La diaspora comorienne en France a organisé à Marseille une manifestation qui a regroupé un nombre important de ressortissants de l’archipel venus de différentes villes de France, en particulier de Paris et de Lyon.
Les Comoriens de France, opposés dans leur grande majorité à la dictature qui sévit dans leur pays depuis 2018, ont déambulé dans les rues de Marseille derrière une grande banderole sur laquelle on pouvait lire : « Liste des prisonniers politiques aux Comores/emprisonnés sans procès, pour délits d’opinion » avec les portraits de l’ancien président Sambi, de Mohamed Ali Soilihi, l’ancien candidat aux présidentielles de 2016, du Gouverneur élu d’Anjouan, de l’ancien journaliste Abdallah Agwa, de Saleh Assoumani, activiste dans les réseaux sociaux et d’autres opposants tous en prison depuis plusieurs années ou plusieurs mois, sans l’espoir d’être jugés un jour.
Deux ombres planaient sur cette manifestation. Celle du major Hakim assassiné lors d’une séance de tortures au camp militaire de Sangani et enterré à la va vite sans le lavage et la prière dus aux morts dans la religion musulmane. Un portrait de lui était aussi en début de manifestation. Et celle de l’ex président Sambi, emprisonné depuis trois ans sans jugement. La phrase qu’il avait prononcée en 2018 avant son arrestation a été rappelée dans une banderole et par plusieurs intervenants : “Je ne crains pas la Justice, mais l’Injustice”.
On peut noter que les Comoriens manifestent à Paris et à Marseille depuis 2018 pour demander la fin de la dictature aux Comores. Ils n’ont fait des pauses que pendant les périodes de confinement dû à la covid-19. L’enthousiasme reste quasiment le même. Ils totalisent plus de 100 manifestations à Paris, un peu plus à Marseille et dans d’autres villes de France. À l’instar de Marseille, les autorités françaises accordent facilement des autorisations de manifester à cause de la discipline et de l’ambiance de bonne humeur qui règne dans ces regroupements, pendant lesquels les Comoriens alternent les discours politiques, les attaques contre le gouvernement du colonel Azali et ses partisans, les chants et les danses. Au cours de ces centaines de manifestations, il n’y a jamais eu une seule casse dans un contexte où chaque manifestation à Paris ces derniers temps finit par des dégradations de devantures de magasins et banques. C’est un point sur lequel chaque Comorien, quel que soit l’endroit où il se trouve peut être fier.
A l’intérieur du pays, vendredi, à la fin de la prière, une manifestation non autorisée (le gouvernement n’autorise plus les manifestations depuis plus de trois ans) a été organisée dans la ville de Mbeni, fief de Mohamed Ali Soilihi dit Mamadou pour réclamer le départ du colonel Azali et la libération des prisonniers politiques. Il n’y a eu aucune intervention de l’armée.
L’opposition, surtout celle qui a été contrainte de prendre le chemin de l’exil vers Paris, continue à affirmer qu’Azali quittera le pouvoir le 26 mai, date de la fin de son mandat consécutif à son élection en 2016.
La Rédaction