L’opposition est souvent critiquée ces jours-ci, mais cette fois on peut le dire sans ambages : le boycott des élections législatives s’est révélée être une bonne stratégie, d’autant plus que pour la première fois, toutes les tendances se sont retrouvées derrière cette proposition.
Après les paroles du chef de l’État annonçant que les perdants ne devaient pas pleurer et crier à la fraude, même si c’est vrai, car la fraude c’est la volonté divine, il apparaissait évident qu’il ne servait à rien de participer à des élections.
La stratégie de l’opposition a été payante également parce qu’elle a fragilisé la coalition présidentielle. Le ministre de l’Intérieur a été accusé par plusieurs candidats de la CRC (le parti du chef de l’État) de s’être livré à des tentatives de fraudes. Le retrait de l’opposition a donc laissé sur le champ de bataille ceux qui jusqu’à maintenant n’étaient que des alliés. Il sortira de ces élections beaucoup d’amertume, notamment pour le parti RADHI, qui avait deux députés lors de la dernière mandature et qui est en passe d’avoir perdu partout.
Enfin, la stratégie de l’opposition a été la bonne car le peuple a suivi. Dimanche, de partout nous sont parvenues les images des bureaux de vote désertés, où les gens ne s’étaient pas déplacés pour voter. Quelle que soit le taux de participation publié par le gouvernement et la CENI, l’évidence était là : dimanche les Comoriens, dans leur grande majorité, ne sont pas allés voter.
Il reste qu’il y a dans l’opposition un problème de leadership. Après l’enfermement de l’ex-président Sambi, la mise en résidence surveillé de Mohamed Ali Soilihi et celle du gouverneur Abdou Salami ou la condamnation d’Ahmed Barwane aucun opposant ne veut prendre le risque d’assumer ce rôle de leader de l’opposition.
Mahmoud Ibrahime