Tandis que les observateurs nationaux indiquaient que la fête de l’indépendance n’était pas très joyeuse cette année dans la capitale, à Mutsamudu chacun vaquait à ses occupations. Rien ou presque n’indiquait que c’était un jour de fête. KAY
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Samedi 6 juillet Mutsamudu était une ville normale. Chacun s’affairait à ses occupations, les commerces n’ont pas baissés rideaux dans la Médina comme à chaque célébration depuis 44 ans d’indépendance. Pour la majorité de la population de cette île frondeuse, la fête aurait perdu tout son sens.
« C’est la première fois que j’assiste à une fête sans ferveur à Anjouan. C’est une journée normale pour beaucoup, sauf que c’est chômé, la population confond la fête à une manifestation », nous confiait une commerçante que nous avons approchée non loin de Fukuju – M’jihari ce samedi matin. Non loin de là des passants s’arrêtaient par curiosité devant un magasin où l’on diffusait sur un petit-écran ORTC, la chaîne nationale qui passait en direct la cérémonie de la place de l’indépendance à Moroni. Ils s’interrogeaient sur le fait que le gouverneur Anissi avait choisi d’aller festoyer plutôt aux côtés du président Azali qu’avec ses administrés.
A moins d’un kilomètre de là, place Mzingaju. L’armée, les officiels et quelques curieux assistaient à la parade des corps de l’armée nationale.
Place Mzingaju la grande muette l’ouvre grande…
Ici le ton est tout autre. La place, habituellement noir de monde en pareille situation, n’est occupée que par l’armée, les officiels, partisans du pouvoir et quelques curieux pour la parade habituelle.
La nouveauté cette année, c’est que le public a eu droit à des simulations d’interventions de l’armée dans une prise d’otage qui a fini par la neutralisation des terroristes et la libération des otages. Le public a même eu droit à l’usage d’armes à feu, car le scénario voulait que des assaillants soient tués. Au moment du dénouement, un sous-officier de l’armée nationale de développement, qui animait la simulation, parlant au nom du chef d’état-major adjoint de l’armée, selon ses dires, lance à la foule que des nouvelles dispositions spéciales seraient prises à leur niveau pour ne plus faire de prisonniers et au moindre trouble à l’ordre public, la mort serait le traitement approprié pour tout fauteur de trouble. Il a continué en déclarant que l’exécution sommaire serait le seul moyen de faire revenir la paix dans le pays, sous les applaudissements. Même parmi les soutiens du gouvernement présents dans les tribunes, certains ne savaient pas où mettre la tête. La vidéo qui tournait dans les réseaux sociaux s’est également propagée dans la Médina.
La condamnation fut unanime, avant même la fin de la cérémonie. « C’est indigne d’un soldat d’une armée sensée nous protéger, nous rappeler à l’ordre et nous enseigner une culture de paix, vient à nos portes nous rappeler la nouvelle règle d’engagement de l’armée. Comme si les multiples interventions disproportionnées de l’armée tâchées de sang ces derniers mois ne suffisaient pas et il fallait venir en rajouter une couche à Mzingaju, le jour de la célébration de la fête nationale », regrette Bacar A. (nom d’emprunt), observateur averti de la vie citoyenne à Mutsamudu.
L’on se demande encore ce qui a bien motivé cet officier à sortir de ses réserves, la grande muette commencerait-elle à déballer en public ses maux ?
Selon les dires du directeur de cabinet du chef de l’État chargé de l’armée, le sous-officier en question a été radié de l’armée 48 heures après ses propos. Mais, aucun document venant confirmer cette radiation n’a été rendu public.
Plusieurs citoyens interrogés ne sont pas satisfaits de la sanction. « Si l’armée et le gouvernement veulent se laver de cette affaire, le minimum serait l’ouverture d’une information judiciaire sur cette regrettable stratégie de communication militaire d’un autre temps. Les associations de défense des droits des citoyens devront elles aussi se manifester avant que la coupe ne déborde », pense pour sa part Abdoulhamid, un fonctionnaire de l’administration insulaire de Ndzuani. Pour certains, la déclaration du soldat a un sens. Elle confirme que les autorités militaires sont dans une pression permanente et que certains faits le confirment.
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