Les épreuves du baccalauréat session 2020-2021 se sont déroulées du dimanche 12 au mercredi 15 septembre. Ce rendez-vous annuel est toujours attendu avec impatience lorsqu’arrive la fin de l’année scolaire. Comme chaque année, on relève les différents incidents dont certains sont devenus une coutume. Ces contraintes sévissent depuis plusieurs années et décrédibilisent le diplôme. Par Salec Halidi Ibrahim
Pour cette année, la fraude a encore été massive, nous témoigne Mohamed Ali Abdallah, proviseur du Lycée Saïd Mohamed Cheikh et responsable du centre pour le baccalauréat et du BEPC au niveau de Ngazidja. D’autres responsables de l’enseignement secondaire requérant l’anonymat laissent entendre que les dispositions prises par le ministre de l’Éducation nationale n’ont pas été efficaces. Djaanfar Salim Allaoui, fraichement nommé ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, à quelques semaines des examens, avait fait publier une note pourtant prometteuse. Celle-ci interdisait aux candidats toute possession d’un appareil numérique durant le déroulement des épreuves. L’usage de ces appareils pour frauder aux examens est devenu courant, mais aussi la détention des épreuves déjà traitées par certains candidats, vient s’ajouter dans cette mauvaise gestion du déroulement du baccalauréat. Face à cette situation désastreuse, le ministre chargé de l’Éducation s’est entremêlé dans ses mots en essayant d’atténuer les effets de cette gestion catastrophique.
Le ministre Djaanfar Salim Allaoui se dédouane
« Je me suis rendu compte que tout est en place et tout fonctionne à merveille. Le communiqué a été bien appliqué, du moins sur les sites que j’ai eu à visiter. On a même appréhendé des cas présumés de fraudes. On les a transmis à la gendarmerie pour les enquêtes d’usage », a soutenu Djaanfar Salim Allaoui dans les colonnes de l’Al-Watwan du 15 septembre, date de la clôture des épreuves écrites. En effet, nous apprenons qu’une dizaine de candidats ont été traduits devant un juge durant la matinée du samedi 18 septembre dernier. Un aveu d’échec se lit dans l’affirmation du ministre puisqu’il justifie une sécurisation uniquement dans les quelques centres où il a eu à visiter. Mais l’affaire de la traduction en justice de certains candidats, accusés de fraudes est remarquable, puisqu’aucune loi pénale aux Comores ne sanctionne la fraude aux examens. Les juristes que nous avons interrogés demandent plutôt une sanction disciplinaire. Les médias sociaux et les amateurs de diffusion d’informations sur le net ont effectivement rapporté plusieurs faits avérés concernant un réseau de candidats fraudeurs.
Une fraude massive en bande organisée
La fraude a été massive et généralisée. Dans plusieurs centres et sous-centres, les exclusions des élèves fraudeurs ont été nombreuses. Certains détenaient des sujets déjà corrigées. Une situation fâcheuse pour Djaanfar Salim Allaoui, dans la mesure où ces épreuves corrigées sont retrouvées dans trois téléphones portables de candidats et dans des centres différents, dont le Lycée de la capitale, souligne le proviseur Mohamed Ali Abdallah. Il ajoute que « ces trois élèves ont pu introduire leurs téléphones dans les salles d’examens et on fait fuiter certaines épreuves via des groupes whats’app et Facebook », d’où la fuite sur les réseaux sociaux. Le proviseur refuse qu’on parle de fuite de sujets, car ces derniers ont été connus par le public uniquement lorsque chaque épreuve respective était terminée.
Renvoie des fraudeurs devant un juge à Ngazidja, annulation de l’épreuve pour toute une salle d’examen à Ndzuani
De Ngazidja a Mwali, le ministre a fait le tour des îles et il s’est rendu dans deux centres d’examen de l’île de Ndzuani le mardi 14 septembre, plus précisément au lycée de Mutsamudu et de celui de Domoni. Il a décidé d’annuler les examens pour toute une classe au centre de Liwara dans le Nyumakele. Mais, l’annulation ne pénalise pas une fraude que le ministre a répertoriée dans son dispositif de sécurisation. Il s’agissait d’une usurpation d’identité de deux élèves. Un recours frauduleux et connu dans le monde de la tricherie aux examens et aux concours nationaux depuis plusieurs années et dont le nouveau patron de l’Éducation nationale n’a pas pu anticiper. Est-ce de l’amateurisme pour celui qui fut ministre de l’Intérieur durant sept années dans le gouvernement scissionniste de Mohamed Bacar ?
En effet, deux étudiants de l’Université des Comores ont été surpris dans une salle de classe dans le centre de Liwara dans le Nyumakele. Ces deux derniers passaient les épreuves du baccalauréat à la place de membres de leur famille. Une affaire exceptionnelle puisque chaque candidat doit être inscrit sur une liste, présenter une pièce d’identité nationale et se munir d’une carte spécifique à l’examen pour pouvoir avoir l’accès à une salle de classe. Si ces étudiants ont pu franchir toutes ces étapes sans être découverts dès la première tentative, c’est qu’une aide leur était fournie. Nous apprenons que tous les candidats seraient pénalisés pour association à la fraude, car ils n’ont pas dénoncé, mais au contraire, ils auraient profité du niveau universitaire de ces étudiants afin de frauder aux épreuves.
Les épreuves écrites terminées, celles des activités sportives vont bientôt commencer.