Le président Azali Assumani s’est adressé à la nation le lundi 16 mars. Il a fait un discours sur la menace sanitaire du covid19. Il a dévoilé toute une batterie de mesures afin de contenir la propagation du coronavirus qui n’aurait pas encore touché l’Union de Comores. Comment le chef de l’État prépare le pays à affronter cet ennemi interne, invisible impossible à identifier ? Par HACHIM MOHAMED
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Parmi les interdictions, les festivités liées au mariage seront suspendues. Les personnes présentes aux cérémonies de conclusions de mariage, le « nikah », ne doivent pas dépasser 20 Personnes.
Les funérailles seront strictement réservées aux membres de familles et aux habitants du village concerné. Les commémorations annuelles sont suspendues. Les autres rassemblements, les campagnes électorales, les meetings, les concerts les animations sont interdites jusqu’à nouvel ordre. Les mesures de mise quarantaine restent en vigueur et seront renforcés pour tous les voyageurs en provenance de pays touchés par la pandémie et considérés comme pays à risque. Il est mis en place un comité de scientifique pour conduire la prévention et la lutte contre le coronavirus.
Une batterie de mesures
Le chef de l’État s’est adressé à son peuple comme si la terrible maladie était déjà là et qu’il fallait envoyer à l’hôpital les cas suspects pour subir une batterie de tests et d’examens médicaux approfondis !
Du côté gouvernemental, il n’est pas facile de veiller au respect des valeurs et des lois fondamentales de la République et à la sécurité des citoyens. Ceux-ci se demandent comment cela va se passer, la manière de veiller au respect et à l’application de la loi, plus précisément de la circulaire du ministère de l’Intérieur issue des instructions du chef de l’État.
Si aux yeux de nos compatriotes la batterie de mesures du président Azali Assoumani présente un danger, c’est pour la simple et la bonne raison que les Comores ne sont pas un pays où les politiques sont portés sur la poursuite du débat public qui constitue pour les esprits bien préparés le meilleur rempart contre les écueils à éviter en matière de décision.
Des interrogations après le discours et la circulaire
Sincèrement qui peut empêcher un compatriote qui veut assister aux funérailles d’un parent de son ami s’il décide d’y aller ? Qui peut croire qu’un « nikah » peut ne ressembler que 20 personnes pour nos familles ?
De quelle campagne électorale parle le chef de l’État dans l’une des mesures ?
Qui peut comprendre AZALI quand il avance dans son discours qu’un comité scientifique est mis en place pour conduire la prévention et la lutte contre le coronavirus, sans même accompagner des ressources à allouer à la structure comme la Cote d’Ivoire qui a mis sur la table 4 milliards pour juguler la menace sanitaire ?
Justement qui en éminence grise à Beit-Salam entoure pour ses consultations étendues le président ?
Autant dire que le discours du Chef de l’État se heurte pratiquement à de fortes pesanteurs sociologiques et à des stéréotypes persistants notamment pour un pays d’un conservatisme qui n’a pas son pareil au monde.
Fort de tous de ces « évaluations » des mesures d’Azali, nous arrivons à la conclusion qu’en lieu et place de livrer un plan national de prévention des risques pour la santé liés à la chaine de transmission du covid19, il n’y avait que de la fumée sèche et des mots creux. C’est vrai que c’est comme si le gouvernement attend que covid 19 nous fasse très mal avec un ou deux cas dans les contaminations pour prendre la mesure du danger comme l’a laissé entendre Said Mohamed Youssouf, activiste proche du gouvernement.
Une population qui n’a pas le savon et l’eau
« Nous sommes d’un pays où les médecins ne sont ni à la hauteur, ni ne disposent de moyens de traiter de simples maladies. L’État devrait entrer en négociation de prise en charge de nos « éventuels malades ». Vous devez au moins faire en sorte que les autorités sanitaires établissent un plan stratégique. Ensuite, vous devrez recenser tous les médecins qui travaillent sur les maladies contagieuses et les responsabiliser chacun une région spécifique en plus d’associer les maires et les préfets qui doivent les appuyer dans la sensibilisation. Malheureusement, vous êtes là en train de voir si l’OMS va débourser un fond pour que vous continuiez les séminaires, les ateliers et les danses » écrit-il.
Sous ce rapport, par sa capacité à secouer les pesanteurs de la croyance et les certitudes figées, un autre compatriote est allé plus loin.
« Comment le président se paie le luxe de donner le la pour le covid19 à une population qui n’a pas le savon et l’eau pour se laver, n’en parlons des masques pour se protéger. On sent qu’il parle sans croire en ce qu’il dit. Quand il reprend les estimations de l’OMS qui font état du nombre de cas, nombre de décès, nombre de pays qui vont malheureusement augmenter » s’est interrogé Said Yassine Said Ahmed qui n’a pas manqué dans la foulée de s’arrêter sur un passage suicidaire du discours du Président.
« Comment Azali peut dire qu’aucun pays, aucun peuple ne peuvent survivre en se repliant sur eux-mêmes et en fermant ses frontières ? S’est-il une fois demandé pourquoi la structure de notre économie dépend entièrement de nos importations ? A quoi sert le ministère de la production de ce pays souffrant. Autant dire que c’est maintenant que laisse présager les conséquences de l’absence de la politique agraire en Union des Comores », a-t-il commenté.
Avec l’arrêté conjoint du ministre de la Santé et celui des transports maritimes et aériens du 19 mars dans lequel on apprend que la circulation aérienne est suspendu jusqu’à nouvel ordre, l’entrée sur le territoire national, les voyageurs en provenance de tous les pays ayant déclaré plus de dix cas de coronavirus, la sortie du tunnel du covid19 va de t-elle montrer le bout de son nez ?
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