Imaginez un agriculteur du fin fond de l’Idaho, aux États-Unis qui travaille dure et qui souhaite faire fructifier ses économies pour une retraite agréable. Il n’est pas au courant qu’un projet formidable de géothermie est en gestation aux Comores. Il consultera son banquier qui lui parlera alors du fond d’investissement de son institution financière. Le paysan lui fera clairement comprendre qu’à son âge, il veut des garanties que ses économies ne vont pas se volatiliser.
Le banquier comprend que son client a une aversion pour le risque.
Les fonds d’investissement sillonnent la planète pour dénicher des projets rentables pour leurs clients comme cet agriculteur de l’Idaho. Ils assistent à des conférences comme celle qui sera organisée en faveur des Comores à Paris. Si l’on exclue les fonds souverains, la plupart des fonds d’investissement procèdent à une analyse de risque avant de financer un quelconque projet.
Pour ce faire, ils commandent auprès d’un consultant interne ou externe, ce que l’on appelle communément, un rapport d’intelligence économique.
Il s’agit d’un document crucial, car il va permettre d’évaluer le risque du pays et par conséquent le risque du projet. Le niveau de risque est très important en finance, car il détermine le rendement attendu d’un projet. Un investisseur exigera un rendement élevé pour sa participation à un projet (pays) dont le risque est jugé très élevé.
Dans la réalité, les investisseurs sérieux, patients et non mafieux, fuient les pays et les projets à haut risque. En effet, ils doivent rendre compte à leurs clients comme cet agriculteur de l’Idaho. En pratique les pays et les projets à haut risque attirent essentiellement des investisseurs impatients et souvent mafieux. Ils ne créent ni emploi ni richesse mais se contentent de ramasser l’argent liquide disponible (sous forme de subvention ou d’avance de ligne de crédit) et ensuite ils quittent rapidement le pays pour se volatiliser dans la nature.
L’évaluation du risque devrait être la principale préoccupation de tout décideur qui souhaite attirer des investisseurs dans son pays ou dans ses projets et de ce fait créer de l’emploi et de la richesse pour ses concitoyens. Du point de vue purement financier, les Comores sont un pays à très haut risque essentiellement à cause du manque d’infrastructures et surtout à cause de son environnement judiciaire. Il serait peu probable de voir le fond d’investissement qui gère les épargnes de retraite de l’agriculteur de l’Idaho venir financer le projet de géothermie en gestation aux Comores.
L’histoire récente montre que seuls des investisseurs mafieux sont venus s’installer aux Comores. Des investisseurs sérieux sont par ailleurs venus aux Comores mais l’analyse du risque les a poussés à ne pas investir.
Comment expliquer qu’un pays comme les Comores n’attire pas les géants de l’hôtellerie présents dans les pays de la région ? La réponse est simple : le risque d’affaires aux Comores est extrêmement élevé. Pour un pays comme les Comores (sans ressources naturelles abondantes ou patrimoniales reconnues), la seule et unique approche pour attirer des investisseurs sérieux, patients et non mafieux est de développer des outils juridiques ET surtout judiciaires sans faille pour minimiser le risque d’affaires. Ce dernier étant le principal indicateur que les investisseurs définis plus haut regardent avant de confier leur argent.
Ainsi un État de droit (défini par la règle de droit et son application par des tribunaux indépendants, compétents et équipés), est un État qui respecte ses citoyens et rassure les investisseurs, principaux créateurs de richesse et de bien-être social et individuel.
Dieu bénisse les Comores, le Canada et les Etats-Unis
Madi Aboubacar, MSc, MBA Progressiste, libéral & féministe Montréal, Canada.