À la Grande-Comore, le grand-mariage (anda) s’impose au niveau de la population comme un grand événement ” obligatoire ” désormais pour toute personne.
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Les dépenses pour cette fête et cette obligation sociale varient d’une région à une autre, d’un village à un autre, d’une famille à une autre.Mais, beaucoup de cet argent s’évapore en quelques jours.
Riches, pauvres, hommes et femmes sont en compétition : chacun veut qu’on sache qu’il a utilisé une somme plus importante que les autres dans le village. Les dépenses s’accentuent à pas de chat.
Alors que coûte vraiment le Anda de la Grande-Comore ? plus les années passent, plus les prestations augmentent. Il y a quarante ans, les dépenses maximumse situaient autour de 500.000kmf, une somme qui, aujourd’hui ne suffit plus à couvrir une seule prestation du grand mariage, même pas à payer les émissaires envoyés par la famille du mari vers la famille de la mariée. La délégation (ndrume) de ces « envoyés spéciaux » dans une région comme le Hamahame fait couler plus de 20 millions de francs comoriens, argent liquide, sans parler des dépenses d’ordre alimentaires à cette occasion.
Dans la région de Mbude, la totalité du coût du anda peut osciller entre 30.000et 35.000 euros, alors qu’à Mkazi, cette somme peut, à elle seule, constituer la dot offerte à la femme.
A l’heure qu’il est, la région de Hamahame garde le record du coût d’un mariage. C’est la seule région où l’argent destiné à la famille de la fille ne peut jamais équilibrer les sommes dépensées par celle-ci.
Après avoir accepté la faisabilité du mariage, les familles se mettent à pied d’œuvre pour construire une maison si la mariée n’en a pas une déjà. Au moins plus de 10 millions de francs comoriens servent à sa construction. Les oncles de la mariée recherchent au préalable des boeufs. Dans le village de Mnungu(Hamahame), le record qui n’a pas encore été dépassé en matière de karam (des boeufs égorgés pour une distribution) se situe entre 20 et 24 bœufs sachant qu’un seul coûte plus de 500.000kmf. Et ce n’est pas fini. Plus de 300 sacs de riz ordinaire sont distribués aux villageois en tenant compte des clans établis au sein des villes et villages.
Pour le mari, il doit envoyer plusieurs sommes chez sa femme. D’abord, il y a celle destinée au lavement des pieds de la femme (djosamindu en shikomori), qui varie entre 5 à 8 millions. Ensuite, suit une ” padjaya ” qui se situe entre 2 et 5 millions en moyenne. Et enfin la dot qui dans une ville comme Mkazi s’élève à 20.000 euros.
Dans la région de Mbude, même si ces dépenses se croisent, elles demeurent moins nombreusesqu’ailleurs. En tout cas, dans la famille de la mariée la construction de la maison constitue jusqu’alors le plus grand fardeau financier. La distribution des sacs de riz se fait aussi, entre 100 et 200. Les deux prestations sont suivies par l’organisation d’un grand diner auquel plus de 350 personnes en moyenne doivent prendre part.
Des cinquantaines decajots de boissons et d’eau minérale sont aussi plus que nécessaire.
Toutes ces dépensesvisent à la recherche du plus grand honneur.« Écoute ! moi j’ai dépensé 40.000 euros pour mon mariage. Je suis satisfait parce que pour moi l’honneur et la tradition précédent toute chose », déclare Youssouf Mmadi.
Les dépenses alimentaires
Non seulement que le anda constitue d’énormes pertes financières mais il se présente aussi comme un véritable levier de perte de temps. Presque 20 jours doivent être sacrifiés par les deux familles pour préparer les festivités, les aliments, les différents types de pain qui doivent tous paraître lors des événements rassemblant des convives. Ce phénomène est fréquent au nord et au sud de Ngazidja. Pourtant souvent ces produits luxueux finissent, en majorité, dans les poubelles et dans les champs situés aux alentours des domiciles, à l’image du fameux gâteau goudou-goudou, qui nécessite quatre jours de préparatifs.
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