La bibliothèque universitaire de Mvouni fonctionne à l’ancien. Les ordinateurs ont cédé la place au papier. Plus de 5000 livres sont accessibles. Mais la plupart de cette documentation n’est pas en adéquation avec les programmes enseignés. Les responsables se plaignent du manque cruel de financement. Ils ignorent même l’existence d’un budget alloué à son fonctionnement. Pourtant, la direction centrale en a la gestion. Le contraste est saisissant entre la disette à Mvouni et l’opulence à la FST. Pourquoi tant de différence? Par Hayatte Abdou
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C’est un bâtiment délabré vu de l’extérieur. Les murs initialement peints en blanc sont devenus gris. La bâtisse tombe en miette laissant entrevoir le ciment. Elle est construite sur deux étages. Le rez-de-chaussée est l’espace de lecture, de révisions et fait office de salle de travail des étudiants. Le premier étage est réservé à la salle d’informatique.
C’est depuis janvier 2008 que la bibliothèque universitaire abritée dans le site de Vouni est inaugurée.
C’est dans une salle pratiquement vide que nous nous trouvons ce matin. Des tables-banc et des chaises sont placées pêle-mêle. Pas plus d’une dizaine d’étudiants sont assisses, certains ont l’air d’être concentrés, travaillent pendant que d’autres papotent. Des étagères sont placées d’ici et là pour classer les livres.
Des documents et des besoins
Plus de 15000 documents de différentes matières sont enregistrés dans la bibliothèque. La plupart sont du domaine du droit et des sciences économiques. Pas moins de trois salles sont remplies d’ouvrages. Cependant, si ce ne sont pas les livres qui manquent dans les rayons, la plupart d’entre eux « ne sont pas conformes aux besoins des étudiants », déclare kassim, un agent de la bibliothèque. Sont des livres donnés, par des institutions universitaires comme Perpignan et par des particuliers. L’administration n’a « jamais acheté de document de ses fonds » affirme Hachim Ibrahim archiviste.
A l’âge de pierre
Aucun ordinateur ne fonctionne dans cet établissement. D’ailleurs aucune machine n’est posée sur un bureau.
Même chose en ce qui concerne l’informatisation des documents. Le système de classement n’est pas informatisé. Il se fait à la main, à l’ancien. La machine a laissé la place à des petites fiches classées par ordre alphabétique. Pour trouver un livre, il faut être prêt à fouiller malgré la poussière.
La salle d’informatique est dans le même état que les bureaux. Aucune machine. Une salle vide. Que des câbles par terre, des fils partout. Des tables-banc superposées à l’abandon. Les machines « sont tous tombées en panne et n’ont jamais été réparées ». Selon le directeur des bibliothèques universitaires, Moussa Assimakou, aucun financement de fonctionnement n’est débloqué par l’Université des Comores. Le budget de la bibliothèque serait géré par la direction centrale. Et les responsables de ce département avouent ne pas être au courant d’un budget de fonctionnement : « nous n’enavons jamais entendu parler ».
Si les responsables ignorent de ce financement alloué à la bibliothèque, ce dernier existe bel et bien. Selon, un responsable de l’administration, les fonds de fonctionnement de la bibliothèque sont dans la même ligne avec ceux de la direction centrale. C’est elle qui en a la gestion. Pourtant, c’est un parcours de combattant que le Directeur et l’archiviste doivent entreprendre pour avoir une rame de papier.
Sur place, nous avons constaté que les salles ne sont pas éclairées. Selon les responsables, cela fait deux semaines depuis que l’établissement manque de courant. «Nous avons demandé depuis un technicien, lorsque nous l’avons appelé, il nous a dit qu’on ne lui a pas donné d’ordre concernant la bibliothèque de Mvouni» et rajouter, «pourtant, c’est le technicien de l’udc, mais nous devrons attendre». Pourquoi mettre le budget de fonctionnement, à l’administration centrale? Pourquoi ne pas le traiter à part ou trouver un moyen pour qu’il soit accessible sans pour autant être douloureux?
Des changements pourront être apportés prochainement par la nouvelle administration dirigeante. Selon un responsable, l’équipe du nouveau gestionnaire Abdullah Ben Said aurait demandé au conseil d’Administration que le plafond du moyen financier de fonctionnement soit, d’abord explosé et ensuite qu’il aille directement aux responsables de la bibliothèque.
Marché à reculons
15 ans depuis que l’université des Comores est créée. 12 ans depuis que la bibliothèque de Mvouni a été inaugurée. Aucun livre n’est acheté par établissement. Sont des dons, aucun moyen n’est mis pour le renouvellement des documents.
Certes, tout document est utile. Mais s’il n’apporte rien aux étudiants et ne figurent pas aux programmes établis à quoi servent-ils?
Que ce soit les enseignants, les autorités compétentes, voire les étudiants, tout le monde se plaint du niveau lamentable des étudiants de l’Université des Comores. Comment pourront-ils évoluer?
Dans un monde en perpétuelle mutation à cause ou grâce aux nouvelles technologies d’information et de communication, la bibliothèque du site de Mvouni ne dispose pas d’ordinateur, n’en parlons plus de connexion. Pourquoi le directeur central, Ben Houssein fait du budget de fonctionnement de la bibliothèque une affaire personnelle? Si l’argent n’est pas dépensé pour le tenir en état, l’entretenir où est-il ? Et sur quoi est-il dépensé?
Si Mvouni est mal lotie, la faculté des Sciences et Techniques est dans les normes concernant la documentation. Non seulement que la bibliothèque est informatisée, elle est aussi connectée. Pas moins de 5000 livres accessibles virtuellement. Pourquoi tant de différence?
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