À l’aube de ce mercredi 28 août, nous avons appris la douloureuse disparition du capitaine Rachad Abdallah, ancien militaire de l’Armée nationale.
Par Abdillah Mohamed Soilhi, retraité
Après l’obtention de son baccalauréat en 1987, Rachad Abdallah passa avec succès un concours pour entrer dans la prestigieuse École Saint-Cyr en France, ainsi que, si je ne me trompe pas, Amdjad l’autre officier originaire de Shuwani dans le Hambuwu.
Sportif dès son plus jeune âge et attiré par la carrière militaire, sous le régime révolutionnaire d’Ali Soilihi, ses camarades du quartier Traléni et lui ont défilé, armés de bâtons, en imitant les « révolutionnaires de Mongozi ». Il se plaçait en tête du très jeune groupe et déjà, on l’appelait « capitaine ».
Ainsi, les cieux ont bien répondu à son souhait, car après sa formation, il a été par la suite promu capitaine, un grade qui lui collait à la peau jusqu’à la fin.
Sérieux et toujours dévoué à ses fonctions de militaire et technicien, il avait évidemment pris part aux combats contre les rebelles de 1992 au temps du pouvoir Djohar.
De surcroît, il faisait partie de ceux qui ont affronté les mercenaires dirigés encore par le sinistre Bob Denard en septembre 1995, lesquels étaient venus destituer le « père de la démocratie » (le président Saïd Mohamed Djohar dit Papadjo). Cette tentative de déstabilisation aux Comores a marqué l’arrivée du soir pour les deux chefs, Djohar et Denard
Rachad Abdallah, de formation en formation dans divers pays, notamment le Sénégal, il avait acquis certains diplômes, sans négliger pour autant sa pratique sportive. D’ailleurs, il était un des représentants, en tant qu’athlète, aux Jeux des iles de l’océan Indien qui déroulaient à l’ile Maurice en 1985.
De même, je me souviens également qu’en 1990, accompagné de certains de mes élèves du collège de Mbouéni (Moroni), nous avions passé la nuit à Maweni (Mboudé), la localité natale de sa mère. Dès qu’il eût pris connaissance de notre présence dans le village, il n’hésita pas, sous la pluie battante, de venir nous rendre visite et de passer beaucoup de temps en causant avec nous.
De ses qualités humaines, courtoisie et respect surtout envers nous, ses ainés et ses camarades de promotion, il aimait bien converser avec tout le monde.
Il se fit connaitre du grand public, lors de la prise de pouvoir par les militaires dirigés par le chef d’État-major, le colonel Assoumani Azali. Devenu le porte-parole des putschistes et très proche de son chef, mais vigilant, effectuant son travail correctement.
À la suite d’un désaccord, il fut contraint de quitter le navire militaire.
Toujours méfiant, il voyage et atterrit chez l’oncle Sam, aux Etats-Unis. À la suite d’une formation technique, il se mit au travail et a réussi également à évacuer la plupart des siens. Sans oublier son pays natal, il faisait des va-et-vient et il y a peu de temps, il recrutait des vigiles pour assurer la sécurité de la grande mosquée de Moroni. Toujours craint et surveillé, d’aucuns l’avaient accusé de préparer un sale coup.
Son dernier voyage a eu raison de lui, car ceux, nombreux qui ont fait le déplacement pour lui rendre hommage, y compris le chef de l’État, un de ses anciens ministres venant de Maweni, c’est pour témoigner aux yeux de tous combien Rachad Abdallah, l’ancien capitaine était un patriote sincère aimant servir son pays, notamment au sein de l’armée, sa vocation depuis l’enfance.
Repose en paix, frère !