Cela fait des mois que la capitale de Moroni est plongée dans une pénurie d’eau. Il n’y a pas à proprement parler de sécheresse, il pleut abondamment, mais l’eau n’arrive pas jusqu’aux robinets des maisons, à cause du manque d’électricité, notamment.
Par Abdouroihmane Ibrahim
Le problème de l’eau sur la capitale ne date pas d’hier. Chaque année, c’est la même chose. Les habitants de Moroni courent tous les jours à la recherche d’eau et semblent s’y être habitués. Sauf que cette fois, c’est pire. Même courir n’apporte rien. La plupart des habitants ignorent la cause dans la mesure où, le gouvernement comorien reste muet face à crise sans précédent. Il avait promis de trouver une solution. Toutefois, nous en sommes encore loin. Pendant ce temps, la menace de maladies et de déshydratation rôde. L’eau ne parvient pas sur les approvisionnements ménagers et les points d’eau publics.
Face à cette crise, un changement s’impose. Une bouteille d’eau de 1,5 litre doit suffire pour se laver et un bidon de 20 litres pour toute la semaine. Il est important de savoir que le commerce de bidons d’eau est devenu le marché le plus florissant sur Moroni. Et celui qui coutait 250 KMF est monté à 350 KMF. C’est à prendre ou à laisser. Cette pénurie d’eau représente un gros défi pour les habitants de la capitale dans la mesure où, elle les contraint à des dépenses quotidiennes très considérables pour leur survie.
Un gouvernement indifférent face à la crise
Le problème d’eau est un problème qui relève de la responsabilité du gouvernement, pourtant ce dernier semble indifférent à la situation. Et pendant que le peuple de Moroni souffre de cette pénurie d’eau, les membres du gouvernement enchaînent les voyages. « On espère que cela va changer, mais si on compte sur le gouvernement pour que ça se fasse, je ne pense pas que ce changement se fera, car ces gens-là ne pensent qu’à eux. Ils se foutent royalement de ce que nous traversons », confie à Masiwa Abdoulhak Saïd Bacar.
Le 3 octobre 2023, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Ahamada Moussa devait s’exprimer sur la crise de l’électricité et de l’eau. Mais, la conférence s’est centrée sur le problème de l’électricité.
Les causes de cette pénurie d’eau
Jusqu’à maintenant, les responsables de la Sonede (Société nationale d’Exploitation des Eaux) n’ont fourni aucune explication quant aux causes de cette crise qui sévit depuis des mois. Tout laisse croire que l’État n’en a rien à faire.
Selon Abdoulhak Saïd Bacar, dont le père a fait des études de plomberie et d’exploitation des eaux, ce problème est le résultat de la défaillance des installations très anciennes. Les techniciens de la SONEDE devraient faire une révision générale de l’installation ou installer une citerne dans une ville comme Mvuni qui est au-dessus de Moroni et qui serait en mesure d’envoyer de l’eau dans la ville. Toutefois, des rumeurs circulent selon lesquelles, cette pénurie d’eau serait maintenue afin de favoriser le commerce ambulant de l’eau qui s’avère plus rémunérateur que les approvisionnements ménagers et sur les points d’eau publics.
La vente d’eau sur Moroni.
Les habitants sont obligés de s’approvisionner chez les commerçants d’eau. Un marché plus lucratif, car un bidon d’eau de 20 litres qui coutait 250 KMF, coûte désormais 350 KMF. Le commerce d’eau ambulant s’est imposé partout sur la capitale. Les habitants ont recours aux vendeurs comme quand ils appellent la police ou les urgences, parfois on les interpelle quand ils passent dans le quartier comme les TowoRengue », les vendeurs ambulants anjouanais. Au niveau des camions-citernes, les clients qui achètent l’eau, sont obligés de le transporter eux-mêmes. Ce qui permet aux fournisseurs de rester tranquillement dans leurs camions et d’amasser paisiblement les bénéfices journaliers.
Une aide de la mairie de Moroni
Le maire de Moroni, Fatahou Said, a promis de venir en aide à tous les habitants de la capitale en envoyant tous les jours un camion-citerne rempli d’eau dans chaque quartier. Mais, les seuls quartiers qui bénéficient de cet aide restent Mtsangani et Badjanani. Après quelques jours sur place Mtsangani, la citerne mobile est posée à présent à la place Badjanani. Il est ravitaillé chaque jour et munis de bidons ou de seaux, les résidents de ces quartiers enchaînent les queux du matin au soir pour s’approvisionner.
« Le camion qui nous aide dans cette pénurie d’eau n’a pas d’heure fixe. Il peut être ravitaillé le matin tout comme ça peut se faire l’après-midi. Il y a foule. Tout le monde est surexcité et il y a la queue. Le premier arrivé sera servi en premier, ainsi de suite. Et chacun d’eux peut revenir sans limites », confie à Masiwa un résidant de Mtsangani.