Au mois de ramadan, il est de coutume que les tables soient bien garnies lors de la rupture du jeûne. Cela implique une consommation d’aliments variés. Masiwa s’est entretenue avec la Dr Nadjwa ABBAS, pédiatre pour parler de santé pendant ce mois béni. Propos recueillis par Natidja HAMIDOU
Masiwa – Pendant le mois de ramadan, quel régime alimentaire les Comoriens doivent adopter afin d’être en bonne santé ?
Dr Nadjwa ABBAS – Aux Comores, nous avons une alimentation trop riche en matières grasses et aussi en sucre particulièrement au mois de ramadan. Nous devons mener un travail de sensibilisation. Il est important d’informer la population sur l’intérêt de réduire ces aliments trop gras, trop salés et trop sucrés. C’est mieux de privilégier les fruits et légumes ; ce qui n’est pas facile puisque cela ne fait pas partie de nos habitudes.
Masiwa – Quel est l’impact du ramadan pour la mère qui allaite ?
Dr N.A – La mère ne jeûne que la journée et mange le soir. Elle doit bien s’alimenter la nuit. Dans ce cas, aucune conséquence n’est observée. Par contre, si elle a du mal à s’alimenter, elle encourt des risques : carences entre autres en calcium pouvant entrainer des répercussions au niveau des os, des dents… Par conséquent, il y aura une mauvaise prise de poids chez l’enfant et une irritabilité.
Masiwa – Quels conseils donneriez-vous aux mères qui allaitent, notamment celles qui font l’allaitement exclusif ?
Dr N.A – Je leur recommanderai de bien manger le soir. Elles doivent privilégier les fruits et les légumes, mais aussi les céréales comme la bouillie de maïs (wubu wa trama) par exemple, ou bouillie de sagou (wubu wa tsambu). Il faut boire beaucoup et consommer des produits laitiers.
Masiwa – Souvent aux Comores, on voit des enfants qui jeunent à partir de cinq ans. Quel est votre avis de pédiatre ?
Dr N.A – À mon avis, c’est trop tôt de jeuner à cinq ans. À cet âge-là, les enfants sont encore fragiles. Ils sont en pleine croissance et ont besoin d’une alimentation riche. Il faut attendre que l’enfant soit mature et sans aucun problème de santé. Je conseille aux parents d’expliquer aux enfants qu’ils ne sont pas en âge de jeûner.
Masiwa – Quelles sont les répercussions constatées chez les enfants comoriens pendant ce mois de ramadan ?
Dr N.A – Souvent par oubli ou par négligence, les parents ne donnent pas à manger à leurs enfants aux heures habituelles. Ce qui explique les cas d’hypoglycémie que nous recevons parfois en consultation en ce mois béni de ramadan. De plus, c’est durant ce mois de ramadan que nous relevons le plus de cas d’intoxications (pétrole, produits ménagers…) et de brûlures. Je conseille vivement aux parents, aux familles, de prendre plus de précautions au mois de ramadan.
Masiwa – Quelles sont les maladies constatées après le ramadan ?
Dr N.A – Après le ramadan, tout de suite après l’Aïd, plusieurs enfants sont emmenés en consultation pour des gastro-entérites (diarrhées, vomissements). Nous recommandons aux familles de veiller aux mesures strictes d’hygiène et une alimentation équilibrée le jour de la fête plus particulièrement.
En cette période de pandémie de Covid-19, il faut continuer à respecter les mesures barrières notamment chez les enfants qui vont de maison en maison sans accompagnateur.