Le « Made in Comores » bat son plein et les débats sont animés. Ce 6 novembre a eu lieu la première rencontre axée sur «la politique industrielle nationale ». Une présentation de la stratégie faite par le directeur de l’industrie Chaher et qui a capté l’attention des participants. Si le texte n’est pas mis en cause, le double discours des autorités l’est. Le potentiel des sources pays a éveillé l’intérêt. Mais là encore, les conditions de production et la continuité ont été remis en cause. Le constat, est qu’entre les textes et la réalité l’écart n’arrête pas de se creuser.
Le « Made in Comores» continue au Retaj et les débats sont ouverts sur la politique de la production, de la commercialisation et de l’industrie aux Comores. Au menu de cette deuxième journée, une conférence-débat sur le thème de la « politique industrielle nationale». En effet de mars à avril 2018, les Comores ont adopté une stratégie nationale de politique industrielle. La conférence a été animée par le Secrétaire général de l’Union des chambres de commerce de l’industrie et de l’artisanat, Fakriddine.Y. Abdoulhalik, Ali Yamani, conseiller du président de l’Uccia et de Chaher, directeur de l’industrie. Une assistance composée d’entrepreneurs, de représentants des banques, des journalistes et autres suivait les échanges. Cependant, un grand handicap, l’absence de certaines institutions, telles que la douane et le Ministère des finances, qui auraient pu répondre aux nombreuses questions des participants.
Les Comores n’avaient pas de stratégie de développement industriel. Selon le directeur de l’industrie, lorsqu’on parle de ce domaine, sont les petites et moyennes entreprises travaillant sur les sources locales. L’objectif de cette stratégie élaborée est de stimuler la croissance, la création d’emploi, le partenariat et l’ouverture du marché régional et international.
Les producteurs comoriens ont besoin d’exporter, et que le pays a aussi besoin importations et d’investissements, et pour cela, il est important qu’il y ait « un climat sein des affaires, améliorer le cadre légal et réglementaire pour permettre un développement harmonieux ». Le secteur privé doit participer au marché public, explique Chaher. Mais aussi, pour améliorer la productivité, les barrières douanières doivent être allégées.
Cette stratégie est élaborée dans le besoin grandissant, pour aider les producteurs comoriens et : «alléger les conditions de la création» et faire la promotion des produits pays. Une démonstration qui a beaucoup capté l’intérêt des participants.
Le secrétaire général de l’Uccia, quant à lui, a mis l’accent sur « les produits pays représentant un potentiel». Sont des produits qui peuvent être développés dans l’immédiat, entre autres les produits laitiers, les aliments pour animaux, les jus de fruits et autres. Pour l’exportation sont particulièrement les huiles essentielles telles que l’ylang très prisé, les épices, et le poisson.
Un débat animé
Un intérêt particulier est accordé à l’explication de la politique industrielle nationale. «Nous ne voulons pas faire du texte pour du texte» a déclaré le directeur de l’industrie.
Les questions de cette présentation sont restées sur ce qui semble un « double discours » entre texte et acte des autorités compétentes. Ce ne sont pas les réglementations qui manquent sur les questions d’investissement. Mais seulement, ici les agents des services publics choisissent de ne pas les appliquer. Soit par ignorance soit par incompétence. Des deux choses sont les producteurs comoriens et les consommateurs qui payent le prix. Le discours reste le même à l’endroit des autorités publiques. Faire tomber les barrières douanières, aider le secteur privé, améliorer la production, créer des emplois sont devenus des mots de « politique politicienne » que les autorités scandent pour attirer la sympathie de la population et des jeunes. Pourtant, aujourd’hui selon Fahami Thabit, on se trouve devant « un paradoxe. Les Comores ont perdu 10 places au classement Doing business. Un code de l’investissement qui n’est pas appliqué. Une électricité chère qui coûte 40kmf. Chaque jour le système est alourdi, pendant que sur le papier on prétend tout alléger» dénonce l’entrepreneur.
Pour le directeur de l’industrie, il n’y a « pas de double discours ». Seulement, «certains ont juste choisi de ne pas appliquer le règlement». Un avis partagé par le Président de l’Uccia Ahmed Bazi qui parle de «dysfonctionnement» du système.
Néanmoins, si Chaher pense que la stratégie de la « politique industrielle nationale» peut améliorer la production, les travaux ne sont toujours pas finis. En effet jusqu’aujourd’hui, la commission composée des différentes institutions du domaine ne s’est jamais réunie. Et le plan d’action, n’est toujours pas mis en exécution.
L’assistance n’a pas manqué de poser la question cruciale, de la protection des petites et moyennes entreprises qui font dès fois l’objet d’une concurrence «déloyale» qui poussent certaines PME à mettre la clef sous la porte. Le cas évoqué, des «cœlacanthes», le fabriquant de cigarette. Pour l’Uccia « jusqu’à maintenant il n’y a pas eu un véritable engagement de l’Etat à protéger les petites et moyennes entreprises. Par moment on s’est demandé si au contraire, il n’y a pas eu une volonté de l’autorité de l’Etat de tuer la production locale pour privilégier les importations» soupçonne le secrétaire général.
Made In Comores : l’événement
Depuis sa première édition en 2014, selon l’Uccia, on assiste à une véritable mutation économique. La première édition a été uniquement marquée par la production de l’artisanat. Pourtant aujourd’hui, c’est tout un monde, une chaîne de production de différentes créations affirme le secrétaire général de l’union des chambres. Mais malgré cette avancée, l’union des chambres n’a pas de données statistiques sur l’impacte sur la production ou sur l’employabilité.
Le constat qui a mis tout le monde d’accord, c’est le taux agressif du chômage aux Comores. Selon les données de la Banque Mondiale, aujourd’hui, 50% des jeunes sont au chômage. Pendant que le taux effectif est estimé à 20%. Des données qui ont certainement échappé au Ministre de l’économie et des investissements. Dans son discours d’ouverture, il prétend que le taux du chômage est de 14% et que les ambitions du gouvernement sont de le baisser à 10%.
Par Hayatte Abdou