La réussite de la grève des commerçants et opérateurs économiques du 27 au 29 janvier a procuré une immense joie à beaucoup de gens aux Comores, mais surtout aux organisateurs. Ceux-ci expriment leur joie par des félicitations à l’ensemble des six organisations au début d’un document paru dès le 29 janvier, à la fin du mouvement social. Ce document intitulé « Résolution du Collectif anti-hausse » précise les causes et les objectifs de la grève qui vient de prendre fin et qui a démontré la solidarité des commerçants. Par Mahmoud Ibrahime
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]
Le document de trois pages comporte également trois parties : d’abord les congratulations, ensuite un rappel des motifs qui ont poussé à la grève et enfin les revendications des opérateurs économiques envers diverses institutions de l’État et en premier lieu la douane.
L’arrogance et le mépris de Direction de la douane
Il n’est pas étonnant que la première cause de la grève mise en avant par les opérateurs économiques, parmi cinq causes, soit le comportement de la direction de la douane : « dénoncer fermement l’arrogance et le mépris dont sont victimes tous les opérateurs économiques de la part de la Direction générale des Douanes ». Les organisations syndicales hésitent à mettre directement en cause le Directeur, mais c’est bien lui, Kamalidine Souef, Directeur général de la douane qui est visé et que les grévistes refusent de rencontrer depuis le début.
D’ailleurs, les opérateurs réaffirment que la grève avait pour objectif d’appeler à un dialogue avec le gouvernement sur les causes réelles de la cherté de la vie. Et c’était aussi pour que ce même gouvernement cesse d’accuser les opérateurs d’être les seuls responsables de la hausse des prix.
Outre la demande d’application des textes en vigueur au lieu du cas par cas, les grévistes demandent et insistent sur le maintien d’un dialogue franc et « multisectoriel » avec le gouvernement.
La hausse des taxes
Dans la dernière partie de son document, le Collectif anti-hausse, entrevoit des solutions qui sont aussi des propositions qui doivent encadrer le dialogue que les organisations syndicales appellent de leurs vœux.
Le collectif dénonce la hausse régulière des coûts du fret et des charges qui y sont liées et demande l’ouverture d’un dialogue avec le ministère des Transports. Il constate la même chose en ce qui concerne les taxes douanières. Dans ce domaine, le ministre des Finances, Saïd Ali Chayhane, avait déjà pris des mesures pour enrayer aussi bien la hausse que l’arbitraire qui règne à la douane. Les grévistes se contentent de prendre acte des solutions déjà envisagées par le ministère des Finances et rappeler qu’ils veulent que la douane cesse de modifier les factures des opérateurs pour pouvoir leur appliquer des taux plus élevés. Ils souhaitent également que la direction des impôts soit associée aux négociations dans ce domaine.
Ils rappellent également deux vieilles revendications du monde économique, à savoir, d’une part l’arrêt de l’exclusion des entreprises locales dans les appels d’offres pour les grands travaux de l’État. D’autre part, ils souhaitent que les grandes organisations syndicales du pays soient consultées au moment de l’élaboration de la loi de finances.
Un statut pour les entreprenants
Les grévistes demandent aussi la mise en place d’un cadre de discussion pour la création d’un statut d’entreprenant pour les petits vendeurs ambulants des marchés de la capitale. Ils écrivent sur ce point 6 : « Le statut « d’entreprenant » indispensable pour sécuriser les vendeurs ambulants (Ma Brouette) et les vendeurs du marché est de nature à réguler la situation de désordre et de laisser-aller sur les différents grands marchés de la ville ». C’est sans doute la première fois que le statut des vendeurs ambulants à Moroni sera évoqué par les autorités, si toutefois la demande de dialogue est acceptée par le gouvernement.
Les pharmaciens ayant intégré le mouvement dès le lundi, un paragraphe est réservé à leur sort et à leur revendication de l’ouverture de négociations avec le ministère de la Santé.
Un début pour la négociation ?
Les trois jours de grève sont considérés par les grévistes et l’opinion publique comme une réelle victoire. Les syndicats qui ont mené la bataille se considèrent comme légitimes pour continuer le combat par la négociation avec le gouvernement et les propositions faites à l’issue du mouvement devraient permettre d’entamer les discussions.
Mais que dire des organisations qui s’étaient retirés du mouvement ou qui avaient appelé à ne pas se mettre en grève. Ont-elles encore une légitimité pour discuter au nom de ceux qui ne les ont pas écoutés et ont rejeté leurs demandes ?
Usukani wa Masiwa s’était retiré du collectif et les transporteurs avaient suivi son mot d’ordre de ne pas manifester, après des négociations avec le gouvernement. Le puissant syndicat des chauffeurs appelle à débuter une grève dès ce lundi, après avoir constaté que ses revendications n’ont pas été respectées.
Le deuxième syndicat des patrons, le MODEC a été désavoué par les opérateurs économiques, va-t-elle s’intégrer dans les discussions demandées par son concurrent La Nouvelle OPACO et ses partenaires du Collectif anti-hausse ?
Quant à la Chambre de commerce (UCCIA), elle avait aussi suivi les consignes du gouvernement et avait appelé les opérateurs à ne pas faire de grève. Elle a été, elle aussi, complètement désavouée, d’ailleurs le collectif ne reconnait pas sa direction dont le mandat a expiré, mais qui n’a toujours pas prévu de nouvelles élections.
[/ihc-hide-content]