Le cyclone Kenneth a touché les quatre îles des Comores en avril 2019 et a généré de nombreux dégâts et pertes tant matérielles qu’humaines. De nombreuses personnes ont été blessées et d’autres ont perdu la vie. La culture agricole a été aussi touchée profondément engendrant une crise alimentaire considérable qui se ressent jusqu’à présent. Par Mohamed Nomane Mkavavo
Fort heureusement Kenneth n’a pas causé de pertes humaines ici à Mohéli. Mais, des dommages importants se sont fait ressentir dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Fayçal Bianrifi Youssouf et Ahmed Ben Cheick, deux agriculteurs de la région de Msutchuni témoignent des impacts directs que le cyclone Kenneth a eus sur leurs plantations.
Faycal Bianrifi Youssouf se consacre plus sur l’agriculture vivrière à savoir la plantation de bananes, de la patate douce, des ananas, de la papaye, du manioc… Une agriculture de subsistance qui permet de nourrir la famille, mais aussi la rendre autonome. Grâce à son activité agricole, il peut investir sur d’autres activités comme la restauration et la pêche. La plupart de ses produits sont acheminés dans son restaurant et à la vente.
Comme d’autres agriculteurs mohéliens, il ne ne se limite pas à l’agriculture, il se projette sur d’autres activités parallèles pour une obtenir un complément de revenu.
Kenneth : inondation des terres agricoles, érosion et ravages des produits agricoles
Avec le cyclone Kenneth, des produits agricoles ont été immédiatement touchés comme les plantes qui ont une production aérienne, à l’exemple des bananiers, de la papaye, du maïs. Le manioc, bien que sa production soit souterraine, a été touché aussi.
Aujourd’hui, les agriculteurs sont amenés à restaurer les bananiers qui étaient touchés pour pouvoir en récupérer un maximum et commencer à en planter d’autres. « Les terres ont été dégradées parce qu’il y avait une forte érosion », déclare Fayçal Bianrifi Youssouf.
Par contre, Ahmed Ben Cheick lui se concentre beaucoup plus sur les fruits et les légumes. Dans son champ, il cultive les bananes, les papayes, les tomates, les ananas, etc. Il confirme qu’avec Kenneth les bananiers et les papayers ont été ravagés et maintenant il replante de nouveau les bananiers. Il affirme aussi que son activité ne se résume pas seulement à l’agriculture, mais aussi à l’élevage et à la vente. Grâce à ces activités, il s’en sort pas mal.
Après Kenneth, il doit recommencer la reproduction des produits vivriers qui prend neuf mois pour aboutir à une récolte. Les produits maraichers quant à eux varient entre 1 à 6 mois tout dépend des produits. Il ajoute aussi qu’un grand nombre de ses poules sont mortes à cause des fortes pluies et des vents violents qui ont détruit les poulaillers.
La crise alimentaire et économique
Cette catastrophe naturelle a touché directement la production ainsi que la commercialisation des produits agricoles.
Aujourd’hui, le sac de 50 kg de bananes se vend à 15 000frc à Mohéli au lieu de 9 000 ou 12000frc avant Kenneth. Une différence de 3000 à 6000frc. Cela veut dire que le prix risque automatiquement de doubler à Ngazidja comme à Ndzuani. « Les prix ont changé puisque la demande est plus élevée que l’offre », affirme Fayçal Bianrifi Youssouf.
Un bouleversement des prix et une crise qui touche beaucoup d’agriculteurs. Leur chance est qu’ils ont d’autres activités pour maintenir leur niveau de vie.
Pour le moment, malgré les effets d’annonce dans les médias, ils n’ont bénéficié d’aucune aide gouvernementale après le cyclone Kenneth. « Certaines institutions comme la direction de la production de Mohéli leur offrent toutefois, de temps en temps, des appuis, à savoir les semences de certains produits agricoles ajoute Ahmed Ben Cheick. »
Les solutions apportées pour lutter et diminuer les risques de catastrophes naturelles
Pour faire face aux catastrophes naturelles, les agriculteurs mohéliens se concentrent sur les produits qui peuvent s’adapter aux changements des climatiques. Fayçal Bianrifi Youssouf et Ahmed Ben Cheick utilisent des solutions adaptées à la terre, comme par exemple planter des arbres qui pourront jouer le rôle de brise-vents pour réduire la force des vents afin qu’ils ne touchent pas violemment les plantations. Mettre aussi en place des courbes de niveau pour réduire la vitesse de l’eau et de l’érosion, et ainsi permettre au sol de se restaurer lui-même et diminuer les dégâts qui peuvent toucher la production.