Après son premier roman « la quatrième vérité », un thriller psychologique, sur l’amour, la justice et les retrouvailles, publié en 2016 aux éditions l’Harmattan, Ahmed Toiouil s’essaie cette fois sur un nouveau genre littéraire, le film amateur. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce premier projet a été mené de bout en bout avec brio. Fascinant ! FAISSOILI Abdou
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
« Tsendohisatwamaya=J’ai failli perdre espoir », est une vraie réussite. De la prise des images et du son, aux choix des chansons qui accompagnent le film en fond sonore, tout est maitrisé. Un peu plus d’une heure et demie de plaisir, mêlant rires et larmes. Mis en ligne sur Youtube le 5 juillet dernier, le film totalise 10126 vues, six jours plus tard. Une fiction qui s’approche de la réalité. Un film magnifiquement interprété par de jeunes étudiants qui ont assuré du début à la fin. « Étant romancier, j’ai toujours eu l’idée de réaliser et produire des films. Et pour ce projet en particulier, j’avais un roman que je n’ai pas souhaité publier et dont l’intrigue me tenait particulièrement à cœur. J’ai donc décidé de m’en inspirer pour écrire le scénario. J’en ai parlé à certains amis -qui sont devenus plus tard mes acteurs – qui ont trouvé le projet intéressant. Et nous avons décidé de le faire », explique fièrement Ahmed Toiouil, le réalisateur. Le résultat est tout simplement épatant !
Mshondje, Moina Hindru et les autres.
Le film s’ouvre sur l’arrivée à l’improviste au royaume chérifien de Moina Hindru, une charmante jeune fille. Cette « bleue » (nouvelle arrivée) titulaire d’une licence obtenue à l’île de La Réunion ne tarde pas à bouleverser les cœurs des jeunes garçons « éperdument » amoureux, qui cherchent tous à la séduire. Chacun veut tenter sa chance. Chacun s’imagine les stratagèmes pour pouvoir la conquérir. Elle leur met tous des « râteaux ». Même si elle se laisse épisodiquement entrainer dans un jeu de séduction avec l’un ou l’autre, elle finit par les envoyer balader.
Moina Huri, qui souffre d’une insuffisance rénale est régulièrement sujet à des crises lors desquelles elle s’évanouit, perd connaissance. Elle enchaine les séances d’hémodialyse en attendant de bénéficier d’une transplantation rénale. La jeune fille convaincue qu’elle risque de perdre la vie d’un moment à l’autre semble avoir engagé une course contre la montre pour pouvoir laisser une trace dans ce bas monde.
De l’autre côté, nous avons Mshondje, orphelin de père. Lui et son frère, tous les deux étudiants au Maroc, sont sous la responsabilité d’une pauvre mère contrainte de financer leurs études au Maroc. Soucieux de l’avenir de sa famille, Mshondje s’investit à fond lorsque deux filles du groupe émettent l’idée de se cotiser pour mettre en place aux Comores un grand projet qui saura leur donner du travail et ainsi gagner leurs vies.
« Ce pays ne changera jamais »
La scène se déroule dans une ville universitaire du Maroc où, entre études et galères, une bande d’étudiants comoriens s’interrogent régulièrement sur leur avenir et celui de leur pays, les Comores, qui semble de plus en plus désorienté, décourageant même les plus téméraires. « Ce pays ne changera jamais », lance un des acteurs. Alors que certains nourrissent un pessimisme sans borne par rapport à l’avenir de l’archipel, d’autres, plus ambitieux, ne se découragent pas. Ils savent qu’ils ont des cartes en main pour renverser la tendance. Loin du pessimisme ambiant, ils réfléchissent sur la manière de pouvoir mutualiser leurs moyens afin de bâtir un projet solide et pérenne. Ces jeunes pleins de rêves fourmillent d’idées dans leurs têtes. Il reste à pouvoir les réaliser. Après plusieurs mois de réflexions, ils arriveront à se cotiser grâce à des fonds provenant de la vente de terrains familiaux au pays afin de pouvoir acquérir le matériel nécessaire à leur projet. Un hic, le port de Moroni s’avère trop petit pour accueillir le gros porte-container qui doit convoyer le matériel sur place. La petite équipe réfléchit sur les moyens de contourner cet écueil.
« Il fallait peindre l’espoir »
Pendant ce temps, Moina Hindru est victime d’une énième crise, celle qui semble être la dernière. Et c’est sur ces entrefaites que Mshondje, victime d’une noyade en mer meurt subitement. Arrivé en état de mort cérébral, les médecins réussissent à lui prélever un rein pour la transplantation de Moina Hindru. Ce décès sauve Moina Hindru. Elle se relève de son lit d’hôpital et perd à la mer.
Le film se termine sur deux évènements douloureux. Les autres membres cherchent une solution pour arriver au bout de leur projet. On ne sait pas s’ils réussiront ou pas. « L’idée du film est tout simplement de peindre un espoir quelque part. Il a fallu d’abord accepter la réalité du désespoir qui nous dévore, cette réalité-là qu’on a du mal à assumer. On est né dans un pays où il faut toujours donner l’image de quelqu’un qui réussit. De faire semblant que tout va bien. Dans un pays où il faut se comparer aux autres « Ye mabanamdru », entrer en compétition. L’idée était de briser ce masque, montrer qu’on est tous désespérés, qu’on n’a pas réussi et qu’il faut qu’on se réveille et qu’on avance ensemble. En se complétant et non en se comparant et en entrant en compétition pour montrer qu’on vit mieux plus que tel autre. En bref, il fallait peindre l’espoir, le rêve et l’unité », explique Ahmed Toiouil, réalisateur du film, qui est lui-même ancien étudiant au Maroc. « L’histoire est construite autour de l’amour et du patriotisme», ajoute ce natif de M’beni, actuellement doctorant en droit des affaires à l’Université de Reims.
Selon le réalisateur, ce film magnifique en langue comorienne et sous-titré en français sera projeté durant deux mois à l’Alliance française. Un film à voir absolument !
[/ihc-hide-content]