Des victimes du cyclone Kenneth qui a durement frappé les Comores le 24 et 25 avril 2019 sont encore dans le désarroi, certains ayant perdu jusqu’à leurs toits. Un responsable de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) tire la sonnette d’alarme sur la situation de ces ménages et le manque des moyens pour venir en aide rapidement à ses familles désemparées. Par Faissoili Abdou
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« En dépit du soutien apporté par le Croissant-Rouge, avec l’appui de la FICR et d’autres partenaires, nous sommes au regret de constater huit mois après, que quelque 470 ménages sont toujours déplacés et ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Ils sont toujours dans des familles d’accueil et ont désespérément besoin d’aide pour réparer ou reconstruire leurs maisons détruites ou sévèrement endommagées. » Ce cri d’alarme est celui de Moustapha Diallo, responsable de la communication à FICR, région Afrique, qui se trouve en mission actuellement aux Comores. Ce responsable humanitaire est venu constater « les réalisations faites dans le cadre de l’assistance en faveur des familles affectées par le cyclone Kenneth et de voir dans le même temps les besoins non couverts afin que personne ne soit restée en rade », nous a-t-il confié.
Sans toit
Dans une vidéo d’environ une minute qu’il a postée sur les réseaux sociaux M. Diallo explique « qu’en dépit du travail immense effectué par le croissant rouge comorien avec l’appui de la FICR et d’autres partenaires pour venir en aide aux populations affectées, il est regrettable de constater huit mois après que les besoins humanitaires restent considérables ». Derrière lui, une femme débout sur les ruines d’une maison démolie. Elle s’appelle Zainaba. Elle est de Bangoi-Kouni. Elle et sa famille n’ont plus de toit depuis le passage du cyclone Kenneth. Sur une autre image, Soumaya Saïd est aussi dans le désarroi. « Sa maison a été ravagée l’obligeant à s’entasser dans un deux pièces avec son mari, ses enfants et sa maman », commente M. Diallo. A en croire ce responsable de FICR ce ne sont pas des cas isolés. D’autres ménages disséminés un peu partout en Grande-Comore notamment dans les localités de Bangoi-Kouni, Ipvoini, Famare, Nkourani-ya-sima, etc. vivent dans un calvaire depuis le passage du cyclone. Sont-ils les oubliés de ces aides humanitaires qui ont afflué dans le pays au lendemain du passage du cyclone ? « Les besoins humanitaires demeurent huit mois après le cyclone Kenneth aux Comores. Les abris, l’eau et l’assainissement restent des besoins essentiels pour des milliers de personnes, mais le manque de financement entrave les efforts de la FICR Afrique et le croissant rouge comorien », regrette Moustapha Diallo, désemparé.
Et pourtant, suite au cyclone Kenneth, le Croissant-Rouge comorien (CRCO) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et d’autres partenaires comme Unicef, Usaid, Pnud, Pam, la Croix-Rouge française sont intervenus dans le cadre d’un appel d’urgence pour aider les communautés les plus touchées pendant 12 mois. Ils ont notamment distribué des kits d’articles alimentaires et non alimentaires, des matériels d’abris et des kits d’hygiène aux familles affectées en Grand Comore, Mohéli et Anjouan. Des problèmes d’eau se posent également dans ces zones durement touchées par le cyclone. « Au total, 46 réservoirs ou citernes communautaires ont été réparés pour le moment dans le cadre de l’opération mené par le Croissant-Rouge comorien et il reste des besoins non couverts », nous explique M. Diallo.
Six morts et 200 blessés
Dans un rapport publié fin octobre dernier, la Croix-Rouge française qui est intervenue aux Comores à travers sa plateforme d’intervention de l’océan indien (PIROI) a établi que « le passage de Kenneth a causé la mort de six personnes et fait 200 blessés. 4 854 maisons ont été sévèrement touchées ou détruites. L’élevage et la production agricole ont été fortement impactés, mettant en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance locaux. Au total, ce sont 185 000 personnes qui ont été impactées ». L’organisation humanitaire a ensuite indiqué que son intervention aux côtés de la FICR et le Croissant Rouge comorien a permis de « venir en aide à 1 500 ménages, c’est-à-dire environ 7 500 personnes, en se concentrant sur les besoins essentiels en matière d’abri et d’équipement. Cela a représenté notamment des distributions de biens de première nécessité et des activités d’aide à la reconstruction : fourniture de matériaux de construction, assistance à la reconstruction en fonction des besoins, etc. Une grande partie du matériel distribué provenait des stocks de contingence de la PIROI. Les entrepôts PIROI des Comores (Moroni), de Mayotte et de La Réunion ont été mobilisés pour ces opérations ». Le rapport précise enfin que « les distributions de biens non alimentaires ont été menées jusqu’en août 2019, dans 131 villages, répartis sur les trois îles de l’Union des Comores. Les opérations d’assistance à la reconstruction de l’habitat sont toujours en cours ».
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