Dans la perspective des élections législatives qui pourraient avoir lieu au mois de janvier 2025, le parti d’Ibrahim Mzimba, Le Pari a commencé à mobiliser ses militants sur le terrain.
Par Hachim Mohamed
Le week-end du 1er septembre, la grande salle de conférence de l’hôtel Al Camor Lodge était occupée par une forte activité partisane, axée sur les prochaines élections législatives, qui devraient se tenir dans quatre mois.
Le parti Le Pari a saisi cette opportunité pour battre le rappel de ses troupes et tenter de gagner en visibilité sur la scène politique nationale, vulgariser ses programmes électoraux auprès de ses bases militantes, cela après une longue période de léthargie due notamment à la crise postélectorale du double scrutin de 14 janvier.
À cette occasion, une importante délégation du Pari, répartie entre les régions et trois îles de Comores, a participé à ce conclave qui a fait salle comble. Pour montrer à quel point la le Pari est partante pour les législatives, les prises de parole étaient arrangées en succession régulière, afin de répartir entre tous les groupes la responsabilité de faire passer le message. Du Secrétaire général du parti, Chakour Mouigni au bouillant Mohamed Chakir en passant par Abdou Maoulida de Mwali, Djamal Abdoulatuf de Ndzuani, ces « parieurs » ont joué leur partition, chacun à sa façon, pour que cette mobilisation aboutisse à une démarche de proximité sur le terrain.
Pour mettre de l’ambiance dans l’événement, le Pari a fait appel au groupe Djabal Iconi qui a donné un spectacle de danses traditionnelles.
« Diplômés analphabètes » en politique.
Au départ, ce fut une ambiance accueillante, affichée, mais très crispée par une attente très longue du commencement. Il a fallu patienter jusqu’au coup d’envoi, aux environs de 11 heures.
Insistant d’emblée sur l’importance de ces élections législatives, qui seront organisées dans quatre mois, le président de la formation politique, Me Ali Ibrahim Mzimba a fait, à l’entame de sa prise de parole, un focus sur les 33 prochains députés qui seront désignés pour siéger à l’Assemblée nationale comorienne pour un mandat de cinq ans.
« Le parlement est au-dessus du Président de République, du ministre, du directeur ou encore d’ambassadeur dans la mesure où cette institution qui représente les citoyens détient le pouvoir législatif en étudiant et en votant les lois, en faisant des propositions ou encore en contrôlant l’action du gouvernement », a-t-il soutenu.
Pour préparer ses troupes de militants au combat et pour qu’elles soient prêtes à agir à tout moment, Ibrahim Mzimba a esquissé le portrait de la classe politique comorienne qu’il présume affligée d’une tare indélébile, celle de manquer d’étoffe, de grandes qualités d’homme d’État.
Dans cette démonstration, il a pointé du doigt le côté élitiste, snob des politiciens comoriens qui, dans le landerneau politique, ont créé des partis politiques avant lui.
À en croire Maitre Ali Ibrahim Mzimba, la philosophie politique du Pari est tout sauf arrogant, ses militants sont loin de « se sentir supérieurs aux autres », à la population comorienne, notamment celle considérée comme menu fretin de la société.
Sous ce rapport, à l’ère des « diplômés analphabètes » en politique, Me Ali Ibrahim Mzimba a cité dans une espèce de portrait-robot l’ex-président polonais, Lech Walesa. Ouvrier électricien de chantier naval, meneur de grèves sous un régime communiste dont le visage et la voix se sont longtemps confondus avec le syndicat indépendant Solidarność, prix Nobel de la paix et premier chef d’État de Pologne élu au suffrage universel. Le président de la formation le Pari estime qu’il est un profil d’homme dirigeant dont le pays a instamment besoin.
Me Ali Ibrahim Mzimba s’est employé à montrer la popularité de cet homme dans son pays, la Pologne, auquel il s’est complètement donné, et dans le monde pour lequel il est devenu un symbole.
Faire triompher la volonté citoyenne
Pendant ce conclave, le président de la formation a brandi un syllabus de quatre pages qui devait être remis à la présidence de la République de Comores, aux institutions internationales et aux journalistes.
Une manière de livrer à l’opinion nationale et internationale les tenants et les aboutissants de ce que ce parti attend de ces législatives à venir.
Il s’agit, entre autres, de définir via une déclinaison sommaire les informations indispensables aux citoyens pour assurer leur participation effective à ces échéances électorales cruciales avec un accent mis sur la manière de veiller au respect des textes relatifs à l’élection, de prendre part aux structures de veille des élections et de veiller in fine à la sincérité des résultats qui seront issus des urnes.
Le Pari se veut être le porte-voix des citoyens sur les fronts de l’action politique. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucun groupement, ni individu ne peut s’en attribuer l’exerce », lit-on dans le document citant l’article 3 de la constitution comorienne.
Razida fait un hors sujet.
Si pour Me Ali Ibrahim Mzimba et les militants, le prochain scrutin est attendu comme « une échéance importante qui s’inscrit dans le cadre d’une vision prospective du pays qui ne laissera l’attention se disperser sur des détails futiles qui leur feraient perdre de vue l’objectif des législatives », la tribune qui a été offerte à Ibrahim Aboudourazak alias Razida en tant qu’opposant invité d’un autre parti tombe dans ce rassemblement comme le cheveu dans la soupe.
Au-delà d’une attitude affichée qui ne présentait pas de relation directe avec le sujet, il y a eu sciemment une tentative de déformation du débat afin de l’orienter à son avantage.
Son intervention a été jugée provocatrice dans une salle dominée par les candidats à la participation aux législatives et que le temps pour ces « parieurs » n’est plus de se livrer ni à des ruminations sur le passé des résultats du double scrutin de 14 janvier ni à des inquiétudes sur l’avenir du régime