Depuis quelques mois, le Sénégal a amorcé un tournant politique majeur avec l’arrivée à la tête de l’État d’un nouveau président, Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier n’a pas tardé à désigner Ousmane Sonko, son compagnon de longue date et allié politique, au poste de Premier ministre.
Par HOUDAIDJY SAID ALI, Juriste publiciste et internationaliste. Moroni – Comores
Ce choix revêt une signification particulière, car Ousmane Sonko, jusqu’alors empêtré dans des affaires judiciaires qui l’opposaient à l’État, n’avait pu se présenter aux dernières élections. Ainsi, celui qui avait vu son destin bloqué par des controverses judiciaires se trouve désormais propulsé aux commandes du gouvernement sénégalais, aux côtés de son fidèle camarade.
Ce tandem politique incarne l’espoir d’un renouveau pour une grande partie de la jeunesse et de la population sénégalaise. En effet, durant les dernières années, ils n’ont cessé de défendre le bien-être et les intérêts du peuple, s’opposant à une situation économique de plus en plus difficile. Le coût de la vie, notamment à Dakar, a atteint des niveaux exorbitants. Les loyers ont explosé et les prix des produits de première nécessité ont considérablement augmenté, plongeant de nombreux Sénégalais dans une précarité croissante.
Bien que le président sortant, Macky Sall, ait initié des réformes profondes et apporté des avancées notables dans plusieurs domaines, la réalité quotidienne des citoyens a fini par prévaloir. Le sentiment général était qu’on ne peut convaincre un peuple qui souffre de se contenter de promesses. Ainsi, malgré les efforts indéniables du gouvernement précédent, une large partie de la population a choisi de soutenir Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, espérant un véritable changement, capable d’améliorer leur situation.
Aujourd’hui, le Sénégal se tourne vers une nouvelle ère, animée par une vision renouvelée de son avenir. Une ère où l’attente et l’espoir du peuple se mêlent à l’ambition de ces nouveaux dirigeants, résolument déterminés à redresser le pays et à répondre aux aspirations de ceux qui les ont portés au pouvoir.
Quel avenir pour le Sénégal sous la direction du duo Diomaye et Sonko ?
La question se pose légitimement : ce tandem a-t-il la capacité et l’expérience nécessaires pour mener le Sénégal vers un avenir prospère ? Il est impératif de rappeler que le Sénégal jouit d’une maturité démocratique rare sur le continent africain. Ce pays s’est illustré par la stabilité de son régime, n’ayant jamais connu de coup d’État militaire, une singularité en Afrique. De plus, le Sénégal s’est imposé comme un acteur majeur sur la scène internationale, devenant l’un des États francophones les plus influents du continent, et entrant récemment dans le cercle restreint des pays exportateurs de pétrole. Cette évolution témoigne clairement de sa nouvelle stature, tant en Afrique que dans le monde.
Le Sénégal est riche d’un potentiel immense, d’une histoire glorieuse, et abrite des esprits brillants. Nombreux sont ceux qui adhèrent à cette vision nouvelle de la gouvernance, axée sur une rupture avec les systèmes du passé. Ce projet, porté par une approche souverainiste, vise avant tout à servir la population sénégalaise, tout en promouvant un régionalisme africain fort et des partenariats internationaux équilibrés, fondés sur le principe du « gagnant-gagnant ». Si cette ambition est louable, la véritable question demeure : auront-ils suffisamment de temps pour concrétiser cette vision ?
Il est important de souligner que le président sortant, Macky Sall, a bénéficié de douze ans pour établir son bilan. À l’inverse, Diomaye et Sonko ne disposent que de cinq ans pour mettre en œuvre leur programme. Cinq années suffiront-elles pour marquer durablement l’histoire du Sénégal ? Les réalités politiques ne peuvent être ignorées, notamment les crises potentielles et les interactions complexes entre l’exécutif et le législatif. Le législateur sénégalais sera-t-il enclin à accompagner ce duo dans la réalisation de leur projet de gouvernance ?
L’avenir du Sénégal repose aujourd’hui entre les mains de ce jeune duo du Pastef, confronté à de nombreux défis. Ils envisagent de revisiter certains contrats signés par l’administration précédente, afin de libérer le pays des charges inutiles et de permettre une progression plus efficace. Leur objectif est clair : garantir un avenir radieux au Sénégal, prenant en compte les préoccupations de tous ses citoyens. Seul le temps nous dira si ces promesses se concrétiseront, ou si elles relèvent de ce que certains pourraient qualifier, à l’instar d’Emmanuel Macron, de “poudre de perlimpinpin”.
En somme, bien que leurs intentions soient louables, les défis auxquels ils font face sont nombreux, et le temps dont ils disposent, limité.