Le 30 juillet dernier, Achmet Saïd Mohamed est retourné aux Comores après quatre ans d’exil en France. Ce retour a été accompagné d’une annulation de toutes les charges qui pesaient sur lui. Dans la perspective des élections présidentielles de 2024 pendant lesquelles le pouvoir en place craint un boycott de toute l’opposition concertée, plusieurs acteurs politiques s’interrogent sur les conditions du retour du leader du parti HURY, et particulièrement sur d’éventuelles négociations menées avec le gouvernement. Il s’explique.
Propos recueillis par MiB
Masiwa – Comment avez-vous retrouvé le pays après quatre ans d’exil ?
Achmet Saïd Mohamed – J’ai découvert un pays dans une misère extrême, enfermé dans ses maux, car incapable de les dénoncer. Des pénuries de carburant à répétition, l’électricité devenue une étoile filante conduisant à une paralysie totale de l’économie, une inflation importante : le kilo de riz ordinaire coûte près de 650FC, il coûtait à peine 300FC en 2016. Le litre d’essence est à 750FC à Moroni et Mutsamudu et 800FC à Mwali : une autre injustice sur l’injustice. Des frais de transport qui ont augmenté de près de 50%. Des commerçants asphyxiés par des frais de douane qui augmentent à mesure que les besoins de financement des voyages d’Azali augmentent.
Des sociétés d’État en état de mort cérébrale, gangrénées par une corruption généralisée et incapables de fournir les services dont elles ont un monopole. ONICOR, malgré un rachat de sa dette abyssale par la Banque Centrale est incapable de commander du riz, la SCH qui fonctionne comme une épicerie de quartier et qui doit faire venir quatre bateaux en un mois. Un chômage de masse et surtout un régime sans la moindre solution pour la jeunesse et qui la pousse à fuir le pays.
En résumé une population affamée et apeurée obligée de suivre le fils Azali partout pour avoir la paix et espérer un stage. Alors, en guise d’échappatoire, le peuple se réfugie dans les festivités du mariage pour oublier son calvaire.
Masiwa – quelles sont vos intentions après ce retour ?
ASM – Retrouver les miens est déjà le plus important. Nous avons installé dans le cœur de la jeunesse comorienne la nécessité d’une révolution dans ce pays. Et notre rôle est de continuer à expliquer et à enrichir cette perspective. Beaucoup de jeunes nous sollicitent et ont des questions perspicaces alors le mouvement HURY qui a été persécuté pendant plus de quatre ans répond sans rechigner à toutes ces demandes. Aujourd’hui la situation nous montre que c’est nous qui avions raison.
Masiwa – Vous étiez recherché par le pouvoir en place, certains de vos compagnons de route ont été condamnés et certains ont fait de la prison pour les mêmes faits que ceux qui vous étaient reprochés, pourquoi avez-vous bénéficié d’un non-lieu ?
ASM – Rectification, aucun membre du mouvement HURY n’a été condamné pour quoi que ce soit. Nous avons été victimes d’accusations fallacieuses visant à nous discréditer aux yeux des communautés nationales et internationales. Nous avons été victimes d’un acharnement judiciaire et de violences physiques inouïes. Nous sommes le mouvement antisystème et tout le monde voulait nous voir disparaître et pourtant nous sommes là et encore plus forts et plus déterminés.
La levée des contrôles judiciaires abusifs est un aveu que ces gens ont menti pour nous museler. Cela montre aux Comoriens que ce dossier est vide et qu’ ils sont dans l’incapacité de présenter la moindre accusation devant un juge.
Masiwa – Effectivement, le terme exact est « écroué ». Certains de vos compagnons ont fait de la prison et ont été libérés selon la volonté du chef de l’État, sans jugement, sans « non-lieu ». Pourquoi vous, vous avez pu bénéficier d’un « non-lieu » ?
ASM – Si on s’en tient aux textes de ce pays, un contrôle judiciaire ne peut aller jusqu’à quatre ans. Cela signifie que les accusations sont infondées. Car, si au bout de 4 ans, il n’y a toujours pas d’éléments à charge à présenter devant un juge, cela montre la supercherie. Ils ont juste cru nous avoir suffisamment brisé et que nous ne pourrions pas nous remettre debout. Nous sommes encore plus déterminés que jamais.
Masiwa – Comment et avec qui avez-vous négocié votre retour au pays ?
ASM – Mon retour n’était pas à négocier. Une fois que le gouvernement d’Azali a reconnu son mensonge et sa forfaiture en libérant les membres de HURY et donc que la vérité fut rétablie, je n’avais aucune raison de ne pas rentrer. Cette histoire de négociation me fait plus sourire qu’autre chose.
Dès mon arrivée une autorité judiciaire comorienne m’a clairement menacé. En me disant qu’un mandat d’arrêt est déjà prêt et qu’à tout moment ce mandat sera exécuté. Mais comme je l’ai dit plusieurs fois : personne ne m’impressionne dans ce pays aujourd’hui. Négocier quoi avec qui et pour quel résultat. On négocie quand on sait que la parole ou la signature a une valeur. AZALI ne respecte ni sa parole ni sa signature. Négocier avec lui est juste une perte de temps.
Masiwa – Pourtant, après votre retour, dans une vidéo, vous disiez que vous n’avez pas négocié avec Azali, mais avec la communauté internationale… Quels ont été les termes de la négociation ?
ASM – On ne mène pas de négociations avec la communauté internationale. Nous présentons des faits et ces faits permettent à différentes instances internationales de plusieurs niveaux et surtout qui sont les seules que les gens comme Azali écoutent, pour que ces instances pèsent de tout leur poids sur les dictateurs.
Nous n’appelions pas cela de la négociation, mais de la diplomatie. Lorsqu’Azali a pris la tête de l’Union africaine, il a des devoirs qui lui tombent dessus et nous avons bondi sur cette occasion pour faire comprendre qui il est réellement et cela lui a été fermement reproché et l’a complètement fragilisé. Nous sommes en capacité de le faire plier, ce que nous comptons bien faire. Et nous ne manquerons aucune occasion pour cela.
Masiwa – Certains ont prétendu que votre belle famille, dont une partie bénéficie des largesses du régime en place, aurait permis que vous soyez blanchi de toutes les accusations qui pesaient sur vous, êtes-vous au courant ?
ASM – Comme tout Comorien nous avons tous des membres de la famille proches ou éloignés qui ont des postes politiques. Curieusement, ma belle-famille n’en fait pas partie. Ce sont des gens qui vivent de leur métier hors de la politique. Je trouve cela insultant de dire que ma belle-famille bénéficierait d’une largesse de qui que ce soit. Mes beaux-frères sont des gens honnêtes, sérieux, qui vivent de leurs métiers. Mon feu beau-père, que Dieu agrée son âme, était connu pour son honnêteté, sa probité et son patriotisme. Ce genre de phrases est une insulte pour ces personnes d’une grande dignité.
Masiwa – Il ne s’agit ici ni des morts ni de ceux qui sont en dehors de la politique. On vous parle « d’une partie » de votre belle-famille qui est dans le régime actuel. L’oncle de votre femme est depuis 2016 un homme très proche d’Azali, il avait placé son beau-fils comme conseiller juridique à Beit-Salam. Sa fille, Najda Said Abdallah, est aujourd’hui la seule femme Secrétaire générale d’un ministère, elle vient d’accéder au poste de numéro 3 du parti au pouvoir, la CRC, chargée des Finances, très proche de Nour el Fath Azali… Cette « partie » de votre belle-famille n’aurait-elle pu agir en votre faveur ?
ASM – Je pense avoir déjà répondu à la question. Je ne suis pas responsable des choix politiques des uns et des autres. Vous devriez aller leur demander. Je sais une chose : nul n’a eu à négocier avec Azali pour moi. Cet homme ne me fait aucunement le moindre effet. Les régimes en fin de mandat ne font que de pathétiques gesticulations.
Masiwa – Votre parti a-t-il l’intention d’aller aux élections en 2024 ? Serez-vous candidat ?
ASM – En tant que mouvement révolutionnaire, mais politique, notre travail est de défendre nos idées. Azali a montré qui sont ses opposants, il s’agit du président Sambi et ses compagnons et le mouvement HURY.
Nous n’avons pas le droit d’abandonner la population. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui qui justifierait que nous arrêtions ? Au contraire, nous sommes encore plus convaincus et plus déterminés que jamais.
Nous travaillons à éradiquer la peur instaurée dans la tête des Comoriens. Et les rencontres que nous faisons nous montrent à quel point nos idées sont plébiscitées et c’est le plus important.
Notre mode de fonctionnement ne me permet pas de dire si c’est moi ou un autre qui porterait nos idées. Nous sommes un mouvement avec un fonctionnement horizontal et non pyramidal, sans chef suprême, comme les partis politiques comoriens.
Masiwa – Ce n’est pas un peu la langue de bois contre laquelle vous luttez ? Est-ce que votre parti aura des candidats aux présidentielles et aux élections des gouverneurs en 2024 ?
ASM – Hury n’abandonnera pas son combat légitime de transformer ce pays en profondeur. Nous travaillons avec nos militants, les réunions sont en cours et la question est de voir la meilleure des façons de prendre nos responsabilités dans les jours à venir.
La décision reviendra aux militants et vous serez les premiers avertis.
Masiwa – Comment avez-vous retrouvé le pays après quatre ans d’exil ?
Achmet Saïd Mohamed – J’ai découvert un pays dans une misère extrême, enfermé dans ses maux, car incapable de les dénoncer. Des pénuries de carburant à répétition, l’électricité devenue une étoile filante conduisant à une paralysie totale de l’économie, une inflation importante : le kilo de riz ordinaire coûte près de 650FC, il coûtait à peine 300FC en 2016. Le litre d’essence est à 750FC à Moroni et Mutsamudu et 800FC à Mwali : une autre injustice sur l’injustice. Des frais de transport qui ont augmenté de près de 50%. Des commerçants asphyxiés par des frais de douane qui augmentent à mesure que les besoins de financement des voyages d’Azali augmentent.
Des sociétés d’État en état de mort cérébrale, gangrénées par une corruption généralisée et incapables de fournir les services dont elles ont un monopole. ONICOR, malgré un rachat de sa dette abyssale par la Banque Centrale est incapable de commander du riz, la SCH qui fonctionne comme une épicerie de quartier et qui doit faire venir quatre bateaux en un mois. Un chômage de masse et surtout un régime sans la moindre solution pour la jeunesse et qui la pousse à fuir le pays.
En résumé une population affamée et apeurée obligée de suivre le fils Azali partout pour avoir la paix et espérer un stage. Alors, en guise d’échappatoire, le peuple se réfugie dans les festivités du mariage pour oublier son calvaire.
Masiwa – quelles sont vos intentions après ce retour ?
ASM – Retrouver les miens est déjà le plus important. Nous avons installé dans le cœur de la jeunesse comorienne la nécessité d’une révolution dans ce pays. Et notre rôle est de continuer à expliquer et à enrichir cette perspective. Beaucoup de jeunes nous sollicitent et ont des questions perspicaces alors le mouvement HURY qui a été persécuté pendant plus de quatre ans répond sans rechigner à toutes ces demandes. Aujourd’hui la situation nous montre que c’est nous qui avions raison.
Masiwa – Vous étiez recherché par le pouvoir en place, certains de vos compagnons de route ont été condamnés et certains ont fait de la prison pour les mêmes faits que ceux qui vous étaient reprochés, pourquoi avez-vous bénéficié d’un non-lieu ?
ASM – Rectification, aucun membre du mouvement HURY n’a été condamné pour quoi que ce soit. Nous avons été victimes d’accusations fallacieuses visant à nous discréditer aux yeux des communautés nationales et internationales. Nous avons été victimes d’un acharnement judiciaire et de violences physiques inouïes. Nous sommes le mouvement antisystème et tout le monde voulait nous voir disparaître et pourtant nous sommes là et encore plus forts et plus déterminés.
La levée des contrôles judiciaires abusifs est un aveu que ces gens ont menti pour nous museler. Cela montre aux Comoriens que ce dossier est vide et qu’ ils sont dans l’incapacité de présenter la moindre accusation devant un juge.
Masiwa – Effectivement, le terme exact est « écroué ». Certains de vos compagnons ont fait de la prison et ont été libérés selon la volonté du chef de l’État, sans jugement, sans « non-lieu ». Pourquoi vous, vous avez pu bénéficier d’un « non-lieu » ?
ASM – Si on s’en tient aux textes de ce pays, un contrôle judiciaire ne peut aller jusqu’à quatre ans. Cela signifie que les accusations sont infondées. Car, si au bout de 4 ans, il n’y a toujours pas d’éléments à charge à présenter devant un juge, cela montre la supercherie. Ils ont juste cru nous avoir suffisamment brisé et que nous ne pourrions pas nous remettre debout. Nous sommes encore plus déterminés que jamais.
Masiwa – Comment et avec qui avez-vous négocié votre retour au pays ?
ASM – Mon retour n’était pas à négocier. Une fois que le gouvernement d’Azali a reconnu son mensonge et sa forfaiture en libérant les membres de HURY et donc que la vérité fut rétablie, je n’avais aucune raison de ne pas rentrer. Cette histoire de négociation me fait plus sourire qu’autre chose.
Dès mon arrivée une autorité judiciaire comorienne m’a clairement menacé. En me disant qu’un mandat d’arrêt est déjà prêt et qu’à tout moment ce mandat sera exécuté. Mais comme je l’ai dit plusieurs fois : personne ne m’impressionne dans ce pays aujourd’hui. Négocier quoi avec qui et pour quel résultat. On négocie quand on sait que la parole ou la signature a une valeur. AZALI ne respecte ni sa parole ni sa signature. Négocier avec lui est juste une perte de temps.
Masiwa – Pourtant, après votre retour, dans une vidéo, vous disiez que vous n’avez pas négocié avec Azali, mais avec la communauté internationale… Quels ont été les termes de la négociation ?
ASM – On ne mène pas de négociations avec la communauté internationale. Nous présentons des faits et ces faits permettent à différentes instances internationales de plusieurs niveaux et surtout qui sont les seules que les gens comme Azali écoutent, pour que ces instances pèsent de tout leur poids sur les dictateurs.
Nous n’appelions pas cela de la négociation, mais de la diplomatie. Lorsqu’Azali a pris la tête de l’Union africaine, il a des devoirs qui lui tombent dessus et nous avons bondi sur cette occasion pour faire comprendre qui il est réellement et cela lui a été fermement reproché et l’a complètement fragilisé. Nous sommes en capacité de le faire plier, ce que nous comptons bien faire. Et nous ne manquerons aucune occasion pour cela.
Masiwa – Certains ont prétendu que votre belle famille, dont une partie bénéficie des largesses du régime en place, aurait permis que vous soyez blanchi de toutes les accusations qui pesaient sur vous, êtes-vous au courant ?
ASM – Comme tout Comorien nous avons tous des membres de la famille proches ou éloignés qui ont des postes politiques. Curieusement, ma belle-famille n’en fait pas partie. Ce sont des gens qui vivent de leur métier hors de la politique. Je trouve cela insultant de dire que ma belle-famille bénéficierait d’une largesse de qui que ce soit. Mes beaux-frères sont des gens honnêtes, sérieux, qui vivent de leurs métiers. Mon feu beau-père, que Dieu agrée son âme, était connu pour son honnêteté, sa probité et son patriotisme. Ce genre de phrases est une insulte pour ces personnes d’une grande dignité.
Masiwa – Il ne s’agit ici ni des morts ni de ceux qui sont en dehors de la politique. On vous parle « d’une partie » de votre belle-famille qui est dans le régime actuel. L’oncle de votre femme est depuis 2016 un homme très proche d’Azali, il avait placé son beau-fils comme conseiller juridique à Beit-Salam. Sa fille, Najda Said Abdallah, est aujourd’hui la seule femme Secrétaire générale d’un ministère, elle vient d’accéder au poste de numéro 3 du parti au pouvoir, la CRC, chargée des Finances, très proche de Nour el Fath Azali… Cette « partie » de votre belle-famille n’aurait-elle pu agir en votre faveur ?
ASM – Je pense avoir déjà répondu à la question. Je ne suis pas responsable des choix politiques des uns et des autres. Vous devriez aller leur demander. Je sais une chose : nul n’a eu à négocier avec Azali pour moi. Cet homme ne me fait aucunement le moindre effet. Les régimes en fin de mandat ne font que de pathétiques gesticulations.
Masiwa – Votre parti a-t-il l’intention d’aller aux élections en 2024 ? Serez-vous candidat ?
ASM – En tant que mouvement révolutionnaire, mais politique, notre travail est de défendre nos idées. Azali a montré qui sont ses opposants, il s’agit du président Sambi et ses compagnons et le mouvement HURY.
Nous n’avons pas le droit d’abandonner la population. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui qui justifierait que nous arrêtions ? Au contraire, nous sommes encore plus convaincus et plus déterminés que jamais.
Nous travaillons à éradiquer la peur instaurée dans la tête des Comoriens. Et les rencontres que nous faisons nous montrent à quel point nos idées sont plébiscitées et c’est le plus important.
Notre mode de fonctionnement ne me permet pas de dire si c’est moi ou un autre qui porterait nos idées. Nous sommes un mouvement avec un fonctionnement horizontal et non pyramidal, sans chef suprême, comme les partis politiques comoriens.
Masiwa – Ce n’est pas un peu la langue de bois contre laquelle vous luttez ? Est-ce que votre parti aura des candidats aux présidentielles et aux élections des gouverneurs en 2024 ?
ASM – Hury n’abandonnera pas son combat légitime de transformer ce pays en profondeur. Nous travaillons avec nos militants, les réunions sont en cours et la question est de voir la meilleure des façons de prendre nos responsabilités dans les jours à venir.
La décision reviendra aux militants et vous serez les premiers avertis.
Propos recueillis par MiB