bacari
Être un pays-archipel nécessite de réunir son peuple marqué par une identité commune et surtout à assurer la continuité territoriale pour concrétiser son intégrité telle qu’elle est affirmée avec force dans la Constitution.
Les Seychelles qui ont accédé à leur indépendance le 29 juin 1976, un an après les Comores et les îles Maldives indépendantes depuis le 26 juillet 1965, c’est-à-dire dix ans avant les Comores. Deux pays archipels qui s’en sortent parfaitement bien dans la gestion de leur pays archipel respectif. Les dirigeants de ces pays voient l’intérêt collectif, ils placent le gain du peuple au-dessus de ce qui peut être un profit personnel. Au moment où les dirigeants de notre pays pensaient à des coups d’État pour accéder au pouvoir, les Seychellois, comme un seul homme, faisaient bloc contre le mercenaire Bob Denard. Aujourd’hui, les Seychelles affichent un Produit Intérieur Brut (PIB) supérieur à celui de l’île Maurice, de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie, du Kenya, de l’Union des Comores et même de Mayotte administrée depuis 1841 par la France. Pourtant, il s’avère qu’entre 1975-1978, sous le régime Soilihiste, notre pays lui apportait une assistance technique. On se demande à quel moment les Comores ont commencé à régresser.
Les Comores ont connu des présidents qui n’ont pas pu lutter contre la corruption, le vol des deniers publics et l’enrichissement personnel illicite de certains dirigeants politiques certes, mais ils ont tous cherché à rassembler les Comoriens et ont défendu l’intégrité territoriale du pays. Mohamed Taki Abdoulkarim s’est battu contre les séparatistes pour le retour d’Anjouan dans le giron comorien. Il est mort avant la fin de mandat sans parvenir à son objectif. Une mort prématurée qui a ouvert la voie à Azali Assoumani pour arriver au pouvoir à la suite d’un Coup d’État le 30 avril 1999. Durant sept ans, Azali Assoumani alimentait Mohamed Bakar à la tête de l’île rebelle. Parce que l’unité et l’intégrité territoriale des Comores n’étaient pas ses priorités. Le régime Sambi s’est engagé pour le retour d’Anjouan dans l’Union des Comores. Il y a eu dix ans de réconciliations, d’unité, bref de paix jusqu’à ce qu’Azali Assoumani fasse son retour au pouvoir en 2016.
En 2018, il change la Constitution pour pouvoir s’éterniser au pouvoir. D’après ses calculs, après lui, le pouvoir doit revenir à son fils Fatihou Azali Assoumani que vous voyez partout désormais. Même ses compagnons politiques de longue date doivent suivre son projet. Ils doivent, après avoir suivi et obéi au père, désormais se mettre au service du fils. Pour parvenir à son objectif, il change tout. En passant par une Assemblée de députés d’un seul Parti politique, le sien, la CRC, il fait voter « l’avant-projet de loi organique relative à l’élection du président de l’Union des Comores ». Une honte que de savoir que ce projet de loi pleine de contradictions a été vu par des juristes qui soutiennent ce régime aux abois.
L’article 2 de la première partie de cette loi intitulée « TITRE I : DES DISPOSITIONS GÉNÉRALES », et l’article 7 de la partie intitulée « TITRE II : DES CONDITIONS D’ÉLIGIBILITÉ » sont édifiants. Une totale contradiction. Les Comoriens qui ont une double nationalité ne peuvent pas se présenter aux élections présidentielles, pourtant la loi prévoit une possible présidence de l’île de Mayotte pour le respect de la tournante.
Comment peut-on prendre les Comoriens pour des ignares à ce point ? Mayotte en l’occurrence est habitée par des Maorais qui ont majoritairement la seule nationalité française. Quand les juristes d’Azali liront cet article, ils diront que les Maorais présideront l’Union des Comores le jour où ils renonceront à leur nationalité française. Chose qu’eux-mêmes savent que c’est vraiment impossible. Cela veut dire qu’Azali Assoumani exclut les Maorais des Comores. Il vient confirmer que Mayotte n’est pas comorienne, mais française. Une loi ordinaire n’est jamais au-dessus de la Constitution qui reconnait les Comores comme quatre îles. Ce pays est vraiment formidable. Tout est possible pour nos politiques pour satisfaire leurs désirs. Dans la troisième partie « TITRE III : DES INCOMPATIBLES », article 10, on peut lire que les Comoriens de double nationalité peuvent occuper toutes fonctions politiques, exercer un emploi public, être candidats à toutes les autres élections et peut être chef de parti ou groupement politique. Mais, il est dit précédemment qu’il ne peut pas être candidat aux élections présidentielles.