Le 25 mai 2021, la Tche-za school ouvrira ses portes. Ecole de danse hip hop, des Comores et d’ailleurs, elle est l’apogée (certainement l’une des premières) du travail de la compagnie de danse Tche-za qui depuis quelques années se démarque tant sur la scène nationale qu’internationale. Par Nawal Msaidié
En 2014, à son retour du Sénégal, Salim Mze Hamadi Moissi alias Seush, praticien et professionnel de la danse hip hop crée la compagnie de danse Tche za. Son mot d’ordre est la professionnalisation de cet art qui, comme il le définit si bien, exige beaucoup de rigueur. Pour ce faire, il crée une structure qui lui permet de former et de créer des spectacles de danses uniques.
Un « produit artistique des Comores ».
Quelques mois après son retour, la compagnie composée alors de sept danseurs présente sa toute première création Wutama Hip Hop. Pour répondre aux formats et coûts internationaux, la deuxième création n’est que pour quatre danseurs, une audition en interne s’opère, Mohamed, Oirdine, Abdel et Chris sont retenus. L’ascension de la compagnie est fulgurante.
Rappelons quelques dates clés :
– 2014 : création de Wutama hip hop
– 2015 : création de Soyons fous
– 2016 : participation au Festival Hip Hop Évolution à Mayotte, un déclic pour la compagnie qui est remarquée par des compagnies de France et d’ailleurs. Elle monte un projet d’éducation artistique : une lecture dansée à partir de l’œuvre du regretté Salim Hatubou, un hommage lui ai rendu au Salon du livre des Comores. Enfin, les prémices de leur collaboration à la série Chababi Project, en tant qu’acteurs et danseurs, portée par l’association Women act project (WAN) dont le premier épisode est diffusé sur Mayotte 1re en 2018.
2018 : participation à différents festivals organisés dans l’Océan Indien, Total danse à la Réunion, Sogam à Maurice et Mitsaka à Madagascar.
– 2019 : participation à Suresnes cités danse
– 2020 : présentation de la création Massiwa pour le Suresnes cités danse, et KreuZ au Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa).
– 2021 : Diffusion du spectacle Massiwa sur la chaîne Culturebox en prime time.
Une fierté et un honneur
La compagnie était aussi programmée à la biennale de la danse en Afrique à Marrakech et à l’Opéra Bastille à Paris en janvier 2021.
Tche-Za exporte le made in Comores à travers le monde, car dans ses créations les pas de hip hop sont suivis par des pas de danses traditionnelles, rythmées par des chants de sambe, de wadah, de biyaya, costumés par des ikoyi ou encore des kofia. Selon Salim Mze Hamadi Moissi, la culture va constamment au-delà des frontières. En diffusant ses spectacles à travers le monde, il espère qu’un jour « un danseur australien, par exemple, s’inspirera des danses comoriennes dans ses créations ». Cela serait pour lui un motif de fierté et un honneur.
Tche-Za est aujourd’hui une entreprise bien installée avec ses artistes, son service administratif tenu par Youssouf Abdoul-Madjid et Aurélie Honoré et son tout nouveau chargé de communication Nizar. Depuis peu, la compagnie s’ouvre vers de nouveaux horizons pour donner la possibilité à un public varié d’accéder à son art mais surtout de professionnaliser le monde de la danse : deux jeunes filles, Amina et Saila, ont rejoint « la famille Tcheza ». L’étape suivante est donc devenue évidente, l’ouverture d’une école pour continuer le travail de formation, de valorisation et de sensibilisation à la danse.
Un lieu de formation, de diffusion et de création.
“J’ai choisi d’ouvrir une école pour répondre à un besoin croissant de formation en danse, à nos débuts il était nécessaire de former les personnes que je voulais intégrer dans la troupe avant de pouvoir créer et proposer des spectacles. Deuxièmement, la politique de Tcheza depuis sa création est d’œuvrer à la professionnalisation de la danse. Nous souhaitons aussi offrir des perspectives aux jeunes qui veulent vivre de leur art, qui veulent vivre de la danse, car ils sont nombreux et nombreuses ».
Trois prestations sont proposées à la Tcheza School autour de danses diverses et variées (Hip hop, Afro dance, danses de salon, danse contemporaine, danses traditionnelles) :
- Des activités de sensibilisation pour les amateurs, des passionnés, des personnes voulant exercer une activité sportive ;
- Activités extrascolaires et lecture dansée : des activités d’éveilà la danse dès l’âge de 4 ans jusqu’à l’élaboration de projets pédagogiques avec les plus âgés pour les écoles intéressées par un partenariat. Cela permettra à « l’élève de développer une confiance en soi, de s’ouvrir sur le monde, et voire même de faire naître en lui une fibre artistique » en « interprétant les textes corporellement ».
- La formation professionnelle, l’activité phare de l’établissement, une formation de « deux ans destinée à 10 danseurs et danseuses sélectionnés sur toute l’archipel. Ils bénéficieront d’une formation académique dispensée par des professeurs locaux pour la partie afro dance et danses traditionnelles comoriennes mais aussi par des professeurs exerçant à l’école Anthony Egéa à Bordeaux pour le jazz, le classique et le contemporain. L’objectif est qu’à la fin de la formation, il y ait la possibilité de recruter des danseuses pour les créations de spectacles ou encore pour devenir professeurs de danse ».
Pour en savoir plus, vous pourrez vous rendre aux portes ouvertes organisées du 25 mai au 8 juin.
Le nombre de lieux culturels est encore trop limité sur nos îles. L’ouverture de cette école de danse donne de nouvelles perspectives pour le développement du spectacle vivant. L’accent est mis sur la transmission, fondation de la définition de la culture : transmettre la passion et la rigueur d’un art, transmettre des danses du monde et de chez nous afin que peut être un jour la danse comorienne, celle véhiculée par Tché Za et par d’autres, puissent aussi devenir une danse référence dans le monde. Qui sait ?