Les grands médias internationaux ne s’intéressent que d’une manière marginale au drame que vit actuellement la République démocratique du Congo (RDC). Pourtant, un génocide terrible est sans doute en cours à l’est du pays.
La République démocratique du Congo (RDC), située en Afrique centrale, s’étend sur 2 345 409 km2, ce qui en fait le 11e pays le plus vaste au monde. Doté d’une biodiversité exceptionnelle, le pays abrite une riche variété de faunes et de flores grâce à ses vastes forêts équatoriales et ses nombreux lacs. Il partage ses frontières avec neuf pays africains, notamment la République centrafricaine, le Soudan du Sud, la République du Congo, l’Angola, la Zambie, le Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda et le Rwanda. Avec une population estimée à 99 millions d’habitants en 2023, la RDC est confrontée à une crise humanitaire et à une insécurité persistante, en partie due à la convoitise internationale pour ses importantes ressources naturelles. Cette crise se concentre particulièrement dans l’est du pays, où des événements tragiques qualifiés de génocide par la communauté internationale ont lieu. Des personnalités publiques telles que Sally et Mélanie Da Cruz, ainsi que des artistes comme Damso et Innoss’B, originaires de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, se sont mobilisés pour sensibiliser le monde à la situation dans cette région.
La pauvreté est une arme de déstabilisation.
La pauvreté est le fait de ne pas réussir à subvenir à ses besoins, de vivre dans des conditions défavorables. C’est un phénomène très large, perçu essentiellement par le manque de nourriture et de logement. La pauvreté englobe les manquements à la dignité humaine, le fait de ne pas avoir accès à un emploi créatif. La RDC s’insère dans le classement des nations les plus pauvres au monde. Soixante millions de personnes vivent avec moins de 2,15 dollars par jour d’après la Banque mondiale, malgré toutes les ressources naturelles dont dispose ce pays. La pauvreté se présente comme un danger dans le monde et surtout en RDC, car elle déstabilise le bon fonctionnement du système.
Avec les difficultés et dans la lutte pour la survie, la pauvreté est devenue une des causes de la guerre, mais aussi un facteur de déstabilisation. Certains mettent à nu leur dignité pour survivre, une partie de la population congolaise est victime des conséquences de la pauvreté.
La guerre accentue la pauvreté. Elle occasionne plusieurs morts dues aux difficultés d’accès aux services de santé, à la malnutrition qui engendre des maladies graves. Les conditions difficiles dans les camps de réfugiés, qui sont pleins à craquer, sont un terreau aux maladies. La pauvreté elle-même alimente les guerres, permet de manipuler et de corrompre les individus facilement. Cela peut attiser des conflits intercommunautaires qui peuvent avoir plusieurs facettes. Mais en RDC, la pauvreté est l’un des éléments qui alimente et qui ralentit les ambitions du président Félix Tshisekedi.
En somme, on peut constater que la pauvreté est un couloir de la mort. Elle entraîne d’une manière directe ou indirecte la mort de beaucoup de personnes. Le manque d’emploi, de nourriture saine, de soin et d’éducation complique la vie au Congo, notamment dans la région du Kivu où les conditions de vie sont invivables. La République démocratique du Congo traverse une crise humanitaire depuis des années, une crise qui attriste la communauté internationale. Cela pousse ceux qui s’intéressent de plus près à ce pays à se demander comment un pays peut-il posséder autant de richesses et ne pas réussir à se développer et demeurer aussi longtemps dans la lutte contre la pauvreté.
L’ethnicité, un facteur de division en Afrique ?
On retrouve parmi les causes qui déstabilisent le Congo et contribuent au massacre de plusieurs millions de personnes la question ethnique. L’ethnicité divise. On observe des tensions ethniques. Dans cette zone de l’Est du Congo, des conflits interethniques et intraethniques se sont développés, ce qui rend le génocide complexe. Il faut noter que l’Afrique est un continent ayant une diversité culturelle et des centaines d’ethnies. Le passage des colons a fissuré les liens et a détruit la beauté du continent en divisant des peuples qui autrefois ne formaient qu’un seul. L’Afrique a perdu son identité au vu des nouvelles frontières reconnues par le droit international. Depuis, on remarque une segmentation entre les Africains, ce qui a créé des tensions ethniques dans la région des Grands Lacs. La région Est du Congo est devenue l’arène du génocide rwandais qui opposait Tutsi et Hutu et qui s’est ensuite exporté vers le Congo. Il est possible de tirer des ressemblances entre le génocide congolais et les actes génocidaires commis par l’État israélien à Gaza, et l’autre ressemblance porte sur les questions de la terre qui opposent les autochtones et les immigrés, entraînant des bains de sang. Dans cette région, l’on peut très bien faire face à une forte discrimination entre les ethnies africaines qui se déchirent au sein d’un seul État. Les causes qui sont à l’origine de ces massacres peuvent être aussi politiques, économiques ou l’accès aux ressources naturelles. Tout cela divise la RDC. Ajoutez les rebelles qui massacrent et perturbent la stabilité de la région. Cela fait de la région des Grands Lacs, un véritable cimetière. Il est difficile de donner un chiffre exact des victimes que les groupes rebelles ont tué, car les causes des morts sont nombreuses.
La convoitise des ressources reste le brasier du génocide.
Le drame qui se déroule à l’Est du Congo est un génocide qui arrange certaines nations, à cause des ressources pillées. Ces ressources servent à l’accroissement économique d’autres puissances. Il suffit de penser à l’uranium qui fait fonctionner les centrales nucléaires qui produisent de l’électricité. Ou aux pierres précieuses qui sont importantes pour l’industrie de la gemmologie, des pierres recueillies illégalement et dans des conditions inhumaines. Les minéraux comme le coltan dont 60 à 80% des réserves mondiales se trouvent dans la région de Kivu, le cobalt et le cuivre qui sont indispensables à la production des téléphones et des ordinateurs portables. Le cuivre étant un bon conducteur de courant, il est utilisé pour l’électricité, dans la plomberie et dans d’autres domaines. L’ensemble de ces ressources reste convoité à l’échelle mondiale.
Le génocide congolais est instrumentalisé. On parle d’une ingérence étrangère. Les questions posées sont : qui militarise les groupes rebelles ? Où trouvent-ils les fonds nécessaires pour se procurer des armes ? Est-ce que d’autres acteurs ne profitent pas de la situation entre les tensions ethniques et la pauvreté pour mettre la main sur les ressources minières congolaises ? Ce sont des questions qui font l’objet de réflexions, qui ont bien sûr des réponses à travers les témoignages de personnes victimes. Plusieurs rapports donnent de plus amples explications sur la question. À savoir que l’Afrique ne fabrique pas d’armes, et nulle part ailleurs en Afrique, on ne peut se procurer des armes à feu. Les tensions ne sauraient faire autant de victimes si elles n’étaient pas instrumentalisées, s’il n’y avait la complicité d’une cabale complotiste ayant pour objectif la déstabilisation de la région.
Aujourd’hui, certains accusent le régime de Kigali d’être à l’origine de cette déstabilisation, mais le gouvernement de Paul Kagame nie ces allégations. D’autres parlent aussi de l’Ouganda ou du groupe M23 qui avait été repoussé jusqu’à trouver refuge dans le pays de Yoweri Museveni. La région Est du Congo connaît une instabilité sans précédent qui s’observe au Nord Kivu, au Sud Kivu ainsi qu’au Maniema.
On peut donc remarquer qu’il y a une multitude de causes qui déstabilisent la région Est du Congo, lieu où sont perpétrés des crimes odieux
Atrocités et effets déshumanisants
Les richesses que possède la RDC lui coûtent cher, car malheureusement elle fait l’objet de convoitise depuis des années à cause des ressources qui existent sur son territoire. Les Occidentaux font tout pour piller les richesses africaines. La République démocratique du Congo connaît de lourdes conséquences : presque 6 millions de vies à déplorer, soit un nombre 6 fois supérieur à la population comorienne, près de 4 millions de déplacés, des camps de réfugiés saturés et des centaines de milliers de personnes appauvries.
Cette situation difficile alimente la pauvreté, suivie par des maladies comme la malnutrition, laissant place à une insécurité alimentaire aiguë. La région Est du Congo est plongée dans un traumatisme sans nom, entre les cadavres, les assassinats cruels, des crimes sanguinaires, cruels et les actes monstrueux.
Les conditions de vie très difficiles occasionnent d’autres décès, entre les difficultés liées à l’accès à une nourriture saine, à l’accès à l’eau potable et les difficultés liées à l’accès à des services de santé. C’est une région où l’on ne peut rien garantir. Puisque les établissements sont détruits et ne fonctionnent pas, ce qui est en défaveur des jeunes apprentis qui devraient être scolarisés. De ce fait, l’enseignement dans cette zone de tensions reste un vrai souci, ce qui est vraiment regrettable. Ces enfants qui devraient garantir dans un écosystème stable se retrouvent dans une situation désespérante. L’UNICEF parle de près de 40 000 enfants présents dans les mines. Une activité pourtant interdite aux enfants.
On peut aussi parler des violences sexuelles commises. En 2004-2005, l’ONU et les organisations non gouvernementales (ONG) estimaient que jusqu’à 100 000 femmes avaient été violées dans l’ensemble des provinces de l’Est de la RDC. Ces violences ont pour conséquences de maintenir la République démocratique du Congo à terre et l’empêchent de se relever et d’avancer.
On peut très bien constater qu’il y a une vraie violation des droits humains : aucun droit n’est respecté. Sur la scène internationale, il y a une galerie d’instruments juridiques qui garantissent les droits et les libertés, des principes qui sont universellement reconnus. Les États ont l’obligation de garantir le droit à la vie. Les événements tragiques que connaît la région de Kivu constituent une violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, mais aussi une violation de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que les autres instruments juridiques qui protègent l’homme sur le plan international contre les actes odieux, attentatoires à la vie humaine.
Les aspirations démocratiques pour le Congo-Kinshasa
Pour prévenir le génocide au Congo, il est crucial d’internationaliser cette question afin de mobiliser une réponse mondiale. Les acteurs humanitaires, tant étatiques que non gouvernementaux comme Médecins Sans Frontières et Human Rights Watch, ainsi que des organisations internationales telles que l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et l’Organisation Internationale du Travail (OIT), doivent collaborer pour soutenir cette cause noble. L’UNICEF est essentiel pour protéger les enfants vulnérables et assurer leur accès à l’éducation, tandis que le PNUD doit renforcer les initiatives de développement. La MONUSCO doit continuer d’appuyer l’État congolais militairement. Il est impératif que la communauté internationale s’indigne face à ces crimes et que des mesures soient prises pour mettre fin à l’impunité.
Les violations des droits de l’homme, notamment les violences sexuelles, les massacres, le recrutement d’enfants soldats et les déplacements forcés, doivent être condamnées avec fermeté. Les crimes commis doivent être poursuivis sans égard à la nationalité des coupables. Les forces armées congolaises doivent opérer avec précision pour ramener une paix durable, tout en évitant les conflits ethniques qui divisent le continent et profitent aux puissances étrangères. La stigmatisation au Kivu doit cesser, et les ressources congolaises doivent bénéficier à la population congolaise dans son ensemble. La réforme du processus de Kimberley pour une extraction des pierres précieuses transparente est primordiale pour réduire les trafics et contribuer à la paix dans la région.
La question des droits des femmes est cruciale, et il est impératif de mettre fin aux viols et aux violences domestiques. Les femmes doivent être traitées avec dignité et bénéficier des mêmes droits que les hommes. Le gouvernement congolais et la communauté internationale doivent travailler ensemble pour lutter contre la pauvreté, les conflits et promouvoir les principes démocratiques pour un avenir meilleur pour la République démocratique du Congo, en particulier dans la région du Kivu.
HOUDAIDJY Said Ali
Étudiant en sciences juridiques et politiques
Dakar – Sénégal