Interview : Abdallah Chadya Hamadi : « Des équipes spécialisées suivent les cas à domicile ».
Comment est gérée la pandémie de la covid-19 à Ngazidja ? Abdallah Chadya Hamadi, responsable du sous-comité communication au niveau de la cellule insulaire de Ngazidja de lutte contre la Covid19 nous en parle. Propos recueillis par Natidja Hamidou
Masiwa – Comment évolue la maladie à Ngazidja ?
Abdallah Chadya Hamadi – La situation évolue positivement. Nous constatons une réduction des décès et cela est rendu possible par les mesures imposées par le chef de l’État, notamment l’interdiction des rassemblements, le port de masque obligatoire et la fermeture des écoles et certains lieux publics. Grâce aussi à la sensibilisation et à la disponibilité des tests rapides, plusieurs personnes ont compris que rester à la maison avec les symptômes ne sert à rien, bien au contraire : ça contribue à empirer leur cas. Nous avons remarqué une diminution des décès dans les centres de prise en charge des malades de la covid parce que les patients sont pris en charge tôt. Les derniers chiffres à Ngazidja sont encourageants. À titre d’exemple, la Direction régionale de la Santé a enregistré 16 décès du 1er au 7février, contre 6 décès du 08 au 11 février. Nous remarquons une amélioration progressive grâce aux renforcements des mesures de sensibilisation et le suivi des cas à domicile.
Masiwa – Est-ce que les statistiques prennent en compte le nombre de morts à la maison ?
A.C.H. – Oui, les statistiques tiennent compte des décès à domicile à condition que ceux-ci soient connus et enregistrés. L’idéal c’est que dès qu’il y a un décès à domicile, les familles ou les comités villageois alertent les unités de dépistage pour que le corps soit dépisté avant le lavage. S’il s’avère que le cas a été testé positif, c’est aux agents de santé communautaire ou du croissant rouge, formés pour ce type de lavage qui viennent à domicile pour un enterrement digne et sécurisé. Ceci sert aussi à protéger les membres de la famille en cas de résultat positif et permet au corps de bénéficier du lavage spécifique covid. Certaines personnes symptomatiques préfèrent se cacher à domicile et avoir recours à l’automédication que de se rendre à l’hôpital soit par honte ou par peur des centres de santé. Ce tabou doit être brisé et les gens doivent comprendre que c’est un virus qui infecte tout le monde et que cela ne sert à rien d’avoir peur. Bien au contraire, c’est en se rendant à l’hôpital qu’on arrivera à se protéger et à protéger son entourage.
Masiwa – Comment se déroulent la sensibilisation et la prévention à Ngazidja ?
A.C.H. – La sensibilisation se déroule par différents volets, différents supports de communications. D’abord à travers les médias et les réseaux sociaux, des affiches, spots et des illustrations, mais aussi à travers les sensibilisations dans les localités. Aujourd’hui nous assistons à des témoignages d’anciens patients de Samba guéris qui expliquent la bonne prise en charge dans ce centre afin de casser les jugements péjoratifs que certains, qui n’y ont jamais mis les pieds, lui attribuent et attribuent aux médecins. C’est pourquoi l’accent est mis sur le dépistage aux moindres symptômes ou en cas de contact direct avec un malade. Une fois testée positive, la personne est prise en charge au moment opportun. Certains choisissent de rester dans des cliniques privées ou à la maison et ce n’est qu’après aggravation de la maladie qu’ils acceptent d’être transférés à Samba au moment où leur chance de guérir se réduit. Pour le volet prise en charge, des équipes spécialisées suivent les cas à domicile pour voir comment évolue leur santé, mais aussi les cas contacts. D’autres équipes, conduites par le Croissant rouge, en partenariat avec le Gouvernorat de Ngazidja, ont commencé depuis la semaine dernière, à sillonner les différentes localités de Ngazidja pour la prise en charge à domicile des sujets âgés qui sont les plus vulnérables face à cette pandémie. Il s’agit de les faire dépister et de suivre leurs différentes pathologies, leur donner des traitements si c’est nécessaire pour réduire les risques d’infection surtout ceux atteints de maladies chroniques comme le diabète, l’asthme et l’hypertension artérielle.
Masiwa – Quels sont les moyens déployés pour aider les communes de Ngazidja à faire face à cette pandémie ?
A.C.H. – La Gouverneure de Ngazidja, Sitti Farouata Mhoudine, a toujours impliqué les mairies dans le processus de développement de l’île. Elles sont toujours présentes dans toute action menée par le Gouvernorat pour qu’elles assurent le relais dans leurs communes respectives. Par exemple lors de la distribution des véhicules et des équipements octroyés par le projet COMPASS aux sept districts sanitaires de l’île. Les maires étaient toujours là pour veiller à la bonne gestion de ces équipements. L’exemple le plus concret aussi c’est la gestion du coronavirus dans la commune de Moroni notamment les actions menées par MAC 19 pour le dépistage de masse au foyer CCLB, du nettoyage des marchés, etc.
Masiwa – Existe-t-il un autre endroit que Samba pour se soigner ?
A.C.H. – Il existe trois grands centres spéciaux, dotés des outils nécessaires pour prendre en charge les cas covid dans les trois îles, Samba à Ngazidja, Bambao Mtsanga à Ndzouani et le CHRI de Mohéli. Toutefois, si Samba est saturé, ce qui n’est pas le cas en ce moment, le malade peut être hospitalisé aux urgences à Elmaarouf ou dans les centres de santé de district si le cas n’est pas grave. D’autres patients ne présentant pas de symptômes graves, ce sont les plus nombreux, sont isolés et suivis à domicile par des équipes spéciales si les conditions de l’isolement sont remplies. Des négociations sont en cours avec la localité de Ntsaoueni (nord de Ngazidja) afin d’accueillir les cas positifs, mais ne présentant pas de signes graves de la maladie, au poste de santé de ladite localité.
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