Samedi dernier à Itsoundzou, le chef de l’État a appelé ses adversaires politiques à s’unir pour relever les défis et promis des mesures d’apaisement. L’ancien candidat Mouigni Baraka Said Soilihi réagit. Il est d’accord pour l’union, mais après des nouvelles élections et demande la libération des prisonniers et une révision des procès. Il juge l’absence de Me Bahassane aux obsèques de sa mère «inadmissible», salue la décoration de l’adjudant Radjabou et dénonce une polémique vaine au sujet du taraweh. (D’autres membres de l’opposition comme de la mouvance ont été sollicités, sans réponse au moment du bouclage du journal).
Propos recueillis par BIM
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Masiwa: Le président Azali, à Itsoundzou, a appelé «ses anciens adversaires politiques» à l’union pour relever les défis en attente. Que lui répondez-vous?
Mouigni Baraka Said Soilihi: D’abord, nous sommes toujours dans le cadre du 24 mars. Nous considérons qu’on est en face de quelqu’un qui s’est emparé du pouvoir. Si vraiment il souhaite l’union, qu’il reconnaisse le coup d’état électoral d’abord et organise de nouvelles élections à la fois présidentielle et goubernatoriale.
Masiwa: Il a également évoqué des mesures d’apaisement. Qu’attendez-vous comme mesures principales?
MBSS : Nous avons visionné la vidéo de Soulard et ses révélations sur l’enquête et le procès. Nous savons les condamnations lourdes prononcées par la cour. Nous attendons donc la libération des prisonniers afin de revoir le cas de chaque inculpé et laver l’honneur de chaque innocent. Il faut permettre de rendre une justice équitable.
Masiwa: Il a aussi décoré trois militaires dont l’Adjudant Ali Radjabou, qu’en pensez-vous?
MBSS: Je salue la bravoure et le courage de ce gendarme qui mérite amplement toute la reconnaissance de la nation, parce que victime du devoir. C’est comme les militaires qui sont morts. Ils doivent être eux aussi honorés. Il faut leur témoigner une reconnaissance éternelle et soutenir leurs enfants et familles.
Masiwa: Que vous inspire l’absence de Me Bahassane aux obsèques de sa mère?
MBSS : Son absence m’a touché profondément. Même le mercenaire Bob Denard a fait preuve d’humanisme. Mon oncle était en prison, après le coup d’État renversant Ali Soilihi. Quand sa mère est décédée, mon oncle a pu l’enterrer. Il n’ y a pas eu de formalité. Les autorités ont été seulement informées. Donc pour Me Bahassane c’est inadmissible. La justice, la loi, les procédures d’accord, mais il faut prendre en considération qu’avant tout c’est son voisin. Et nous savons tous, ce que représente le voisin pour le musulman. Nous constatons que sur cette affaire, ni la loi, ni l’humanisme, ni les règles de voisinage n’ont été respectés. On peut difficilement parler d’apaisement.
Masiwa: Autre sujet d’actualité qui fait polémique, pour vous, le taraweh c’est 8 ou 20 rakaats?
MBSS : Le Taraweh est d’abord un sunnat, une pratique surérogatoire, qui n’a pas d’incidence sur le jeûne du ramadan. Donc il n’y a pas besoin d’un arrêté par rapport à ça . Cette décision vient confirmer l’étendu de la dictature. Elle a commencé par la politique, a touché les journalistes et même s’est introduite dans la tradition, avec les notables et aujourd’hui, c’est la religion. C’est dangereux. Le risque, c’est de pousser les extrémistes à prendre les devants.
C’est comme la question de sport, c’est dans le même état d’esprit de vouloir tout contrôler. Il ne faut pas oublier que le sport est très important aussi pour le musulman.
Je pensais qu’ils allaient se préoccuper de la manière dont les Comoriens vont pouvoir vivre après le cyclone et non susciter des polémiques vaines sur un acte facultatif en plus.
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