Djounaid à la SONELEC : à qui profite le crime ?
Rien ne va. Aucune société d’État ne sort son épingle du jeu. L’incompétence et la gabegie sont les nouveaux principes caractérisant la gestion de la chose commune par les lieutenants d’Azali, ou devrais-je plutôt dire, les lieutenants du fils héritier.
Par Khaled Simba
Et dans cette galaxie, le directeur de la SONELEC incarne l’image de tout ce que le gouvernement actuel a de plus sombre. Laissant le peuple comorien dans l’obscurité et la frustration, il se pavane toute honte bue, d’un bout à l’autre de l’archipel au bras de Nour El Fath Azali, faisant campagne pour le père. Mais ce qui étonne, c’est sa longévité à la direction de la SONELEC, malgré des résultats catastrophiques et une gestion calamiteuse.
L’électricité, un besoin fondamental pour le confort moderne et le développement socio-économique, demeure un luxe pour de nombreux Comoriens en 2023. Lire, manger ou suivre un match de foot, des activités simples du quotidien, sont encore un véritable calvaire pour beaucoup de nos compatriotes. L’homme en grande partie responsable de cette crise est Soilihi Mohamed Djounaid, actuellement à la tête de la SONELEC, l’entreprise publique d’électricité. Son rôle en tant que directeur de la SONELEC ne porte pas ses fruits, laissant le peuple comorien plongé dans l’obscurité et la frustration. Le gouffre semble tellement immense que l’on se demande si ce « premier de cordée » qui nous a été désigné fait avancer le schmilblick ou contribue à anéantir tout espoir de voir un jour une stabilité énergétique aux Comores.
La question qui se pose est de savoir si Djounaid, censé être un leader dans la réalisation de l’émergence des Comores en 2030, est véritablement en mesure de relever ce défi. Après trois ans à ce poste, il n’a même pas réussi à assurer un approvisionnement électrique stable dans la capitale et ses environs. Ses stratégies se résument à des révisions coûteuses et à l’achat de nouveaux groupes électrogènes, des mesures inefficaces qui ont contribué à aggraver la situation financière déjà précaire de la Sonolec. Sa gestion a fait passer la dette bancaire de la société de près de 180 millions à plus de 9 milliards en seulement trois ans.
En décembre 2020, Djounaid avait promis de résoudre les problèmes récurrents d’électricité en 90 jours après sa nomination. Malheureusement, au lieu de progrès concrets, ses promesses se sont avérées vaines, laissant les Comoriens à nouveau confrontés à des coupures d’électricité intempestives qui entravent le développement de nos sociétés et perturbent notre quotidien.
Nous n’allons pas dresser la liste de tous les échecs de ce directeur, car les médias les ont largement documentés depuis sa nomination. Notre préoccupation principale est de comprendre pourquoi il demeure en poste malgré un bilan désastreux. Quel soutien mystérieux le protège et le maintient en responsabilité ? La réponse pourrait résider dans le dernier congrès de la CRC, ainsi que dans le rôle qu’il a joué lors des tournées d’Iftar, de la campagne d’adhésion et du financement du congrès. Djounaid est clairement devenu le bras droit de Nour El Fath Azali, le fils héritier, qui semble le protéger coûte que coûte. C’est là la seule explication plausible.
Sinon, comment expliquer qu’un directeur incapable de mener à bien sa mission, qui dilapide les finances de l’entreprise malgré les subventions gouvernementales, demeure en poste ? À qui profite cette situation ?
Cela devient d’autant plus incompréhensible lorsque l’on examine la gestion et le management de Djounaid, depuis longtemps sujette à controverse. L’ancien directeur administratif et financier avait tiré la sonnette d’alarme dans une lettre adressée au secrétaire général du gouvernement, pointant du doigt des décisions de la direction générale qui ne contribuaient pas à améliorer la situation de la société. Des questions subsistent concernant une politique des ressources humaines incontrôlée et une masse salariale en constante augmentation due à des recrutements incessants et des reclassements inexplicables.
Quant aux flux financiers, l’ancien DAF nous a informés qu’il y avait eu des opérations troubles et soigneusement orchestrées, qui ont été documentées de sa part et remontées à la hiérarchie. Cela l’a conduit à quitter son poste pendant plus d’un an – avant d’être remplacé – pour s’éloigner de ce qu’il considérait comme une organisation mafieuse. Sa lettre au SGG de l’époque a suscité un grand émoi pendant un moment avant de tomber dans l’oubli. Pourquoi ? Pour protéger qui ? Je l’ignore. Peut-être qu’un jour une enquête sera ouverte pour éclaircir ces zones d’ombre, mais la proximité entre Nour el Fath Azali et Djounaid soulève des questions.
En fin de compte, les problèmes d’électricité aux Comores vont bien au-delà de simples coupures. Ils reflètent une profonde lacune dans la capacité de nos dirigeants à répondre aux besoins fondamentaux de notre patrie. Djounaid, en tant que figure centrale de cette crise, symbolise les défaillances systémiques du gouvernement en place. Les Comoriens méritent mieux que cela. Ils méritent un accès ininterrompu à l’électricité, car cela constitue la base même de notre développement et de notre bien-être en tant que nation.
Le désespoir grandit parmi nos compatriotes, qui se demandent combien de temps ils devront encore supporter cette situation. Jusqu’à quand permettrons-nous à Djounaid de maintenir sa prise sur une entreprise qui façonne notre quotidien, alors que les résultats se font attendre ? À qui profite cette prolongation inexplicable à la tête de cette entreprise publique ? Il est temps pour notre gouvernement d’Azali de prendre des mesures sérieuses et rapides pour résoudre cette crise énergétique qui perdure.
Trois ans, c’est largement suffisant pour comprendre que l’actuel directeur n’a pas les capacités nécessaires pour redresser la SONELEC. Notre nation mérite mieux. C’est une question d’unité nationale, de fierté comorienne et de responsabilité envers nos concitoyens. Il est temps de mettre fin à cette obscurité qui entrave notre progrès. Nous devons exiger des actions immédiates du clan au pouvoir pour restaurer la lumière dans nos foyers et le dynamisme dans notre nation.
En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.