La pêche est un secteur essentiel dans l’économie des Comores. À Mwali, elle concerne la quasi-totalité des régions. Une grande partie de la population vit de la pêche, et consomme quotidiennement du poisson. Par Nomane Mohamed Mkavavo
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Les eaux comoriennes offrent une grande variété de poissons comme le thon (mibasi), les poissons rouges comme le merou rouge (Mzuzi) et croissant queue jaune (kutsi), les poulpes, nason à éperon orange (nyeve), perroquet à écailles jaunes (pono), barakuda (muhudana), nasique ( mbudju), flommeo Samara (Chitili), sergent majeur ( ndau), rouget à barbe à bande noir (mhudadji)…
La pêche a beaucoup changé au fil des années et est devenue assez difficile pour nos pêcheurs, le poisson se faisant rare. Dans la région de Dewa, dans le village de Bandare Salama, de nombreux pêcheurs témoignent en quelques mots sur leur mode de vie en tant que pêcheurs.
Exerçant la pêche depuis 20 ans, Mahamoud Eliassa raconte qu’il a débuté dans la maçonnerie en tant qu’apprenti. Le travail ne lui apportait pas grand-chose et il a décidé de se lancer dans la pêche. « La première fois en mer, la pêche était bonne et les bénéfices satisfaisant » avance-t-il.
Les conditions de travail
Les conditions de travail sont assez bénéfiques par rapport aux autres métiers. Dans la pêche, les résultats sont assez rapides et concrets. Les pêcheurs partent en mer les après-midis vers 15 pour revenir le jour suivant vers 6 heures du matin, soit au total 16 heures de temps en mer. Dans les cas où le temps est mauvais et que la mer est agitée les heures varient. Ils peuvent partir à 6 heures du matin aux environs de 17h00 soit 12 heures de travail.
Les trois pêcheurs interrogés sont unanimes pour dire que les conditions de travail sont aujourd’hui difficiles. Mahamoud Eliassa, Attoumane Alloui et Moutard Ali disent presque en chœur qu’on peut partir en mer et revenir bredouille, chose qui était inimaginable auparavant.
Il y a un manque de poissons dans l’océan, quel que soit l’endroit où ils se rendent : Hamavouna, Banda- salama, mbatsé, Domoni, Hoani, Magnigni, Mifouni. « Et même si nous utilisons des vedettes de 6 mètres au lieu des pirogues, mais cette carence est certainement due à l’utilisation des moteurs à pétrole. Le pétrole fait fuir les poissons et des fois ils ne viennent pas mordre à l’hameçon », ajoute Moutard Ali.
La difficulté se ressent aussi en mer à cause des conditions météorologiques. Mahamoud Eliassa notent « la présence du soleil qui cogne fort pendant les heures de pêche et vu que nos vedettes ne sont pas couvertes on reçoit la pluie et le soleil. La fatigue aussi se ressent par les sacs de cailloux que nous devons jeter au fin fond de l’océan pour lancer l’appât aux poissons. Sans parler des heures à rester éveillé la nuit pendant la pêche ».
Les conditions de travail sont mieux qu’avant malgré les difficultés que les pêcheurs rencontrent. « Avant, après chaque pêche ils devaient porter leurs équipements jusqu’à leurs domiciles, mais à présent on leur a construit un local en bord de mer pour garder leurs équipements là-bas. Une facilité qu’ils apprécient d’autant plus qu’ils doivent cotiser chacun 1000 Frc par mois pour ces locaux et pour permettre aux pêcheurs d’acheter du pétrole et l’utiliser dans les vedettes en cas de perte d’un des leurs afin de lui venir en aide » ajoute Attoumane Allaoui. Une réelle solidarité touchante entre pêcheurs.
Les revenus des pêcheurs
« La pêche est mieux coté revenues comparés à d’autres activités. Ici le résultat est rapide et efficace. On arrive à subvenir aux besoins quotidiens de nos familles et même à faire des économies. On n’a pas à attendre chaque fin du mois. On peut s’entendre entre nous soit se partager les bénéfices le même jour si le besoin l’exige ou attendre quelques jours de plus de pêche pour le partage des gains » explique Mahamoud Eliasa. En effet, la pêche se fait toujours, au moins, à deux.
« Quand la pêche est bonne on peut avoir facile 25 000 frc. À chaque pêche on vend les poissons en intégralité aux marchands » à 1000 Frc le kilo. Ceux-ci, à leur tour les vendent aux habitants à 1250 frc le kilo. Tout dépend aussi de la qualité du poisson. Les poissons rouges sont vendus aux marchands à 1250 frc le kg pour qu’à leur tour ils les vendent à 1500frc le kg. Et cela dépend aussi des villages de Moheli. Les prix sont différents dans le chef-lieu, Fomboni et dans les villages du Sud et du Nord. Le seul souci c’est que des fois on ne pêche pas.
La bonne période de pêche pendant l’année c’est la période de kusi, du mois de décembre au mois de mai. Les affaires sont plutôt pas mal pendant cette période. Mais, après avec le Kashkasi et le Mgobeni tout dépend des mois et du climat de la mer.
Il faut savoir aussi que malgré les jours sans pêche, « on n’arrive quand même à vivre décemment. Parce qu’on s’organise avec nos économies. On est émotionnellement tranquille parce qu’on ne croule pas sous les dettes, on arrive à donner la ration alimentaire de la famille et ça nous permet de vivre paisiblement. Le peu qu’on gagne nous suffit » affirme Mahamoud Elissa.
Il y a tout de même différents points de vue sur le métier. Les pêcheurs ne le voient pas tous de la même manière. Mahamoud Elissa est assez positif comparé à Attoumane Allaoui et Moutard Ali qui pensent que le métier de pêche ne subvient qu’a la ration alimentaire de tous les jours et non à d’autres choses.
Le regard des gens sur le métier de la pêche
Les gens en général trouvent que le métier de la pêche est un bon métier, car il permet à la population de vivre sainement en consommant les différents poissons existants dans nos eaux en nous fournissant toutes les vitamines que nos enfants et tout le monde a besoin. Des poissons de bonne qualité et frais ce qui est très important, car aujourd’hui les habitants de Moheli évitent les viandes et poulets surgelés. Ils se penchent plus sur la consommation des fruits de mer.
Le métier permet aussi aux pêcheurs et à sa famille de vivre décemment et de contribuer à la ration alimentaire de tous les jours.
Ceci dit certaines personnes pensent que c’est un métier dangereux et à risque au sens où les pêcheurs peuvent périr en mer sans être retrouvés à cause des changements assez soudains du climat de la mer.
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