Si dans Moroni, le scrutin s’est déroulé dans le calme, dans le Mbadjini, le peuple comorien a eu droit à une démonstration de testostérone gratuite via des violentes échauffourées qui ont opposé partisans et adversaires du parti du président Azali Assoumani. Par HACHIM MOHAMED
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Les verrues du scrutin des élections législatives de 19 janvier, avec son abstention record, sont réapparues pour les élections de ce 23 février à Ngazidja. Plus des trois quarts des personnes en âge d’exercer leur droit démocratique ne l’ont pas fait.
Parlant de cette configuration des élections législatives et municipales où la classe politique paraît si loin des préoccupations de leurs concitoyens, souvent désespérés et prompts à se réfugier dans l’abstention, pas mal de bureaux de vote figurent dans le hit-parade de la non-participation au scrutin. À 10 heures, à Moroni, il n’y avait pas d’affluence dans les bureaux de vote. Les présidents des bureaux de vote étaient disponibles pour les journalistes.
« Je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas venus à l’heure. Au premier tour, la pluie les avait empêchés d’arriver tôt. En l’espace de deux heures de vote, il n’y a eu que 8 votants », s’est offusqué Hamada, le président de bureau à Zilimadju.
Faisant un focus de ce taux d’abstention record qui a donné la mesure du rejet de l’« offre politique », en plus du taux d’insatisfaction et de la désillusion de la population face à ces discours politiques de moins en moins crédibles, le président du bureau du Moroni-Nord Said Allaoui Said Hassane a frappé sur le même clou de la fracture civique.
« Au premier tour, à pareille heure 10 heures passées, il y avait très peu de votants. Et à la fermeture du bureau, il n’y avait que 35 votants sur 535 inscrits. Pour ce second tour, d’ici à la fermeture je ne m’attends pas à une hausse avec 6 votants depuis 7 heures passées ».
À Moroni, l’abstention était générale. « C’est vrai que nous n’avons pas accusé un retard dans le démarrage, mais il y eut très peu de votants, environ 8 présentement. Comme au premier tour je pense d’ici à la fermeture les bulletins seront peut-être une centaine », a commenté la présidente Salma à la préfecture de Moroni.
Sur ce quartier situé en contrebas de la Banque internationale des Comores, une autre présidente de bureau de vote Amélie avait abondé dans le même sens que son compatriote de Moroni : « Ça se passe bien alhamdulillah. Tout était en place à temps. Je ne sais pas si ce qui va se passer sera comme au premier tour à la fermeture où sur 600 inscrits, il y avait moins de 100 votants ».
Fort de cette fracture civique où le sens du collectif a complètement disparu, jaser très longuement de la réelle légitimité des élus portés au pouvoir dans tels contextes ne reflétait qu’une partie du problème. « Avec ces élections, nous avons une nouvelle donne politique. Contrairement au premier tour où par manque de candidat dans ce bastion de Juwa, il y avait un fort taux d’abstention de la part des habitants, en ce second tour qui a vu le scrutin combiné avec celui de maires, des agents municipaux, les enjeux font qu’ il y a au moins dans chaque famille un représentant de candidats en lice. Auquel cas, il y a relativement plus de votants » dit un président de bureau.
Pour revenir à cette série d’éléments qui a eu à enlaidir, défigurer la politique, la compétition en matière de suffrages, ces verrues électorales ont choqué par leur ampleur dans la région de Ngwengwe et de Nyuma Ngama à Mbadjini et à l’école « Fraternité » de Mdé.
« Dans la soirée de dimanche, les sondages à la sortie des urnes plaçaient les partis de Radhi et de CRC au coude à coude dans les bureaux de vote de l’école « fraternité ». Djamal de la formation de Houmed Msaidié, qui avait flairé une tentative de bourrage, était remonté contre le président du bureau. S’en est ensuivie une bataille qui a nécessité l’intervention des forces de l’ordre pour ramener le calme » selon Housseine, un enseignant d’anglais.
« Il semblerait également que dans la soirée du scrutin les sondages réalisés à la sortie des urnes donnaient largement vainqueur le candidat Soibaha du parti orange dans le Ngwengwé et le Nyuma Ngama. Malheureusement, la bagarre pour le pouvoir pendant ces élections s’est muée en de violentes échauffourées qui opposèrent les « orangistes » aux «cercéistes » dans ces localités où Soibaha a été battu et les urnes bourrées sous l’œil et le quadrillage de milices du régime ».
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