Des femmes d’origines comoriennes qui vivent en France ont créé un mouvement humanitaire et social dénommé « collectif des femmes engagées comoriennes de France ». En vue de connaitre les objectifs ainsi que les actions menées par cette association, Masiwa a rencontré la présidente, Zainaba Abdourahamane. Propos recueillis par Natidja HAMIDOU
Masiwa – Depuis quand existe le collectif « Femmes engagées comoriennes de France » ? Où se trouve-t-il ?
Zainaba Abdourahamani – Le Collectif « Femmes engagées Comoriennes de France » est un groupe de femmes réunies pour accueillir et accompagner l’engagement bénévole et la participation active des adhérent(e)s, à la vie du collectif, partager des savoir-faire, soutenir toute initiative ou projet. Le Collectif est ouvert à toutes et à tous.
Lancé en 2018, un groupe de femmes franco-comoriennes a mené des réflexions dans le but de dénoncer, condamner, combattre toutes les formes d’injustices. Puis, il a été décidé de se structurer sous l’appellation :
« COLLECTIF DES FEMMES ENGAGÉES COMORIENNES DE FRANCE ».
Le siège de l’association se trouve dans la ville de SARCELLES. Nous avons une référente à Marseille, Madame Haïdar Koulouthoumi. Aux Comores, nous avons eu des échanges avec la présidente de l’ONG HIFADHWI, Mme Goulam Rahamatou et les membres de bureau pour un éventuel partenariat. Nous sommes dans la phase de finaliser les conditions de partenariat. On espère reprendre nos échanges prochainement.
Masiwa – Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette association ? Quel est le but à atteindre ?
Zainaba Abdourahamani – La mort de la jeune femme d’une trentaine d’années, une maman de deux enfants qui était enceinte et qui a été poignardée plusieurs fois par son mari ne nous a pas laissées indifférentes. Elle est décédée ainsi que son bébé.
Le Collectif s’inscrit dans une démarche d’informer, de sensibiliser et de mobiliser les femmes comoriennes pour défendre leurs droits. Il a pour but de faire reculer toutes les formes de discriminations et de domination, le sexisme et le racisme, faire avancer l’égalité et les droits des femmes, qu’il s’agisse de droit, de l’accès à l’emploi, de l’égalité des femmes et hommes au travail, de la parité ou de la lutte contre toutes les violences faites aux femmes et aux enfants.
Masiwa – L’association totalise combien de membres ?
Zainaba Abdourahamani – Nous sommes une douzaine qui avons honoré leurs adhésions ; sur les réseaux sociaux du collectif des Femmes Engagées Comoriennes de France et de FEC NARI ZAMBE celles et ceux qui nous suivent sont nombreux.
Masiwa – Depuis sa création, quelles sont les activités réalisées ? Quelles sont les activités en cours de réalisation ?
Zainaba Abdourahamani – En 2020, nous avons été très actives. Dans le désordre nous avons célébré la Journée internationale des Droits de la femme, mené une mobilisation pour dénoncer les violences faites aux femmes et aux enfants sur RTMC (« Stop violences ») ; organisé une Conférence sur le viol, un sit-in pour sensibiliser l’opinion publique dans les réseaux sociaux. Nous avons également envoyé avec d’autres associations une lettre ouverte au président Azali Assoumani le 30 mars 2020 sur la non-application des lois. Nous nous sommes associés à la caravane de la protection de l’enfant le 24 octobre 2020 avec plusieurs autres associations.
En 2021, en collaboration avec la Coordination Solidarité Comores (CSC), nous nous sommes donné comme objectif de lutter efficacement contre le coronavirus aux Comores.
Masiwa – Quels sont les modalités pour adhérer à votre association ?
Zainaba Abdourahamani – Les personnes peuvent nous contacter par mail: femme397@gmail.com, ou nous envoyer sur Facebook. Nous avons mis en ligne sur la page Facebook un lien pour adhérer à HelloAsso,
Masiwa – Avez-vous des partenaires ?
Zainaba Abdourahamani – Nos partenaires actuels sont la ville de Sarcelles, Mouvement de Lutte contre les Violences sexuelles (MLVS), Coordination solidarité Comores (CSC), l’association Mvukisho Ye Masiwa (MYM), Binkadi-So de Villejuif, Femmes de l’Océan Indien de Villejuif, La caravane « LA CAUSE ».
Masiwa – En tant que femme d’origine comorienne, quel est votre point de vue par rapport aux droits de la femme aux Comores ?
Zainaba Abdourahamani – Notre pays a ratifié les conventions internationales en faveur des droits de la femme. Nous disposons d’une politique nationale en matière d’équité et d’égalité de genre. Mais entre les conventions et la mise en application, nous sommes trop loin à ce niveau.
Il y a eu des acquis, le droit à la scolarité, le droit de vote, le droit de travailler, la liberté d’expression. Malgré ces lois, le harcèlement sexuel ou moral de la femme n’est pas puni par la loi comorienne. Les inégalités sont toujours visibles.