Des sacs biodégradables pour protéger l’environnement et créer des revenus. L’association IPAC (Initiative Pour une Alternative Citoyenne) s’apprête à mettre en place, en mars 2020, une unité de production de sacs biodégradables sur l’île d’Anjouan. À en croire les responsables de cette structure associative, l’initiative vise à « créer des revenus pour les membres des associations ». [ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
La décision se veut aussi une réponse à la loi N°17-011/AU portant interdiction de la production, l’importation et la commercialisation des emballages et des sachets plastiques non biodégradables dans l’archipel des Comores. Ainsi, le 15 octobre dernier, Ibrahim Saïd, secrétaire général de cette association écrivait sur sa page Facebook que « la seule interdiction d’importation de sachets plastiques n’empêchera pas les gens d’utiliser ces sacs tant que d’autres solutions alternatives ne sont pas accessibles aux consommateurs. C’est pour quoi l’IPAC s’est déjà lancé dans la prospection des partenaires pour la production des sachets biodégradables à Anjouan ». IPAC annonçait, ce jour-là, avoir finalisé un dossier de financement avec un responsable de l’Ambassade de la République Tchèque auprès de l’Union des Comores basée au Kenya. Masiwa s’est entretenue avec le secrétaire général de l’association pour en savoir plus.
Masiwa – Quels sont les objectifs de votre association et les actions que vous avez pu réaliser jusque-là?
Ibrahim Saïd – L’organisation intervient dans le secteur de l’éducation populaire à travers les actions de promotion de la lecture à l’école primaire, l’organisation des sports scolaires et d’atelier de dessin pour les élèves. Nous intervenons aussi dans l’éducation environnementale. Nous participons activement dans la mobilisation autour de la question de la prise en charge des déchets dans la commune de Mutsamudu. Notre territoire d’intervention comprend les communes de Mutsamudu, Mirontsy et Ouani à Anjouan. Pour l’année 2019, nous exécutons un projet d’aménagement des espaces de jeux au sein des écoles primaires publiques de Chitsangani dans la commune de Mutsamudu, Wemani dans la commune de Mirontsy et Mougoujou dans la commune de Ouani. Ce projet est porté en partenariat avec l’association OUMA et le MOSC d’Anjouan.
Masiwa – D’où vous vient donc cette idée de fabrication de sachets biodégradables ?
Ibrahim Saïd – La question de la prise en charge de la gestion des déchets de façon générale dans la commune de Mutsamudu pose problème, depuis plus de 20 ans. Notre organisation est impliquée dans cette problématique en tant qu’acteur de la société civile depuis 2007.
La prolifération des sachets plastiques a des impacts négatifs notoires et reconnus à l’échelle mondiale. Le gouvernement comorien vient d’interdire l’importation de sachets plastiques, il y a environ six mois, sans proposer d’autres solutions pour les utilisateurs de sachets plastiques.
Donc, notre idée vient de là. Pour donner des alternatives aux sachets plastiques et soutenir en même temps le succès de la mesure d’interdiction d’importation de sachets plastique.
Masiwa – Quelles sont les particularités des sachets biodégradables ?
Ibrahim Saïd – Le sachet biodégradable n’affecte pas les milieux naturels. Il se détruit lui-même et disparait au bout de quelque temps. Ce genre de sachet n’asphyxie pas les écosystèmes marins alors que le sachet plastique tue et asphyxie les récifs. Les sachets plastiques menacent les Comores d’une crise alimentaire à cause de pertes dans la production des pêcheries.
Masiwa – Où en êtes-vous exactement avec ce projet ?
Ibrahim Saïd – Il y a sur place un entrepreneur qui fabrique déjà plusieurs catégories de sachets à base de papiers. Il produit des sacs ordinaires et des sacs de « luxe » dans diverses catégories. Nous avons établi un accord avec cet entrepreneur qui accepte de former les membres de nos associations dans la fabrication de sacs ordinaires de grande consommation. L’idée est de créer des revenus pour les membres des associations.
Masiwa – Quelle forme d’aide avez-vous bénéficié de la part de l’Ambassade de la République Tchèque au Kenya ?
Ibrahim Saïd – Il y a deux ans, IPAC a bénéficié un projet de création de salles de lecture à l’école primaire de Chitsangani de la part de l’Ambassade de la République Tchèque, donc nous avons des contacts avec l’ambassade tchèque et nous nous intéressons à leur volonté de financements pour les pays de l’Afrique de l’Est. Nous avons soumis des propositions de projets. Ce sont des petits financements de l’ordre de 6 à 9 millions.
Dans le cadre de ce projet, l’Ambassade Tchèque apporte un concours financier pour l’achat des matières semi-finies qui entrent dans la fabrication des sachets en plus du matériel (tables, chaises, ciseaux).
Masiwa – Pensez-vous que ce soit un projet viable ?
Ibrahim Saïd – L’entrepreneur que je viens de mentionner fait de la production de sachets son activité économique. Si la mesure d’interdiction de sachets plastiques n’est pas suspendue, entre temps, la production de sachets en papier aura un avenir économique intéressant.
Masiwa – Quelle est votre ambition au niveau de la production. Vous vous fixez des objectifs par rapport à la production et la vente de ces sacs ?
Ibrahim Saïd – Nous n’avons pas fait une étude de marché. Je ne suis pas en mesure de donner des données fiables.
Par contre, nous avons fait des estimations qui permettent d’affirmer qu’une tonne de papier kraft de 0.6mg peut produire jusqu’à 150 000 sacs ordinaires qui peuvent être vendus à 50FC la pièce.
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Propos recueillis par Faïssoili Abdou