L’économie du pays pâtit d’un déficit de financement chronique. La Banque Centrale des Comores, soutenue par la Banque Mondiale a organisé un séminaire de restitution sur l’«Optimisation du financement de l’économie en Union des Comores» au Rétaj. Le diagnostic est établi et 3 solutions préconisées.
Par BAKARI Idjabou Mboreha
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Mercredi, la cérémonie de restitution des travaux menés par 5 consultants dont 4 sectoriels a eu lieu au Rétaj, en présence du chef de l’État, des pays «amis» et «frères» partenaires au développement, des opérateurs économiques, de la société civile et de nombreuses personnalités. Des travaux présentés comme «inclusifs, participatifs, réunissant le secteur privé, la justice, les établissements financiers et la diaspora» précise Fahar-eldine Mohamed Soilihi.
Financement, « une épineuse question »
La mobilisation de toutes les parties prenantes s’impose étant donné que «les solutions palliatives (…) ont montré leur limite» explique le ministre des finances, Said Ali Said Chayhane, en ouverture du séminaire. En effet, Tous les intervenants, qu’ils soient dans le documentaire de 14mn projeté avant la présentation du gouverneur de la banque centrale ou lors de la cérémonie, reconnaissent un fait indéniable. Le financement de l’économie est une «épineuse question». Dès lors, il convient de le «comprendre et de proposer des solutions aux problèmes liés au financement par les banques de l’économie comorienne à travers un secteur privé structuré et structurant, capable de porter un développement durable» soutient le ministre.
Une situation atypique
La situation est atypique. Malgré 28 Milliards d’excédent en liquidité, «qui dorment dans les banques» souligne le président, les 11 institutions financières et ses 120 agences (1 agence pour 7000 habitants), qui enregistrent un taux de bancarisation de 22,2%, soit à peine plus que Madagascar (18%) et loin derrière Maurice (90%) et la Tanzanie (47%), rechignent à accorder des lignes de crédit aux entreprises et aux ménages. Elles craignent d’augmenter encore les 25% de créances douteuses, soit 17 milliards, de fragiliser davantage les banques avec les garanties non mobilisables, surtout dans un pays où l’incertitude juridique pèse lourdement sur le climat des affaires.
Pourtant, le secteur privé et les ménages éprouvent des difficultés à accéder et à rembourser des crédits, dont le taux est de plus en plus élevé, entre 7 et 14%, parfois peut atteindre 21%, alors qu’il tourne entre 7 et 8% au sein du Comesa. Ce qui peut expliquer que des demandes de prêt soient insatisfaites «pour les jeunes entrepreneurs sans garantie et pour le secteur productif en général» précise Ben Imane. «L’absence d’accompagnement des entreprises par les banques» est un handicap supplémentaire. Les institutions financières allouent 87,65% de prêts au secteur tertiaire, principalement le commerce, 11,53% au secondaire et seulement 1% au primaire.
Les 3 solutions préconisées
Pour inverser la tendance, « 3 types de recommandations» ont été formulées. Pour les créances douteuses anciennes, il est préconisé une négociation à l’amiable, avec médiation de la BCC, une «titrisation des créances», la possibilité de les racheter par un organisme public ou privé et leurs «recouvrement par un pouvoir extra-judiciaire , dans un délai d’un an ».
Pour prévenir de telle dérive, valider les états financiers par un expert comptable et le recours à une agence de notation, disposer d’un tribunal de commerce avec force exécutoire et bénéficier d’un fonds de garantie réservé à des «activités économiquement prioritaires» sont privilégiés.
La mobilisation des ressources se situe à deux niveaux. A l’intérieur, la banque centrale doit dynamiser le marché monétaire, une banque publique d’investissement et un fond de garantie et d’accompagnement du secteur privé voir le jour et surtout encourager l’ouverture de comptes bancaires. S’agissant des ressources extérieures, il faut créer les conditions idoines pour capter les 80 milliards de la diaspora (2017), les Fonds d’investissements étrangers et les investissements directs.
Pour plus de crédits aux secteurs prioritaires et moins de risques des mécanismes d’accompagnement et de suivi doivent être mis en place et des taux préférentiels pour certains stratégiques.
Alors que le ministre des finances a salué des partenaires au développement «amis», citant la Banque Mondiale, l’AFD, l’UE et la JICA et des «amis» et «frères», «les émiratis, les saoudiens et les chinois», le président Azali a insisté sur le soutien des saoudiens, avant de rappeler que la libéralisation des banques a eu lieu en 2004 et répétant à l’envie que «le développement dépendra d’un secteur privé fort et un secteur bancaire dynamique». Il partage les recommandations retenues et donne rendez-vous prochainement pour mieux en débattre. Car déclare-t-il, «je ne fais que partir en congé».
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