Ces conventions et accords cadres qui engagent le pays et qu’on peine à honorer. Trois ans après les accords tripartites de libre-échange à Charm-el-Cheikh, le texte n’est toujours pas ratifié au niveau pays. Deux émissaires du Comesa sont venus plaider auprès des autorités compétentes et le secteur privé pour cet agrément. C’est une ouverture de plus 700 millions de personnes. Néanmoins, actuellement, les Comores ne perdent rien à attendre car elles n’ont pas de produits à proposer à ce vaste marché.
Sous le régime d’Ikililou, les Comores ont signé les accords de libres échanges dans la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheikh en 2015. Cependant jusqu’aujourd’hui, sa ratification est en souffrance. Comme tant d’autres conventions et accords d’ailleurs. L’archipel fait partie des 29 pays du continent ayant signé ces accords.
Pourquoi jusqu’aujourd’hui, ils ne sont toujours pas ratifiés ? Qu’est-ce que les Comores y perdent ou au contraire gagneraient si cet agrément est acté?
Le Secrétariat Général du Comesa était sur le territoire hier 13 novembre pour faire le plaidoyer de cette ratification auprès des institutions compétentes telles que le Ministère des finances, celui du commerce et le secteur privé. Depuis 2015, 5 pays bénéficient de ces accords.
Plus de 700 millions de personnes composent ce vaste marché commun qui s’offre à la production comorienne. Et le problème est là. Car les Comores n’ont pas suffisamment de produits à proposer à l’exportation. Ces accords ne sont donc que potentiellement bénéfiques. Non seulement, mais pour que le pays exporte, il faudra que les consommateurs comoriens soient satisfaits de la production interne. Il y’a aussi le casse-tête des normes internationales du commerce qui font barrage. Aujourd’hui le pays ne dispose d’aucun laboratoire phytosanitaire. Selon Said Abdou Salim coordonnateur du cadre intégré renforcé-Direction du Comesa, les Comores « n’ont rien à perdre à ne pas ratifier ces accord, car elles n’ont rien à apporter sur le marché. La seule chose qu’on perd c’est la crédibilité.»
Ces accords sont une opportunité d’ouverture. D’abord dans la région de l’Océan Indien. Les pays du Comesa ont un taux d’ouverture de 70% ; pendant que les Comores n’arrivent même pas à atteindre les 50 % dans les îles voisines de l’Océan Indien. La faute à des barrières très élevées pour les commerçants Comoriens. « Aujourd’hui, les commerçants Comoriens traitent avec les secondes mains dans la région. Ce qui n’est pas normal car nous avons la chambre de commerce. Cela veut dire tout simplement qu’elle ne fait pas son travail. Certes la ratification nous ouvrirait plusieurs portes. Mais nous n’avons rien à proposer. On parle de l’identification de « marchés niches », d’accord, mais là aussi nous sommes coincés avec les normes internationales et la loi sur les phytosanitaires, et la certification. Aucun pays au monde, aucune organisation, comesa, sadec, ou autres, personne ne permettra l’empoisonnement de sa population. Pas de normes, pas de certifications, pas d’exportations. Il faut que les produits comoriens soient certifiés. Si nous ratifions ces accords, certes les Comores seront ouverts à la région voire au continent, oui mais après? On leur offre quoi à ces 700 millions de personnes ? » S’interroge le coordinateur. Et de rajouter, « une fois que le pays aura ratifié ces accords, le producteur sera dans l’obligation de changer de mentalité. Car ce qui se fait ici, ne se fait pas ailleurs. Les entrepreneurs comoriens doivent penser comment évoluer, comment gagner ce marché des pays africains. Comment être compétitive. Je t’assure qu’ils ne sont pas préparés à faire ce grand saut ».
Par Hayatte Abdou