Chaque île de l’archipel des Comores a sa spécificité dans la tradition et les coutumes. Tel est le cas du Madjliss à Ngazidja, du Barzangi à Ndzouani, le Diridji à Mwali, Manzaraka à Mayotte, etc. Il en est de même pour les tenues traditionnelles. Masiwa vous ramène à Anjouan pour évoquer « le gauni la shindzuani » (« la robe à la mode d’Anjouan). Par Natidja HAMIDOU
Gauni la shindzuani qu’on peut traduire communément par « robe à l’anjouanaise », est une tenue traditionnelle comorienne. Celle-ci est constituée de l’assemblage du nkandzu, qui comporte la partie haute de la tenue, avec le saluva, qui est la partie du bas. Elle est très populaire et incontournable à Anjouan, la deuxième île de l’archipel des Comores.
Cette popularité tient à son origine anjouanaise : « La première robe a été confectionnée sur l’île d’Anjouan. Plusieurs théories diffèrent sur sa création », a affirmé celle qu’on surnomme NAJphotography[1], une photographe anjouanaise, avant de préciser que : « c’est la tenue traditionnelle par excellence comme est le Sahare na Subaya à Ngazidja, ou même le saluva et kishali à Mohéli ».
Cet habit est arboré par toutes les femmes anjouanaises, de différentes catégories sociales et de toutes les tranches d’âges. « C’est un vêtement valorisant pour la femme anjouanaise. Il n’y a pas d’âge pour le porter », déclare Moumtiant Ridhoine, enseignante de français à Ouani. Pour la photographe, il s’agit d’ « une transmission de mère à fille, et de grand-mère à petite fille. On se voit offrir un gauni à chaque étape de notre vie de femme. De la naissance à la puberté jusqu’au mariage ».
Cette tenue implique et connote à la fois, la beauté, la pudeur et la valeur de la femme anjouanaise. Elle est portée ainsi lors des différents événements culturels (mariage, fiançailles, baptêmes, fêtes de la puberté) et cultuels (funérailles, ramadan, fête de l’aïd, célébration de la naissance du prophète). « Il est de coutume pour une jeune maman, de se faire belle et de s’habiller de gauni le 40e jour après son accouchement. Et si le bébé est une fille, elle doit être vêtue identiquement que sa mère. C’est ce qui est à la mode ces derniers temps », explique l’enseignante avant d’ajouter que « quand on le porte, on se sent très belle, même en étant petite ».
La photographe estime que « gauni est une véritable marque d’identité ». D’ailleurs, à Ngazidja, on l’appelle nkandzu ya kindzuani pour désigner cet habit même si ce n’est pas la vraie appellation. Une dénomination qui renvoie à son origine anjouanaise.
Gauni la kindzuani est confectionnée à partir de différents tissus traditionnels. Une partie de la confection se fait à la machine et une autre partie est réalisée à la main. « Des couturières existent partout dans l’île. Certaines se sont installées dans les autres îles. L’entreprise « Sublimez-vous » s’est lancée dans le prêt-à-porter Gauni accessible à tout le monde, alliant valeur traditionnelle et modernité », affirme NAJphotgraphy.
En effet, dans les autres îles de l’archipel, cette tenue peut être portée dans des cérémonies festives, mais elle n’est pas incontournable comme à Anjouan. Notre pays ne possède pas d’usine de production textile. Les tissus traditionnels sont donc importés.
[1] L’interlocutrice a préféré donner son nom d’artiste.